L'Europe classique et le jazz
Entre divertissement et contestation
Le jazz comme divertissement
Immédiatement après la
Première Guerre mondiale, les échanges avec le Nouveau Monde
s'intensifient et c'est ainsi que l'Europe accueille une musique toute
empreinte de joie de vivre, de verve, de spontanéité. Les " revues
nègres " attirent et enthousiasment le public. Les rythmes libérés
des danses modernes s'emparent de la variété. Rag, fox-trot, charleston
et autres sont connus et amusent. Plusieurs musiciens classiques se
laissent également gagner par l'enthousiasme de la découverte.
Fascinés, ils rêvent de donner à leur oeuvre cet aspect de liberté et
de goût de vivre.
Vers 1907 déjà, Claude
Debussy compose le plaisant Golliwog's Cake-Walk, extrait des
Children's Corner. Il termine le Premier livre des Préludes (1910) par la
petite pièce intitulée Les Minstrels désignant clairement
ces chanteurs blancs déguisés en noirs, véritable clin d'oeil à cette
mode déferlant sur l'Europe. Suit encore le Général
Lavine-eccentric , cake-walk du Second livre des
Préludes (1913).
Totalement immunisé
contre le pathos wagnérien très influent à ce moment, Erik Satie se
tournera résolument vers les musiques populaires et les rythmes
américains. En témoigne un ragtime de son ballet Parade (1917) créé en
collaboration avec Jean
Cocteau, spectacle qui fit un véritable scandale
tant la conception en paraissait audacieuse.
Le grand curieux que fut
Darius Milhaud se laissera lui aussi captiver par les rythmes
afro-américains. Il fréquenta les clubs de jazz de Harlem. Il nous
laisse son ballet La Création du Monde (1923). Citons
également Trois Rag-Caprices pour piano et petit orchestre, Scaramouche.
Oeuvres enjouées, au ton allègre, jouées par des ensembles musicaux
réduits contrastant avec la lourdeur des orchestres romantiques.
Grâce à son ami Ernest
Ansermet qui lui apporta des disques des Etats Unis, Igor Stravinsky
découvre la complexité des rythmes noirs, plus particulièrement le
caractère polyrythmique des chants et des danses. Dans l'Histoire du
Soldat (1918), une tension particulière naît de la superposition de deux
rythmes différents. La même année voit la création du Rag-Time
pour 11 instruments et sa réduction pour piano, le Piano Rag
Music dédié à... Arthur Rubinstein. Stravinsky ne perdra jamais
le contact avec le jazz; en 1937 il compose le Praeludium pour
ensemble de jazz et en 1945, il crée Ebony Concerto
pour Woody Herman et son orchestre.
Citons également
Maurice Ravel : son Concerto pour piano en
ré à la coloration si
particulière, le blues de sa Sonate pour violon et piano, ou encore le
fox-trot de la théière anglaise et de la tasse chinoise, extrait de L'Enfant et les Sortilèges; le 6e quatuor à cordes de
Bela Bartok avec une marcia et une burletta aux accents de jazz. (1939).
N'oublions pas que c'est avec le clarinettiste de jazz Benny Goodman et le
violoniste Joszef Szigeti que Bartok au piano créa Contrastes
en 1938.
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