la guitare classique |
Le Baroque (XVIIe
/ XVIIIe siècle) |
Le
style baroque, basé sur l’expression des passions, a exigé un accroissement
des possibilités instrumentales. Le clavecin, plus simple à jouer,
va y trouver un terrain fertile pour son développement, tandis que
le luth et la guitare vont perdre leur importance et leur rang tout
en donnant naissance à une littérature propre, souvent imitée par
les autres musiciens (les clavecinistes notamment). LES LUTHS BAROQUESLe
luth va progressivement étendre son ambitus vers le registre grave :
10, 11 ou 13 chœurs selon les régions et les époques. On les répartira
sur deux chevilliers (luth théorbé). On joue sur les 6 ou 7 premiers chœurs avec
les doigts de la main gauche; les autres cordes sont pincées "à
vide" et donc accordées de manière à former une échelle
diatonique. A l'accord typique de la Renaissance (sol-ré-la-fa-do-sol
+ les basses fa mi ré do...) succédera un nouvel accord très différent
(pour le luth à 13 chœurs : fa-ré-la-fa-ré-la + les basses sol fa
mi ré do si la). En France, il y aura des dynasties de
musiciens, les Gallot ou Gautier en plus des Dufault, Mouton... En
Allemagne aussi, on trouve divers maîtres dont le plus important est
sans doute Silvius Leopold Weiss qui serait à l'origine de la
production luthistique de Jean-Sébastien Bach. Parmi les instruments typiques de cette époque,
il faut citer le THÉORBE, particulièrement réservé à la réalisation
de basses continues. Il comporte 14 cordes simples réparties sur
deux chevilliers (longueur des cordes : 80 cm et 120 cm). Il s'agit en
fait d'un archiluth dont les deux premières cordes sont « ravalées »,
c'est à dire accordées à l'octave inférieure. Cela lui enlève
donc le registre aigu et le confine plutôt à l’accompagnement.
Toutefois, des virtuoses de l’instrument comme Kapsberger ou
Piccinini en Italie ou de Visée en France lui ont confié des
partitions solistes. Il existe d’autres instruments encore plus
méconnus : L'ANGÉLIQUE, qui est une sorte de théorbe
accordé entièrement de manière diatonique (c'est-à-dire note après
note comme une harpe) et qui comportait jusqu'à 17 cordes. Le COLACHON (ou
COLASCIONE en italien) que
l'on rencontre dans des représentations de personnages de la Commedia
dell'Arte Polichinelle et qui n'est qu'un
type de luth à très long manche. Le CISTRE qui est un autre instrument à cordes métalliques dont la sonorité particulière trouvera des échos en Angleterre et au Portugal (la fameuse guitare portugaise). LA GUITARE BAROQUEComme le luth, la guitare va étendre, mais
plus modestement, son registre vers le grave en s'adjoignant un 5e chœur. En Espagne (Sanz, Guerau...) ou en France
(Corbetta, Campion, de Visée...), elle sera l'objet d'attentions de
la part des amateurs, mais aussi des courtisans et des princes. Louis XIV jouait de la guitare et, par son
exemple, a entraîné une bonne partie de la cour de France. Le
peintre Watteau a illustré cette guitaromanie avec beaucoup de
bonheur. Les musiciens ont d'ailleurs souvent adapté leur style de
composition aux capacités techniques de leurs protecteurs : d'un jeu
polyphonique complexe, la guitare s'est mise à être
"battue" (comme la guitare d'accompagnement moderne) avant
de retrouver un juste compromis entre les deux manières. Les (archi)luths, théorbes et guitares ont été aussi des vecteurs des divers langages musicaux de l'époque baroque, depuis les toccatas et canzone italiennes du XVIIe jusqu'aux fugues et danses stylisées du XVIIIe, en passant par les « Tombeaux » ou couplets de « Folies d'Espagne. »
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