Ars Musica

Luciano BERIO

Luciano Berio est décédé le mardi 27 mai 2003 à la polyclinique Gemelli de Rome, a annoncé l'Accademia di Santa Cecilia dont il était le président et le surintendant. Né en 1925, Luciano Berio s'est formé à la composition d'abord avec son père, puis au conservatoire de Milan et enfin auprès de Dallapiccola à Tanglewood en 1951, et à Darmstadt jusqu'en 1959. Berio est avant tout un esprit libre, ouvert à la musique sous toutes ses formes comme au théâtre ou à la poésie. Son écriture est virtuose, libre, spontanée, jamais empreinte d'intellectualisme, même si sa pensée est rationnelle et son analyse parfaitement sûre. Il sait maîtriser à la perfection les techniques de composition du XXe siècle et s'affirme en précurseur de beaucoup de ses collègues : intéressé par la musique électronique, curieux des possibilités de l'informatique (responsable du département électroacoustique de l'IRCAM de 1974 à 1979), il développe des techniques instrumentales et vocales dans la série des sequenze, révèle un sens inné de l'harmonie, écrit du théâtre musical et utilise à merveille des "emprunts" aux musiques savantes ou populaires, traditionnelles ou contemporaines. Son oeuvre est d'une extraordinaire variété, et - à l'image de sa personnalité - profonde et fondamentale. Dans son excellent Dictionnaire de la musique contemporaine (Larousse, 1970), le critique français Claude Rostand parle d'une "oeuvre toute baroque qui réalise une série de "vanités" du XXe siècle avec un art et une verve dont l'originalité fait souvent oublier les déchets". Berio était "un baroque dont l'invention jaillissante et la sensibilité mobile assimilait tout ce qui passait à sa portée, toutes les impressions qu'il recevait de la vie sous toutes ses formes pour en tirer de la musique sous les formes les plus diverses". De l'Europe aux États-Unis, son activité s'étend à de nombreux secteurs de la vie musicale : fondateur en 1956, avec Maderna, du Studio de Phonologie Musicale ainsi que de la revue et de la série de concerts Incontri Musicali, il a dirigé les plus grands orchestres symphoniques et enseigné à Tanglewood, Dartington, Cologne, Harvard et New York, où, à la Juilliard School, il crée le Juilliard Ensemble.

Texte : d'après Ars Musica