Au regard de la brièveté
de sa vie, l’œuvre de Wolf s’impose paradoxalement
par son abondance et la profondeur de l’empreinte qu’il
laisse dans le genre auquel il s’est consacré quasi
exclusivement : le lied. Héritier de la tradition où
se sont illustrés Schubert et Schumann, il porte ce genre
à un apogée où la musique exalte, magnifie
et transcende le texte des poètes choisis (Mörike, Goethe,
Eichendorff...). Toute sa vie active eut pour cadre Vienne, capitale alors puissante d’un empire dont les craquements se font sentir aussi bien dans le domaine politique (les revendications nationales feront éclater les frontières) qu’à l’intérieur des individus (c’est l’époque où Breuer que Wolf côtoya et Freud dévoilent les profondeurs de l’inconscient). Contemporain de Richard Strauss et de Gustav Mahler, Hugo Wolf n’a pas exercé de fonction institutionnelle qui lui assure une notoriété semblable à la leur. Il ne s’inscrivit pas moins dans le mouvement musical et intellectuel viennois, appartenant aux cercles wagnériens et ferraillant d’une plume militante dans la presse. La maladie mentale consécutive à la syphilis lui fit passer les cinq dernières années de sa vie dans un asile, où il mourut. Relatant les épisodes de sa vie et parcourant pas à pas, en commentant chaque lied, la totalité de son œuvre, Stéphane Goldet met en évidence l’unicité d’un compositeur qui, en un jaillissement éruptif de seulement quelques années, a donné à la grande poésie allemande son accomplissement musical le plus abouti.
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Stephane GOLDET |
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