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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

Georges BIZET (1838 - 1875)

Carmen

Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Thomas Hampson, Inva Mula, Elisabeth Vidal, Isabelle Cals, Nicolas Cavalier, Ludovic Tezier, Nicolas Rivenq, Yann Beuron

La Lauzeta - Choeur "Les Éléments"
Orchestre National du Capitole de Toulouse

Michel Plasson (direction)

Cote Médiathèque

DB4674

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D'abord parlons de la version de Carmen enregistrée ici. Les multiples modifications, retraits et ajouts effectués par Bizet lors des premières représentations offrent un large choix d'options et permettent aux éditeurs de disques d'annoncer une première mondiale. En l'occurrence, il s'agit d'une version antérieure de l'air d'entrée de Carmen. Avant la célébrissime Habanera, Bizet avait écrit un autre morceau, certes brillant, mais sans l'extraordinaire charge de séduction satanique et ironiquement provocante de la version actuelle. Heureusement pour nous, Galli-Marié, la créatrice du rôle-titre, poussa Bizet à réécrire cette page. Le compositeur repris une mélodie trouvée dans un recueil de Chansons espagnoles d'un certain Yradier. Autre rareté, la réapparition des Couplets de Morales juste avant le Choeur des gamins. Ce mélodrame, présent lors des trente premières représentations de l'opéra, avait déjà été enregistré dans l'intégrale de Frühbek de Burgos (DB4955). De retour aussi, les récitatifs de Guiraud. Carmen appartient à un genre typiquement français, l'opéra-comique qui mélange texte parlé et chant. Pour les représentations hors de France, Bizet avait l'intention d'écrire des récitatifs, mais sa mort prématurée l'en a empêché et c'est Ernest Guiraud qui s'en est chargé. Les enregistrements récents privilégiaient l'option française avec les dialogues parlés. Plasson retourne vers l'option avec les récitatifs chantés qui avaient cours dans les années soixante, quand les stars internationales non francophones se mirent à enregistrer l'opéra. Pour l'avoir entendu en représentation lors des Chorégie d'Orange en juillet 1998, nous connaissons bien le choix de Plasson pour une vision chambriste de Carmen. Les phrases sont ciselées, raffinés, alanguies. C'est propre, poli, en parfaite adéquation avec l'image de l'Opéra-comique, haut lieu d'arrangement des mariages bourgeois. Avec de telles options, la puissance et le brio sont malheureusement aux abonnés absents. Du côté négatif, on placera aussi la Micaëlla d'Inva Mula à l'émission trop monocorde, surtout dans son premier air. On fera le reproche inverse à Thomas Hampson qui nuance admirablement un rôle d'Escamillo qui n'en demande pas tant. Reste le couple people Gheorghiu-Alagna. Celle-ci nous offre une Carmen sobre, sensuelle, expressive, passionnée par moment, mais sans insister sur le côté démoniaque du personnage. Celui-là nous offre le Don José le plus ardent, le plus dramatique de ces dernières années. Et de plus, nous avons enfin un ténor dont le français est parfaitement intelligible. C'est indéniablement lui le maître-atout de cet enregistrement. 

BvL    

 

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