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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

Sergei PROKOFIEV (1891 - 1953)

Suite Scythe, op.20 - Alexandre Nevski, op.78

Olga Borodina
Choeur du Théâtre Marïnsky - Orchestre du Kirov
Valery Gergiev

Cote Médiathèque

EP8286

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La Suite Scythe, op. 20 (1914) était originellement un ballet, Ala et Lolly, du nom du héros scythe de son sujet mythique d'origine russe, choisi conformément à la demande de Diaghilev qui avait commandé la partition pour les Ballets russes. Oeuvre de jeunesse, affirmant une maîtrise remarquable de son art, la Suite Scythe s'inscrit dans un courant moderniste issu de Stravinski et de l'impressionisme français. Diaghilev ayant refusé le ballet, Prokofiev le réduit et le transcrit en suite d'orchestre dont la première, en 1916, dirigée par le compositeur, fit sensation. Gergiev a de cette suite une approche hiératique, lente, tranchée, anguleuse, traçant les mélodies à grands traits, utilisant des timbres grossiers, barbares. C'est un Cortège du sage martelé et stridant, une cérémonie païenne mystérieuse, lourde, puissante et incandescente. Réalisé en 1938 par Serge Eisenstein, un des plus grands noms du cinéma soviétique, devenu le symbole d'un style et d'une époque, Alexandre Nevski retrace l'histoire du prince russe du XIIIe siècle, en lutte successivement contre deux envahisseurs : les Tartares, et les Chevaliers de l'Ordre Teutonique. La portée idéologique en est l'exaltation du patriotisme, de la force physique, de la combativité, et l'évocation d'un passé national glorieux. À partir de l'ensemble de sa musique Prokofiev fit une cantate pour soliste, orchestre et chœur, condensant la partition originale, mais en gardant les épisodes les plus importants. Les parties qui montrent le camp russe sont écrites dans un style national russe classique, hérité des compositeurs du "Groupe des Cinq". Le camp adverse, au contraire, est illustré par une musique violente, crue, voire expressionniste, dans laquelle se reconnaît le Prokofiev des années occidentales. Enregistrée lors du concert d'ouverture du Premier festival de Pâques de Moscou (ce qui explique certains petits dérapages), la cantate tirée d'Alexandre Nevski prend, sous la direction de Gergiev, une allure inhabituelle. L'entrée en matière est lente, sans violent débordement de puissance, sans jeu insensé sur la dynamique : le reste de l'oeuvre permettra graduellement le déchainement des forces de l'orchestre. Pourtant, celles-ci resteront d'un emploi sobre, mesuré, sans viser le grandiose ou l'épique. La guerre est avant tout un immense lieu de peines et de souffrance.

BvL    

 

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