Wanderer - Cobalt, Scarlet : two colours of dawn
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Médiathèque
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Ce voyageur, c'est cet homme, qui après avoir fait l'inventaire de l'héritage des générations qui l'ont précédé, n'emporte avec lui que le strict nécessaire pour prendre la route vers l'immensité des espaces possibles. Wanderer et Cobalt, Scarlett marquent un tournant dans la carrière de Luca Francesconi. Il est loin le temps du Terzo quartetto ! À l'entrée dans le nouveau millénaire, le compositeur se débarrasse du poids écrasant de la tradition, spécialement celui généré par le sérialisme et ses adorateurs. Après de nombreuses recherches sur le temps, les temps faudrait-il dire, sur le tissu sonore, Luca Francesconi explore ici un mode de langage favorisant la narration. Wanderer consiste en une sorte d'étude préparatoire à l'opéra Ballata, opéra commandé par le Théâtre de la Monnaie et créé en octobre 2002. Les neuf parties de l'oeuvres s'enchaînent de manière continue, évoquant étrangement une forme sonate classique. La première partie de Wanderer joue sur les timbres orchestraux, on y retrouve les notes pivots familières au compositeur et qui amènent ainsi une stabilité mettant en valeur tous les événements sonores constituant les couches périphériques de la trame sonore. Les trois danses qui clôturent l'oeuvre font appel à un intense travail sur le rythme dans son côté sauvage et violent. La coda amène un semblant de repos dans la tessiture aiguë, sans vrai résolution de la tension. Cobalt, Scarlet : two colours of dawn a été composé en 2000, dans la foulée de la création de Wanderer. L'idée de cette pièce repose sur l'impression ressentie par le compositeur face à un lever de soleil en Norvège. Son objectif est d'allier la perception d'ordre émotionnel : la contemplation de l'aurore, à la contrainte technique : l'exploration d'une forme élargie pour grand orchestre. Les deux couleurs permettent aussi un jeu d'opposition entre le statisme des deux premiers mouvements (Cobalt, le bleu de la nuit) et le dynamisme des trois mouvements suivants (Écarlate, La couleur du soleil levant). Le travail sur le matériau sonore, que ce soit au niveau de la thématique ou au niveau de l'orchestration est luxuriant. L'orchestre est poussé vers un déchaînement de sa puissance : une tessiture très large, des vagues sonores très denses, un usage massif des cuivres et des percussions. Le passage de Cobalt à Scarlet est une immense amplification qui prend son origine d'un miroitement stellaire pour aboutir à la vision d'une sphère rouge sang comparée à une idole antique, dans une violence qui évoque plus Moloch qu'Apollon. Cet enregistrement est le passage d'un cap dans la carrière de Luca Francesconi qui enrichit son exploration au cœur de la matière sonore par l'apport de sa sensibilité, de son émotivité. Sa musique accède ainsi à une dimension artistique étendue, celle de la rencontre harmonieuse de la technique et de la psychologie au sens large du terme. Cet épanouissement augure positivement de l'avenir; il ne reste plus qu'à attendre la suite.AG |
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