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Instrument populaire par excellence, la vielle à roue fit au XVIIIe
siècle une brève incursion dans le domaine de la musique classique
avant de réintégrer le champ de la musique traditionnelle. En effet,
vers 1720, elle bénéficia d'une sorte d'amnistie comme, du reste,
plusieurs instruments qui acquirent, à cette époque, leurs lettres
de noblesse, violon, hautbois, trompette, et s'immiscèrent peu à peu
dans l'ensemble instrumental classique. À son tour, la vielle
à roue apparaît, elle-aussi, dans le répertoire classique. Tout d'abord,
sa sonorité se mêle discrètement aux autres instruments, apportant
une petite note gentiment canaille au milieu de quelque divertissement
de cour. Plus tard, l'instrument fit la conquête des classes plus
aisées, voire même de l'aristocratie, et quelques compositeurs lui
dédièrent des pages dont l'écriture n'a rien à envier à celles de
leurs contemporaines pour flûte ou violon. Parmi eux, citons Michel
Corrette qui, en 1783, écrivit une méthode intitulée "La Belle
Vielleuse". Spécialistes de l'instrument, formés entre autres
à l'école de Valentin Clastrier, Matthias Loibner et Riccardo Delfino
nous proposent ici une série de maîtres totalement oubliés, à l'exception
de Naudot. Sonates savoureuses, d'esprit pastoral, souvent exigeantes
pour leurs interprètes dont elles éprouvent toute la virtuosité. Sans
nous pencher ici sur la biographie de ces compositeurs dont l'importance
tient dans leur contribution au répertoire de la vielle à roue, retenons
la diversité de ces pages, la fraîcheur des unes avec les délicieux
dialogues qui se nouent entre les solistes, la grandeur et la noblesse
des autres. Enfin, la vivacité et le caractère dansant qui sont le
commun dénominateur à ces musiques brillamment interprétées, condition
indispensable pour éviter l'écueil de la monotonie, redoutable lorsqu'il
s'agit de sonorités aussi particulières. |