Accueil I Notre sélection discographique I Les disques du mois I En concert I Nos dossiers I Liens I Contenu du site |
Travers-sons |
Le choix des médiathécaires |
Pièces pour clavecin : Sixième, Huitième et Dix-huitième ordres
Angela Hewitt, piano
|
|
Cote
Médiathèque
Pour connaître des détails supplémentaires et la disponibilité de ce média, cliquez sur la cote. |
L'intérêt que porte la pianiste Angela Hewitt à
la musique pour clavier des grands maîtres baroques l'a conduite à
enregistrer de nombreuses oeuvres de Jean-Sébastien Bach. On a pu
ainsi louer la grande probité avec laquelle elle a abordé des partitions
qui, bien qu'écrites pour le clavecin, n'en supportent pas moins d'être
jouées sur le piano d'aujourd'hui. Avec Couperin, l'entreprise est
plus audacieuse tant sa musique appelle, de toute évidence, le clavecin.
Les appoggiatures, tremblements liés, mordants, trilles etc. qui ornent
toutes ces pièces participent à la fois d'un besoin de remplir l'espace
sonore mais aussi d'un art de raconter et d'exprimer qui est celui,
si subtil, si empreint de grâce et d'élégance, de la musique française
de l'époque baroque. Pour souligner tout le raffinement, la transparence,
le mystère qui caractérisent chacun de ces tableaux, le clavecin reste
l'instrument de prédilection. Indéniablement, Angela Hewitt n'aborde
pas ce répertoire à la légère. Le texte de présentation, dont elle
est l'auteur, dit assez qu'elle s'est penchée avec attention sur la
biographie du musicien, le contexte dans lequel ces suites ont été
écrites, sur les ornements et leur interprétation. Il dit aussi son
enthousiasme pour ces ravissantes miniatures dont elle sélectionne
celles qu'elle préfère, en annonçant qu'au disque que voici succéderont
bientôt deux autres volumes. On ne peut que souscrire à un choix qui
comprend des pièces aussi célèbres, et à juste titre, que Les
barricades mystérieuses, Le Moucheron, Soeur Monique,
le Tic-toc-choc et la grande Passacaille du huitième
ordre. Par contre, il est une dimension de la musique française du
temps qui fait trop souvent défaut dans cette interprétation par ailleurs
sensible, claire et dans laquelle les ornements sont mis en place
avec un grand souci d'exactitude historique, c'est la dimension "rhétorique".
Peut-être le caractère délicat et précieux (et je ne mets dans ce
terme aucune nuance péjorative) de la musique de Couperin incite-t-il
d'instinct à ne pas vouloir user d'un ton plus déclamatoire qu'accepteraient
volontiers des pièces telles que La Verneüille, La Raphaèle
et la fameuse Passacaille. Jusqu'à L'attendrissante
que l'on voudrait plus suppliante, plus frémissante. Peut-être,
tout simplement, avec l’honnêteté qui la caractérise,
l'interprète ne veut-elle pas user des possibilités
dynamiques qu'offre le piano, craignant ainsi une profanation de la
destination première de la musique. Mais, tant qu'à
faire, puisque c'est bien sur un piano que ces oeuvres sont interprétées,
pourquoi ne pas jouer le jeu à fond ?
|