Musique en scène
Le musicien le plus représentatif du
goût du public fut sans conteste Sir Henry Rowley
Bishop (1786 - 1855), premier musicien à avoir été
anobli pour l’étendue de son travail : cent vingt-cinq
œuvres pour la scène, une activité importante
en tant que chef d’orchestre, de nombreuses adaptations
ainsi que des arrangements d’opéras de Mozart, Rossini,
etc. Entre 1820 et 1860, il fut le compositeur le plus joué
: The Circassian Bride, Aladdin, Clari,
Marriage of Figaro pour ne citer que quelques titres.
Ses mélodies (GC3604
- GC3203)
sont d’excellente facture. Sir Henry Bishop attend patiemment
un regain d’intérêt du public pour ses œuvres.
Autre « grande pointure » de la
musique de scène, Michael William Balfe (1808 - 1870)
connut une renommée égale à celle de
Sir Henry Bishop, d’abord comme chanteur ensuite comme compositeur.
Son opéra The Bohemian girl (DB0824)
fut un succès mondial.
Auteur d’opéras, de ballets et de
chansons (DA4976),
Henry David (Harry) Leslie (1822 - 1896) fut un champion
de la musique chorale anglaise.
Un genre particulier allait connaître
ses heures de gloire dans les dernières années
du XIXe siècle : la comédie musicale.
Deux compositeurs résument à eux seuls toutes
les caractéristiques du genre : William Schenk Gilbert
(1836 - 1911) et Arthur Sullivan (1842 - 1900). D’origines
très différents, ils surent trouver un terrain
d’entente dans l’élaboration de spectacles s’adressant
à un public peu averti en matière de musique.
Le livret met en valeur les travers d’une classe sociale
à la manière d'un vaudeville tandis que la
musique privilégie la ligne mélodique, les
formes simples (refrain et couplets), l’orchestration suggère
l’entrain. L’élément comique est évidemment
au centre de ces opérettes qui rivalisèrent
avec les productions françaises de la même
époque. Ayant établi leur salle de spectacle
au Savoy(1), un théâtre construit
sur le Strand à Londres, on désigna ces pièces
sous le titre de Savoy-operas (DS4453)
marquant l’association au lieu. Quelques titres furent particulièrement
populaires et appelèrent un grand nombre de représentations
: Mikado (DS9504),
Patience (DS9511),
The Yeomen of the guard (DS9534),
HMS Pinafore (DS9489),
Iolanthe (DS9494)
pour n’en citer que quelques-uns. Cette activité
dans le domaine de la musique légère n’empêchait
pas Sir Arthur Sullivan de mener une carrière de
compositeur de musique "sérieuse". Après
la commande d’une musique de scène pour The Tempest
de William Shakespeare, il composa une symphonie : Irish
(DS9462),
des anthems, des pièces de circonstance, des oratorios,
un Concerto pour violoncelle (DS9462),
une Ouverture "In Memoriam" (DS9458),
des suites de ballet et d’autres pièces pour orchestre,
œuvres qui en firent, d’emblée, l’auteur favori de
l’establishment. Le film de Mike Leigh Topsy Turvy
(vidéocassette
VT5220, b.o.f. YT5804)
met en scène les deux collaborateurs en révélant
le rôle joué par le Savoy Opera dans la société
victorienne.
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(1)
Le Savoy Theater a été construit sur les
anciennes terres du comte Pierre de Savoy en 1881 par Richard
D'Oyly Carte, producteur d'opéras à succès. En 1884, ce
dernier décide de construire, à côté du théâtre, l'hôtel
le plus luxueux de la capitale britannique. Pour l'anecdote,
signalons que le Savoy Court est la seule rue de Londres
où l'on roule à droite. La tradition veut que les voitures
longent le théâtre, situé sur la droite, avant de se présenter
devant le Savoy Hotel.
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