la guitare classique |
Le XXe siècle |
Malgré
une incessante recherche en matière de lutherie, la construction des
guitares reste marquée en ce XXe siècle par la standardisation.
Hormis l'introduction des cordes en nylon après la seconde guerre
mondiale à l'initiative d'Albert Augustine, aucune innovation
universellement admise n'est venue perturber l'évolution
organologique. Ce
qui a changé pourtant, c'est la perception de l'instrument, tant par
le public, la critique, les instrumentistes et, surtout, les
compositeurs. Diffusée par des interprètes de premier plan comme
Miguel Llobet ou Andrés Segovia, la guitare s'est fait entendre et a
suscité plus d'une œuvre par ce biais. C'est
la personnalité toute particulière d'un homme qui a fait admettre la
guitare dans les salles de concert plutôt que dans les salons
mondains, celle d’Andrés SEGOVIA (1893-1987). Autodidacte génial,
à l'écoute des disciples de Tarrega qu'il a fréquentés, son jeu
s'est vite imposé et sa quête d'un répertoire moderne original lui
a fait solliciter de grands noms de la vie musicale : Moreno-Torroba,
Villa-Lobos, Rodrigo, Ponce, Turina, Roussel, Milhaud,
Castelnuovo-Tedesco et beaucoup d'autres moins connus. Ces
demandes furent à l’origine d’un répertoire moderne
extraordinairement riche qui a longtemps constitué la base du répertoire
guitaristique. La guitare classique aujourd’hui lui doit une grande
part de sa reconnaissance. D'autres
personnalités ont collaboré à cette assise de l'instrument. On ne
peut oublier Narciso Yepes qui a diffusé assez incroyablement la
guitare par une participation à la bande sonore du film Jeux
Interdits. Il faut aussi évoquer Alexandre Lagoya qui, par une médiatisation
parfois critiquable, a fait descendre la guitare dans le cœur de générations
entières. Il
faut aussi parler des vagues successives (Bream, Williams, Ragossnig,
les Frères Assad,
Cotsiolis, Aussel et bien d’autres…) qui ont donné à la
guitare un véritable avenir au sein de la musique de tradition savante. Ils
sont désormais rejoints par les spécialistes
de la musique ancienne qui ont remis au goût du jour les
instruments du passé et ont permis aux amateurs de musique de découvrir
des pans méconnus de la tradition occidentale. Les
musiques qu'on lui consacre prennent toutes les couleurs des musiques
de notre siècle, de la veine populaire ou nationale aux expérimentations
les plus contemporaines. Du « Concerto
d'Aranjuez » de Joaquin Rodrigo (le concerto le plus joué au
monde, tous instruments confondus) à la « Sequenza »
de Luciano Berio, la guitare se pare désormais d'atours aussi
variés qu'essentiels à la culture de « l'honnête
homme ». Les pages du catalogue qui suivent illustrent bien mieux que tous les commentaires les multiples facettes de la guitare qui, à l'aube du IIIe millénaire, se présente aux amateurs de musique avec un patrimoine déjà glorieux, mais surtout avec des perspectives infinies.
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