Après 1950

 
Réf. Médiathèque - FH2673

 

 

 

 

 

Sur de nouveaux chemins

Jonathan Harvey (1939) a réussi à faire une synthèse de son art et de sa spiritualité en ayant recours au son direct et à l’électronique. Après avoir étudié sous la direction de Erwin Stein, Hans Keller et Milton Babbit, sa rencontre avec Karl Heinz Stockhausen le marqua profondément.

L’usage qu’il fait de l’ordinateur dans son œuvre lui permet d’analyser les sons pour reconstituer leur spectre sonore, voire pour l’enrichir, démarche d’explorateur dans le domaine sonore. Il appartient donc au courant de la musique spectrale.

Après son séjour à l’IRCAM, sa personnalité de compositeur s’affirme avec des pièces comme Mortuos plango, vivos voco (FA4355) pour sons concrets traités par ordinateur. Cette pièce met en scène des sons qui ont accompagné le compositeur depuis son enfance : les cloches et les voix des chœurs d’enfants des grands collèges anglais.

Bhakti (FH2656), composé en 1982 pour orchestre de chambre et bande magnétique, réalise le mariage impossible du son enregistré et du son en direct. Basé sur une forme symétrique, la pièce comporte douze parties à l’instrumentation variée se terminant par une citation d'un extrait du Rig Veda.

Jonathan Harvey a consacré de nombreuses compositions au violoncelle grâce à sa collaboration avec Frances-Marie Uitti et aux nouvelles techniques, notamment le jeu avec deux archets que cette instrumentiste à développé. Son Concerto pour violoncelle (FH2665) propose un parcours initiatique sonore pour un homme en quête du bonheur.

Advaya (FH2683) associe le violoncelle et des sons de violoncelle retravaillés par ordinateur. C’est une des pièces pour violoncelle solo les plus complexes dans laquelle l’interprète explore les limites sonores extrêmes de son instrument tandis que le matériau qu’il explore est simultanément retravaillé électroniquement pour se confondre avec les sons acoustiques.

Il faut encore parler de sa musique chorale (FH2669) comme une part importante de sa production. Ici, pas de travail électronique du son mais un usage complexe des ressources de la polyphonie permet une mise en musique recherchée de la symbolique des textes.

Il est étonnant de constater que bien qu'ayant recours à des techniques électroniques sophistiquées, la musique de Jonathan Harvey n’est en rien déshumanisée pour autant. Au-delà de l’objet musical qu’il propose, transparaît toute la richesse de sa vie spirituelle d’homme.

Appartenant au courant expérimental, l’œuvre de Cornelius Cardew (1936-1981) contient une part d’aléatoire. Après des études à la Royal Academy of Music de Londres où il apprit entre autres le piano, il travailla plusieurs années à Cologne avec Karl-Heinz Stockhausen, à Rome avec Goffredo Petrassi puis avec John Cage. Il s’affranchit cependant de ces influences et connut son heure de gloire dans la foulée de mai 1968 à cause des libertés qu’il prenait par rapport aux modèles traditionnels de la musique sérieuse. Il a enseigné la musique aux États-Unis parallèlement à un action militante via l’organisation de concerts et d’événements musicaux. Ses œuvres principales sont Treatise (FC1315) pour ensemble instrumental et dispositif électronique dont la partition a recours à un système de notation original, Great Learning pour orchestre et Schooltime Compositions.

Sa Sonate pour piano (FA2430) est à rapprocher des Music for piano de John Cage. Sa musique pour piano (FC1322) présente des points communs avec l’œuvre pour piano de Erik Satie. Elles contiennent aussi des allusions à des thèmes du répertoire classique ou traditionnel.

Cornelius Cardew est un exemple frappant de musicien engagé dont la musique cherche à faire passer un message au-delà du langage utilisé.

 

Chef de file du mouvement connu sous le nom de Nouvelle Complexité qui s’est développé en Angleterre et en Europe à partir des années 70, Brian Ferneyhough (1943) a effectué ses études à la Royal Academy of Music avec Lennox Berkeley avant d’aller se perfectionner aux Pays-Bas chez Ton de Leeuw et en Suisse chez Klaus Huber. C’est Sonatas pour quatuor à cordes (FF3655) qui le révéla au public.

Sa musique porte la trace de l’influence des sérialistes et de Karl-Heinz Stockhausen et pose des problèmes quasi insolubles aux interprètes, ceci constituant une manière d’introduire l’aléatoire dans l’exécution. En effet, Ferneyhough pratique l’hypernotation : tout est noté jusque dans les plus infimes détails, rendant la réalisation scrupuleusement exacte impossible pour les musiciens. Son principe est de demander 200 % pour obtenir une exécution à 90 % de ce qu’il souhaite. Ses compositions requièrent beaucoup de virtuosité de la part des interprètes. Il utilise fréquemment les quarts de ton, voire les huitièmes de ton. Sa musique trahit une expressivité exacerbée et une recherche de la transcendance.

Parmi ses œuvres principales : la Missa Brevis pour douze voix de solistes, les Time and Motion Study (FF3667), les Carceri d’Invenzione (FA3440 - FF3621) La Chute d’Icare (FF3625). Dans Time and Motion Study, l’instrumentiste est envisagé comme son instrument : il doit accomplir un grand nombre de tâches contrastées en même temps, à la limite des possibilités humaines. La Chute d’Icare (FF3625), inspiré par le tableau de Breughel portant le même titre, est basé sur un triple canon rythmique et un mode de neuf sons dont le compositeur prend plaisir à brouiller les pistes.

La musique de Brian Ferneyhough témoigne d’une grande complexité de pensée. Son paradoxe réside dans la charge émotionnelle qu’elle véhicule en dépit de son abstraction.

 


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