Un grand compositeur contemporain est mort ce dimanche matin des suites d'une longue et pénible maladie. Compositeur français d'origine grecque, résistant anti-nazi puis anti-anglais, Iannis Xenakis fuit la Grèce en 1947. Peu après son arrivée en France, il entre au cabinet d'architectes de Le Corbusier, dont il sera, pendant douze ans, l'un des plus proches collaborateurs. Il suit la classe d'Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris et reçoit le soutien de Hermann Scherchen. En 1955, Metastasis explose à Donaueschingen, sous la direction de Hans Rosbaud. Depuis, Xenakis n'a cessé de frayer  son chemin avec une régularité impressionnante.  Xenakis part de la nature. Il y découvre une plastique temporelle, celle de la grêle, des cigales, des manifestations de rue. Tous ces phénomènes, qu'il veut égaler par sa musique, Xenakis ne peut les approcher qu'à partir de lois mathématiques. Il utilise donc des lois, mais n'oublie jamais que la beauté musicale ne saurait être la conséquence, l'effet de l'organisation mathématique de la composition. Elle doit jaillir de la totalité de l'oeuvre, nullement de sa seule structure. C'est pourquoi une partition de Xenakis n'est pas la "mise en musique" des lois qu'elle utilise. Elle n'est ni plus, ni moins structurée que le monde physique: au mythe de l'oeuvre fermée sur  elle-même, au narcissisme de l'art pour l'art, se substitue le principe d'une oeuvre participant aux éléments d'un monde cosmique.

Ars Musica : biographie de Xenakis
Discographie de Xenakis

A priori, Bernard Haitink donne l'image d'un chef spécialiste du répertoire allemand en général et de Mahler en particulier. Pourtant, le chef néerlandais a réalisé de superbes enregistrements de musique  russe (Stravinsky). Ce lundi, à la tête du London Philharmonic Orchestra, le public bruxellois aura l'occasion de redécouvrir les talents d'un chef dans un répertoire où il possède aussi une forte personnalité. Dans le baroque joyeusement décalé de la suite de Pulcinella de Stravinsky,  vous découvrirez Haitink  souligner la précision élégante de l'écriture.  Et, dans la Quatrième symphonie  de Brahms, vous remarquerez la construction d'un équilibre raffiné entre la clarté du discours et la richesse de l'orchestration. 

Informations pratiques

Le programme de l'Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, ce samedi à 15 heures dans la salle Philharmonie de Liège et ce lundi à 20 heures à Verviers, navigue  parmi les grands succès des musiciens répétitifs anglo-saxones.  De Shaker Loops de John Adams à la Symphonie n°3 de Philip Glass, en passant par des extraits de The Piano de Michael Nyman, le terrain est facile à découvrir. De plus pour varier l'atmosphère, un arrêt est prévu parmi les Tangos  d'Astor Piazzola. 

L'Orchestre philharmonique de Liège

Les Sacre Rappresentazioni, sortes de drames lyriques religieux, sont un des lointains ancêtres de l'opéra. Vers 1600, le genre vit toujours mais s'ouvre à l'influence du monde séculier. La Rappresentatione di Anima e di Corpo d'Emilio de' Cavalieri (1600) incorpore les théories nouvelles de la Camerata fiorentina, le retour vers ce qu'on croyait être la mélodie de la Grèce antique. Le texte se fonde sur le principe du dialogue entre différents récits monodiques. Entre les récits et les choeurs s'intercalent de nombreuses ritournelles aux rythmes dansants. Avec cette Rappresentatione, genre profane par l'exécution et religieux par le sujet, Cavalieri ouvre le chemin vers Monteverdi.

La Monnaie, du 1er au 11 février