CINQUANTE ANS DE MODERNITE MUSICALE
DE DARMSTADT À L'IRCAM

Cet ouvrage aborde pour la première fois dans son ensemble, en trois vastes épisodes, une phase restreinte, mais cruciale, de l'histoire musicale insérée entre deux pôles institutionnels, les Cours de Vacances de Darmstadt créés en 1946 et l'IRCAM inauguré dans le cadre du Centre Georges Pompidou en 1974. Oserait-on dire que les années comprises entre ces dates soient l'indice d'un temps perdu attendant sa reconquête ? Relisant son texte, l'auteur en a parfois eu confusément l'impression. Mais alors le dernier quart du siècle serait-il l'amorce d'un temps retrouvé ? En 1950, quand on s'enfonçait dans l'expérimentation, alors que Stockhausen en appelait à une tabula rasa, il eut la sagesse de prévoir qu'elle n'aurait qu'un temps, opinion que rejoignit Michel Philippot. Leur prévision s'est-elle vérifiée ? La musique vit-elle aujourd'hui un temps messianique ? Peut-être un temps retrouvé n'est-il jamais qu'une expérience individuelle tant pour le créateur que pour l'auditeur. Une crise a été vaincue par les grandes œuvres qui l'ont marquée. Mais l'industrie culturelle voudrait que cet effort soit ignoré, n'admettant dans son vocabulaire comme "musique" que les produits standards qu'elle écoule massivement sur le marché mondial. Face à cette agressivité calculée, ce livre se veut un témoignage fort, dépourvu de velléité de propagande en faveur d'une histoire moins banale, celle qui prolonge Debussy et Mahler.

Sans équivalent dans la littérature musicale française ou anglaise, cet ouvrage d'une ampleur exceptionnelle, rédigé par un seul auteur qui y a travaillé pendant près de quinze ans, apporte une documentation substantielle sur la création musicale classique du dernier demi-siècle. Les compositeurs responsables de cette histoire sont rassemblés en un seul volume, étudiés à partir de leurs idées, et leurs œuvres sont situées en relation à leur concept et en référence aux opinions les plus autorisées. L'ordre chronologique des événements a été préférentiellement sauvegardé, c'est pourquoi un même compositeur peut se retrouver à plus d'un endroit du livre. Plusieurs lectures sont ainsi possibles selon que l'on suit l'ordre des chapitres ou que l'on désire s'attacher à un même créateur. Un sommaire très explicite et un index détaillé facilitent la promenade au travers des trois grandes sections dénommées "Livres", huit parties, un frontispice dédié à la technique d'Olivier Messiaen, deux Incipit où les créateurs les plus jeunes et les plus novateurs, apparus entre 1960 et 1990, sont répertoriés. Cinquante-trois chapitres constituent le corps de l'histoire progressivement exposée. Les rubriques "Contexte" et "Discussion" parcourent le livre y aménageant des zones de détente où s'échangent les opinions qui éclairent le mieux les situations. Les entrées bibliographiques constamment appelées, garantissent l'espace d'une musicologie critique, un point que l'auteur qui se considère comme témoin et rapporteur, a continuellement visé comme indispensable à la cohésion et à l'intérêt de l'entreprise.

Célestin DELIÈGE
Cinquante ans de modernité musicale, de Darmstadt à l'IRCAM, Contribution historiographique à une musicologie critique.
[Sprimont] : Mardaga, mars 2003.
1024 p. : exemples musicaux ; 21 x 29,7 cm.
ISBN 2-87009-828-6
Prix : 65 EUR.

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