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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

Ludwig van BEETHOVEN (1770 - 1827)

Fidelio

Angela Denoke, Jon Villars, Alan Held, László Polgár, Juliane Banse, Rainer Trost, Thomas Quasthoff
Choeurs Arnold Schoenberg
Berliner Philharmoniker
Simon Rattle

Cote Médiathèque

CB6041

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Unique tentative de Beethoven dans le domaine de l'opéra, Fidelio se situe dans la lignée de Die Zauberflöte de Mozart. Cette tentative illustre la volonté de créer - et cela avant Carl Maria von Weber - un style d'opéra allemand affranchi des modèles italiens. Les années situées entre les premières versions de l'opéra, connues sous le nom de Léonore, et celle de 1814 avaient marqué pour Beethoven la conquête définitive du domaine symphonique. L'observation a été répétée à de nombreuses reprises : dans l'opéra de Beethoven, les valeurs symphoniques dépassent les valeurs vocales en les conditionnant et en les subordonnant. Si le drame de ceux qui ont faim et soif de justice a tenu de tout temps une place unique dans l'histoire de l'opéra, cela n'est pas dû à la nouveauté de ses formes, qui sont celles du Singspiel traditionnel, renforcées par les expériences de Mozart et de Cherubini, ni à la force de l'accent dramatique. Pour Beethoven, ce n'étaient pas les faits qui comptaient vraiment dans un texte théâtral, mais les idées. Une telle attitude typiquement antiréaliste, qui place le compositeur au-delà de l'objectivité dramaturgique d'un Shakespeare, d'un Mozart, d'un Verdi ou d'un Moussorgski, est à la base de la genèse tourmentée de l'opéra. Et il y a la difficulté de construire une réalité théâtrale qui doit à la fois représenter une histoire vécue et des caractères dans leur humanité concrète, mais aussi des vérités d'ordre éthique. À la lecture des critiques de la presse musicale et à l'audition des rumeurs négatives parvenues après les représentations au Festival de Pâques de Salzbourg, je m'attendais au pire naufrage discographique de cette année. Certes, la distribution vocale a de lourdes faiblesses. En l'absence de grandes voix, les plus grands festivals ou les firmes de disques ne peuvent pas grand-chose. Mais attacher une importance primordiale qu'à l'élément vocal ferait passer l'auditeur à côté d'un remarquable travail d'invention orchestrale. Et même si je n'emportait pas ce disque sur une île déserte, il remet suffisamment en cause les habitudes d'écoute pour s'y attarder.

BvL    

 

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