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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

François COUPERIN (1668 - 1733)

Pièces pour clavecin : Sixième, Huitième et Dix-huitième ordres

Angela Hewitt, piano

Cote Médiathèque

BC8294

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L'intérêt que porte la pianiste Angela Hewitt à la musique pour clavier des grands maîtres baroques l'a conduite à enregistrer de nombreuses oeuvres de Jean-Sébastien Bach. On a pu ainsi louer la grande probité avec laquelle elle a abordé des partitions qui, bien qu'écrites pour le clavecin, n'en supportent pas moins d'être jouées sur le piano d'aujourd'hui. Avec Couperin, l'entreprise est plus audacieuse tant sa musique appelle, de toute évidence, le clavecin. Les appoggiatures, tremblements liés, mordants, trilles etc. qui ornent toutes ces pièces participent à la fois d'un besoin de remplir l'espace sonore mais aussi d'un art de raconter et d'exprimer qui est celui, si subtil, si empreint de grâce et d'élégance, de la musique française de l'époque baroque. Pour souligner tout le raffinement, la transparence, le mystère qui caractérisent chacun de ces tableaux, le clavecin reste l'instrument de prédilection. Indéniablement, Angela Hewitt n'aborde pas ce répertoire à la légère. Le texte de présentation, dont elle est l'auteur, dit assez qu'elle s'est penchée avec attention sur la biographie du musicien, le contexte dans lequel ces suites ont été écrites, sur les ornements et leur interprétation. Il dit aussi son enthousiasme pour ces ravissantes miniatures dont elle sélectionne celles qu'elle préfère, en annonçant qu'au disque que voici succéderont bientôt deux autres volumes. On ne peut que souscrire à un choix qui comprend des pièces aussi célèbres, et à juste titre, que Les barricades mystérieuses, Le Moucheron, Soeur Monique, le Tic-toc-choc et la grande Passacaille du huitième ordre. Par contre, il est une dimension de la musique française du temps qui fait trop souvent défaut dans cette interprétation par ailleurs sensible, claire et dans laquelle les ornements sont mis en place avec un grand souci d'exactitude historique, c'est la dimension "rhétorique". Peut-être le caractère délicat et précieux (et je ne mets dans ce terme aucune nuance péjorative) de la musique de Couperin incite-t-il d'instinct à ne pas vouloir user d'un ton plus déclamatoire qu'accepteraient volontiers des pièces telles que La Verneüille, La Raphaèle et la fameuse Passacaille. Jusqu'à L'attendrissante que l'on voudrait plus suppliante, plus frémissante. Peut-être, tout simplement, avec l’honnêteté qui la caractérise, l'interprète ne veut-elle pas user des possibilités dynamiques qu'offre le piano, craignant ainsi une profanation de la destination première de la musique. Mais, tant qu'à faire, puisque c'est bien sur un piano que ces oeuvres sont interprétées, pourquoi ne pas jouer le jeu à fond ?

PW    

 

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