La
Nativité et la fête de Noël constituent
le fil conducteur de la présente liste. Depuis longtemps,
cette fête, installée au plus noir de l'hiver,
donne lieu à des musiques hautes en couleurs.
Durant les trois
premiers siècles de la chrétienté,
la fête de la naissance de Jésus n'était
pas célébrée. Ce n'est qu'au cours
du IVe siècle qu'on commence à la célébrer
sans que l'on puisse se fonder sur une date fournie par
la tradition : en Orient, on fête la nativité
le 6 janvier, en Occident c'est le 25 décembre. Selon
la thèse communement admise, on suppose que l'enjeu
était moins la recherche de la date exacte que sa
coïncidence avec la célébration, au solstice
d'hiver, de la "nouvelle lumière".
Dans l'imagination
populaire, Noël est une fête liée à
la nuit. Pourtant sa célébration nocturne
est bien moins ancienne que celle de Pâques. Si la
lumière est célébrée d'un bout
à l'autre des offices de Noël, la nuit y est
à peine mentionnée.
La coutume de
la crèche de Noël remonte à saint François
d'Assise, celle de l'arbre de Noël aux mystères
du Moyen Age, où le sapin figurait l'arbre du paradis.
La légende du Père Noël dispensateur
de cadeaux trouve sa source en Angleterre, à la fin
du XVIIe siècle.
Parfois des mondes
profanes se mêlent au religieux. Ainsi, si l'on se
penche sur les origines des Noëls français,
on découvre la naissance de cette poésie populaire
chantée dans des adaptations, en français,
des chants latins de la fête des fous (AA3665).
Ces chants se sont rapidement intégrés à
des divertissements, à des farces pastorales et à
des mystères de la Nativité. Dès le
début, les thèmes pieux, les pastorales tirés
du récit évangélique et la grossièreté
populaire se sont intimement mélangés.
Le
même phénomène se retrouve du côté
anglais. Le terme carol désignait une chanson
caractérisée par l'alternance d'un refrain
à danser chanté en choeur et de strophes chantées
par un soliste. Par étapes, cette forme quitte le
monde profane pour rejoindre le répertoire sacré
sous forme de louange à la Vierge Marie ou de chant
de Noël. Et ce n'est qu'à partir de la Réforme
que le terme carol est appliqué à
tout chant de Noël, quelle que soit sa forme ou son
origine.
En
Italie, c'est à la fin du XVIIe siècle que
naît une coutume musicale : des bergers des Abruzzes
descendent sur Rome pendant l'Avent et viennent jouer en
duo devant la Crèche. L'un des bergers joue du chalumeau,
un instrument assez primitif à anche unique, l'autre
de la musette. Les deux instruments chantent en voix parallèles
sur un bourdon tenu par la musette. C'est ainsi que naît
le genre de la pastorale qui allait traverser toute
la musique de Noël de l'ère baroque, depuis
les Concertos grossos de Corelli, Locatelli ou
Torelli, jusqu'à l'Oratorio de Noël
de Bach. Elle est caractérisée par ses balancements
rythmiques, par sa mesure assez lente et l'imitation des
instruments populaires des bergers.
Le
Romantisme a délaissé cette fête populaire.
Quelques pièces ou mélodies de circonstance,
un décor pour un opéra, voilà l'essentiel
de ce que nous ont laissé les grands compositeurs
du XIXe siècle.
De
nos jours, Noël est devenu avant tout une affaire commerciale.
Les éditeurs de disques réunissent quelques
grosses pointures de leur catalogue et invitent quelques
artistes venus d'autres horizons pour un "cross-over"
entre musique classique et variétés. Étalonné
au millimètre par le marketing, voici un article
de Noël pseudo "smart" qui vous épargne
tout effort douloureux au moment du choix de vos cadeaux
: ce "glamour", plein de strass bon ton, se vend
comme des petits pains, pardon comme des petites bûches...
Benoit
van Langenhove
Noël
au Moyen Âge et à la Renaissance >>