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Theodora
Susan Gritton, Susan Bickley, Robin Blaze,
Paul Agnew, Neal Davies, Angus Smith
Gabrieli Consort and Players
Paul McCreesh
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Cote
Médiathèque BH4474
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Un décret du Gouverneur d'Antioche oblige la population locale à s'acquitter d'un sacrifice aux déesses romaines, Vénus et Flore, en l'honneur de l'Empereur Dioclétien. La terreur envahit la Communauté chrétienne de la ville. C'est dans ce contexte que se déroule une action dramatique dans laquelle le rôle moralisateur de Théodora est essentiel. Son personnage, serein, est animé par une foi qui lui confère toute sa force sans en effacer pour autant toute la sensibilité et la fragilité.
Avant-dernier oratorio de Haendel, Théodora est une page qui n’a
pas à souffrir de la comparaison avec ses semblables. L’écriture
en est inspirée et on y trouve des airs, choeurs et duos magnifiques
(O rosy steps - With Darkness deep as is my woe - To
Thee, Thou glorious Son of Worth) où le sens mélodique propre à
Haendel s’épanouit splendidement. La seconde partie est
particulièrement poignante et multiplie les épisodes dramatiques (le
combat intérieur de Théodora, la confession de Didyme, la prière d’Irène,
la rencontre de Didyme et Théodora) dans lesquels Handel côtoie plus
d’une fois le sublime.
Dix ans après Nikolaus Harnoncourt (réf.
Médiathèque BH4422), Paul McCreesh reprend cet
oratorio, revisité entre-temps - mais sans réel succès - par
Nicholas McGegan (réf.
Médiathèque BH4473) et Johannes Somary (réf. Médiathèque
BH4471). Au contraire d’Harnoncourt,
McCreesh adopte la version intégrale, non amputée des airs et
récitatifs qu’Haendel, déçu de l’insuccès de l’oeuvre, avait
supprimés un peu hâtivement et offre même une version
alternative d’une des scènes. Néanmoins, ainsi allongé, l’oratorio
exige une tension et un dynamisme sans cesse renouvelés, vertus qui
semblent, par moments, défaillantes dans cette interprétation alors
qu’elles étaient l’âme de la version Harnoncourt. Par contre, la
distribution vocale chez Harnoncourt a pris de très légères rides
en ne correspondant plus vraiment à ce qu’un mélomane peut
espérer en l’an 2000. Les timbres et la technique des chanteurs
choisis par McCreesh répondent davantage aux attentes de la
sensibilité contemporaine. Tout au plus regrettera-t-on que les
solistes féminines usent de leur voix avec une sorte de réserve et
de pudeur, certes seyantes pour de jeunes chrétiennes candidates au
martyre, mais dont la foi militante appelle un peu plus d’engagement.
Neal Davies et Paul Agnew, par contre, adoptent le juste ton pour leur
personnage et se jouent aisément des difficultés techniques qui leur
sont réservées.
Enfin, il nous faut encore souligner la grande clarté et le bel
équilibre qui accompagnent l’interprétation de Paul McCreesh, tant
sur le plan instrumental que choral, et les teintes particulières
dont il entoure les passages les plus chargés d’émotion.
Incontestablement, hormis quelques réserves, cette Théodora sera
pour longtemps la version de référence.
PW
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