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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

Johann Sebastian BACH (1680 - 1750)

Le clavier bien tempéré (Livres I et II)

Evgeni Koroliov, piano

Cote Médiathèque

BB2463

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J'ai pris pour principe de ne commenter sur ce site que des enregistrements pour lesquels le plaisir de l'écoute et de la découverte restent prioritaires. Le choix de disques nouveaux que nous recevons par mois est tel qu'il me paraît plus intéressant d'inviter à partager mes joies et enthousiasmes que de critiquer certaines interprétations et décourager leur écoute. Aujourd'hui, cependant, je ferai une exception. En effet, depuis un magistral Art de la Fugue (que je vous invite vivement à découvrir), joué au piano par Evgeni Koroliov, je guettais chaque nouveau disque de ce pianiste qui, dans mon admiration, ne pouvait être rien d'autre que génial. Force est de convenir que ma désillusion, à l'écoute de ce Clavier bien tempéré, est grande. À plusieurs reprises, j'ai remis dans le lecteur l'un ou l'autre de ces quatre disques et, en aucun instant, je n'ai éprouvé ce soulèvement de l'âme et de l'esprit ni accordé cette totale adhésion qui était mienne en découvrant cet Art de la Fugue exceptionnel et de non moins brillantes Variations Goldberg. Ici, volontairement ou non, tout est réduit au niveau d'une confidentialité dont se satisfont certains préludes et fugues, mais pas tous. Pas de feu ardent, pas de ces silences si judicieusement amenés qu'ils vous envoient en droite ligne au Paradis, pas de fulgurance... Dans l'ensemble, une lecture monochrome, monotone. La technique, sans faille, dessine les grandes lignes de l'architecture mais se refuse à leur apporter toute valeur ajoutée. Le Bach pur, avec interdiction absolue de céder au moindre désir d'abandon ou de s'offrir la joie d'un petit écart, dans une belle orthodoxie qui était de mise dans les années cinquante et que l'on espérait oubliée aujourd'hui. La musique se suffisait à elle-même et il n'y avait rien à ajouter. Mais entre rien et ces quelques élans, ces quelques variations de phrasé et de toucher qui illuminent toute une interprétation, il y a une marge énorme que Koroliov s'est refusée, égrenant métronomiquement un chapelet interminable, martelant parfois plus qu'il n'en faut, usant ici d'un curieux staccato, arpégeant là quelque accord qui n'en demandait pas tant. Je reste surpris, étonné, et pourtant convaincu encore qu'il s'agit là d'un accident de parcours et que Evgeni Koroliov nous offrira encore de bons et grands moments musicaux. En attendant, je retourne à son Art de la fugue, clé de voûte incontestable de son talent créateur.

PW    

 

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