Das Mädchen
mit den Schwefelhölzern (La Petite fille aux allumettes) Staatsopernchor et Staatsoperorchester Stuttgart |
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Cote
Médiathèque
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L'oeuvre de Lachenmann, chauffée dans les forges de la résistance
marxiste et de la théorisation philosophique auprès de Luigi Nono
à Venise, refroidie dans l'empirisme et l'apprentissage du matériau
instrumental auprès de Stockhausen dans les studios de Cologne, brûlante
et glacée à l'arrivée, opère un grand vide autour d'elle. Les techniques
de jeu traditionnelles sont l'exception dans son oeuvre car, pour
Lachenmann, aucun materiau sonore n'est innocent, il est toujours
chargé, par l'histoire de la musique, de conventions. Le travail du
compositeur consiste à créer un contexte qui puisse le rendre
de nouveau intact, intact sous un nouvel aspect. Musique avec images,
La Petite fille aux allumettes s'inspire du conte d'Andersen
dans lequel une petite fille meurt de froid sous les fenêtres illuminées
de la bonne société occupée à fêter le nouvel an. Pour dire cette
solitude et ce froid extrême, le livret ne suit pas un narration
traditionnelle. Il mélange le conte de Hans Christian Andersen, un
texte de Léonard de Vinci avec cette phrase extraordinaire sur les
désordres du coeur à la recherche de la connaissance ("Bientôt
montèrent en moi deux choses, la peur et le désir; peur de la grotte
menaçante et sombre, désir de voir s'il n'y avait là rien de mystérieux")
et un texte de Gudrun Ensslin, membre de la Fraction Armée Rouge,
suicidée ou assassinée en prison en 1977. Un opéra où "tout ce
que le coeur désire" se heurte à une indifférence sourde et muette
: "Il faisait un froid terrible" dit la première réplique
de La Petite fille aux allumettes. Les mots eux-mêmes ne
se laissent entendre que dans un tremblement, des bruits pneumatiques,
des timbres froids. La suite nous propose des séquences bruitistes
utilisant des modes de jeu inédits, des sortes de zapping électroacoustique
et en final, un solo de shô, l'orgue à bouche japonais. Partition
exigeante pour des oreilles traditionnelles, ce premier opéra de Lachenmann
propose un voyage hors du commun à qui est prêt à risquer l'aventure. BvL |