BONNE ANNEE QUAND MÊME……
Difficile de ne pas céder à la morosité ambiante et de ne pas craindre les
nuées qui s'amoncellent en de trop nombreux points de notre planète. Gardons
l'espoir et gageons que la musique à elle seule sera vecteur de paix et de
satisfactions profondes. Concerts et opéras nous y invitent tout au long des
douze mois que nous avons devant nous.
Pour que notre bonheur soit complet, il faudrait pour cela que l'industrie du
disque se fasse moins pusillanime et nous offre de quoi sortir d'un quotidien
qui tourne quelque peu sur lui-même. Je le dis et le redis avec la même
obstination que ces basses baroques dont l'exploitation confine à l'overdose.
J'en finis par mettre sur le même pied Tarentelles et autres Passacailles, de
la vie ou de la mort, que certains "tubes" des musiques de variétés tant les
mêmes accords répétés à l'infini et les mêmes raclements de guitare
m'échauffent, à la longue, les oreilles devenues délicates avec les années.
Dans un autre répertoire, on ne peut non plus se nourrir éternellement de
rééditions. Alors que de jeunes chefs prometteurs soulèvent l'enthousiasme au
concert, le disque nous offre, sous de multiples prétextes, une ixième resucée
d'enregistrements de solistes, grands en leur temps, toujours admirables et
parfois irremplaçables, mais qu'il serait temps de remettre à leur juste
niveau pour ne pas faire d'ombre à des jeunes qui, eux, ont encore toute leur
carrière devant eux.
En fait, le projet commercial manque souvent du soutien d'un projet culturel,
didactique, pédagogique. Peu importe le vocable ! L'important est d'accompagner
l'édition discographique en la balisant de repères, d'écrits, de textes suffisamment
séducteurs et accessibles à tous, pour donner l'envie au grand public de s'évader
des domaines dans lesquels on le confine et le balade au gré des intérêts
de quelques-uns. Certaines collections dsicographiques ont construits leur
réputation en pratiquant de la sorte.
Les supports multimédias ont là un rôle essentiel à jouer mais, jusqu'à
présent, le cédérom n'a guère créé d'événements et, avouons-le, le DVD musical
classique retombe dans les travers qui ont été ceux de l'édition classique
depuis ses débuts. Franchement, cette myriade d'enregistrements d'opéras
datant d'il y a vingt ans ou plus et dont les mises en scène ont souvent de quoi
faire crouler de rire (si, hélas, elles ne finissaient pas par donner l'envie
de pleurer ) n'est pas vraiment ce qu'on était en droit d'espérer pour
étrenner un beau support tout neuf !
Mais voilà, inutile que je donne davantage libre cours aux sentiments qui
m'agitent face à une production discographique visiblement en panne en ce
début d'année 2003 !
Bonne année, quand même ! Et vous qui nous fréquentez régulièrement,
profitez-en pour découvrir ce que vous n'avez pas eu l'occasion de découvrir
au cours des années d'opulence et qui, loin s'en faut, n'a rien perdu de son
intérêt. Vous trouverez dans nos centres de prêt de quoi satisfaire votre
curiosité intellectuelle et titiller votre sensibilité. Il y a les chefs-
d'œuvre méconnus des grands compositeurs, il y a les moments de grâce qui ont
illuminé certaines pages de musiciens trop vite considérés comme "petits
maîtres", il y a la magie des instruments, insolites ou non, et leur vaste
répertoire… etc. etc. En résumé, il y a de quoi remplir - et bien remplir -
plus d'une vie !
Raison de plus de ne pas perdre de temps et de poursuivre la lecture de notre
dossier "Musique anglaise" - qui est notre dossier feuilleton de cette année -
lequel vous guide vers de nouveaux horizons, en empruntant des chemins trop
rarement fréquentés. Notre nouvelle rubrique "Livres" vous rappellera que 2003
est l'année Berlioz. Et que ce compositeur n'a pas écrit qu'une seule et
unique Symphonie fantastique qui, en ce début janvier, fut trop
entendue sur les chaînes radiophoniques.
Dans le domaine de l'opéra, Zemlinsky est à l'honneur et nous ne voudrions pas
perdre l'occasion de mettre en exergue une personnalité musicale, hier encore
méconnue. (Ah ! le disque tout de même ! Et moi qui médis et me lamente sur la
banalité des répertoires). Enfin, toujours dans le domaine de l'opéra,
découvrez, si ce n'est fait, le bouleversant Peter Grimes de Benjamin
Britten, un des opéras phare du XXe siècle.
De tout cœur, bonne année, avec le plaisir de vous retrouver, toujours aussi
nombreux, à l'assaut de notre site.
Très cordialement
Pierre Watillon
Rédacteur en chef
Janvier 2003
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