Nouvelle Grenade, Pérou, La Plata, Brésil

 
Mission - Opera y Missa de los Indios - BA6194

 

 

 

 

En Nouvelle Grenade, l’organisation est similaire au reste des colonies espagnoles.

La cathédrale de Bogota voit défiler quelques maîtres de chapelle remarquables qui font de cette ville un centre musical non dénué d’intérêt.

Le plus célèbre, Gutierre Fernandes Hidalgo (1530?- 1620?) n’y reste que quelques années mais y compose quelques œuvres parmi les plus belles de la fin de la Renaissance. Son successeur, José de Cascante (1630-1702) dont les villancicos sont à l’origine de nombreuses formes musicales populaires, peut être considéré comme le père de la musique colombienne

A Cuba, on peut retenir le compositeur Esteban Salas y Castro.

Au Paraguay, ce sont les Jésuites (dont le belge Jean Vaisseau) qui introduisent la musique occidentale au milieu de la jungle. Ils créent des «réductions », communautés gérées par les religieux en collaboration avec les Indiens. C’est un système très démocratique qui fonctionnera jusqu’à l’expulsion des jésuites en 1773 (voir sur le sujet le film Mission de Roland Joffe).

De tout ce patrimoine musical, chez les indiens Guarani, il ne reste rien. Par contre, à Chiquitos et à Moxos, les Indiens ont étonnamment perpétué le savoir transmis par les Jésuites et ce, jusqu’à nos jours. Les manuscrits retrouvés, copiés et recopiés, arrangés et certainement modifiés en grande partie, ne sont généralement pas signés : il est très difficile de leur attribuer un auteur avec certitude.

Un nom semble cependant se dégager de cette période : Dominique Zipoli (1688-1730).

Il aurait composé une grande partie de l’oratorio jésuite «  San Ignacio de Loyola » , compilé par l’architecte Martin Schmidt. On suppose que certaines parties de cette œuvre furent composées par des indigènes.

Le développement de la musique au Brésil est très tardif.

Nous n’avons que très peu d’informations concernant la production musicale avant le milieu du XVIIIe siècle mais, apparemment, l’église était beaucoup moins organisée et moins puissante que dans les colonies espagnoles, ce qui explique la maigre présence de la musique; celle-ci reste néanmoins principalement sacrée.

On distingue six centres musicaux : Bahia, Pernambuco, Minas Gerais, Rio de Janeiro et Sao Paulo.

Des orchestres et des chœurs privés d’esclaves africains connaissent un grand succès et même, certains des grands compositeurs de cette époque sont mulâtres . L’influence de la musique africaine se retrouve dans les rythmes des modinha, sortes de chansons d’amour proche des romances françaises, ainsi que dans le lundu, danse afro-brésilienne très populaire à la fin du 18è siècle dans les salons à Rio de Janeiro.

Par contre, au Pérou la musique prend un essor tout à fait exceptionnel, parce que le pouvoir civil ne reste pas à l’écart de ce mouvement, comme ce fut le cas en Nouvelle Espagne.

Le Vice-roi entretient une chapelle, organise des divertissements et fait même venir des musiciens prestigieux du vieux continent.

A Lima, ancienne terre des Incas, la présence en nombre d’esclaves africains jouera un rôle déterminant dans le développement de la vie musicale; afin de conserver la stabilité politique, l’Eglise et le gouvernement doivent exercer un contrôle permanent, particulièrement dans le domaine de la musique.

Le premier maître de chapelle notable est Tomas de Torrejon y Velasco (1644-1728), auteur entre autres du seul opéra écrit et joué en Amérique du Sud La Purpura Rosa (1701) .

L’influence de la musique italienne se renforce encore avec la venue du compositeur Roque Cerruti (1685-1760): il introduit les violons dans la cathédrale et son écriture s’éloigne de plus en plus de la musique sacrée pure ; son style est représentatif du baroque sud-américain, mélange du style espagnol et italien, avec des influences indigènes et africaines.

Son élève et successeur Jose de Orejon y Aparicio est considéré comme le compositeur Renaissance tardif le plus important de sa génération .

Dans le Haut-Perou (actuellement la Bolivie), la ville de Charcas ou Chuquisaca (devenue ensuite La Plata puis Sucre) connaît une ère florissante au niveau artistique.

Par exemple, le premier maître de chapelle, Gutierre Fernandes Hidalgo (voir plus haut), fait venir un castrat, chose tout à fait exceptionnelle en Amérique du sud, leur salaire étant trop élevé .

Mais, celui qui fait de cette cathédrale un lieu incontournable de la vie musicale est Juan de Araujo (1646-1712). Il enrichit la bibliothèque de nombreuses partitions du continent ibérique, mais également des nombreuse colonies espagnoles. Accordant beaucoup d’importance à l’enseignement,il dispose d’un chœur d’un nombre et d’une qualité exceptionnelle. La plupart de ses œuvres sont encore conservées dans les archives de la cathédrale de Sucre. Elles se caractérisent par l’utilisation du texte de manière très rythmique en imitation avec la musique africaine; il utilise de nombreuses onomatopées et des rythmes syncopés.

Il y aurait encore beaucoup à dire et il reste encore énormément à découvrir sur cette musique, des manuscrits perdus, des compositeurs oubliés mais, nous espérons que ce petit aperçu vous permettra de mieux apprécier ces œuvres injustement méconnues

Lisa DANGOTTE
Médiathèque de Woluwé-Saint-Pierre

 

Discographie

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BA6189 San Ignacio, l'opéra perdu... Missions jésuites sur l'Amazonie
BA6191 Chemins du baroque 1 : Lima - La Plata [Missions jésuites]
BA6194
Mission San Francisco Xavier, Opera y Misa de los indios
BA6195 El secolo d'oro nel Nuovo Mondo
BA6196 Musique baroque à la Royale Audience de Charcas
BA6205 Musica sacra do Brasil
BA6224
BA9468
BC3632
BC3634
BJ8005
BS0455
BS0457
BT7260
BT7261
BT7267
BZ5115
BZ5225
BZ5226
BZ5227

Bibliographie :

BEHAGUE Gérard, Music in Latin America : An introduction, Englewood Cliffs, Prentice Hall, 1979 ( épuisé)

STEVENSON, Robert, Music in Mexico, Apollo Editions and Dover Editions, New York, 1952

PACQUIER Alain, Les chemins du Baroque dans le nouveau monde, Fayard, Paris, 1996


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