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Travers-sons

Notre coup de coeur

LUX AETERNA

Quatre planctus anonymes du Codex Las Huelgas
La Messe des défunts grégorienne


Ensemble Witiza
Luis Barban

Cote Médiathèque

AA3017

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Nous avons déjà eu l'occasion de souligner les admirables qualités et la personnalité de l'Ensemble Witiza lors de la publication d'un très beau disque Du grégorien à Pérotin, un des volumes de la prodigieuse Histoire de la Polyphonie, publiée sous le label Arsonor. Ce même ensemble, spécialiste s'il en est des musiques médiévales et de leur interprétation, nous revient aujourd'hui avec un étonnant programme qui associe la Messe Grégorienne des Défunts et quatre planctus issus du fabuleux Codex de Las Huelgas, un recueil du XIVe siècle attaché à l'histoire du monastère homonyme de Burgos, en Castille. D'emblée, on est séduit par l'aura qui entoure ces musiques et la restitution qui en est faite, fruit d'une expérience unique en un domaine musical que quelques pionniers seulement osent aborder en donnant libre cours à leur sens de l'improvisation. Attention, ne pas conclure que ce que proposent les musiciens de l'Ensemble Witiza fait fi de toute rigueur scientifique. Bien au contraire, le texte qui accompagne l'enregistrement dit assez la connaissance profonde qu'ont les interprètes de la musique médiévale, des justes questions qu'ils se posent lorsqu'ils abordent un répertoire nouveau et surtout de la connaissance qu'ils ont des musiques venues d'ailleurs (Orient, tradition byzantine, musiques arabo-andalouses), lesquelles apparaissent ainsi, et de toute évidence, comme les sources de notre répertoire occidental. Une prise de son remarquable, le lieu de l'enregistrement - la délicieuse église de Saint-Flour du Pompidou, en Lozère -, assurent un épanouissement optimal aux voix et aux instruments, chacun des trois solistes qui composent l'ensemble improvisant ou s'accompagnant, lorsque l'extrait musical les y invite, d'un rebec, ûd et santur. Les timbres vocaux, très contrastés, riches d'harmoniques, sont bouleversants. La polyphonie fait se croiser les voix en des intervalles que ne renieraient pas les musiques contemporaines, les enchaînent les unes aux autres pour les libérer enfin en une ligne mélodique poignante, chargée d'ornements et de mélismes. La version polyphonique du planctus O Monialis et le déchirant planctus Plange Castella Misera sont, à cet égard, représentatifs de la perfection à laquelle parviennent les interprètes. La messe grégorienne des défunts prend ici tout son sens, partagée entre l'affliction et la lumière de la Résurrection. Les silences entre les différents versets ont autant de poids que la musique elle-même et donnent à ce disque une dimension supplémentaire. Spiritualité, mystique, état de grâce, il n'y a pas assez de mots pour qualifier un programme qui invite à lever les yeux vers l'infini.

PW    

 

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