Benjamin BRITTEN (1913 - 1976)

The Turn of the Screw - Le Tour d'écrou

Par Benoit van Langenhove

 

Titre français : Le Tour d'écrou
Opéra en un prologue et deux actes op. 54.
Livret de Myfanwy Piper adapté d’une nouvelle d’Henry James.
Création : Venise, La Fenice, le 14 septembre 1954



Le livret

Dans le vieux manoir anglais de Bly (Essex), une gouvernante doit affronter des événements mystérieux : les deux enfants placés sous sa garde sont menacés par l'esprit de la gouvernante précédente, et surtout par celui de son amant, un valet franchement libertin. Mais s'agit-il bien de fantômes ou sont-ce des hallucinations de la gouvernante ? Tous les efforts de cette dernière pour neutraliser l’emprise des deux esprits auront des conséquences tragiques.
 

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L'oeuvre

The Turn of the Screw (Le Tour d’écrou) est construit sur un thème qui traverse l’œuvre de Britten, celui de la corruption de l’innocence. Á première lecture, la nouvelle d’Henry James semble un conte de terreur. Mais bien vite, il apparaît que l’important n’est pas la résolution d’énigmes de caractère fantastique, mais plutôt le conflit qui se livre dans les âmes. Pour James, l’inquiétante étrangeté réside moins dans les choses extérieures qu’en nous-mêmes. Le fantastique, c’est avant tout le réel regardé avec d’autres yeux, ou c’est le produit de notre mauvaise conscience, de nos hantises ou de nos angoisses. Dans la nouvelle, les fantômes ne parlent pas, alors que dans l’opéra, la librettiste, Myfanwy Piper, leur fournit un texte et Britten une musique magnifique, tout en exigeant leur présence sur scène. Il est certain que les esprits laissent le compositeur britannique parfaitement froid. Mais il y a dans la nouvelle, en raison du mystère et de la tension qui l’habitent, un climat envoûtant, une poésie que la musique peut restituer et transfigurer.

Á l’époque de la création de l’opéra, l’homosexualité était un sujet tabou, soumis aux tracasseries de la police. Tout ce que la nouvelle contenait de non-dit, de dénonciation des pressions puritaines (l’histoire se passe à l’ère victorienne), éveillait chez Britten bien des sympathies.

La partition de The Turn of the Screw est une des plus étonnantes du répertoire contemporain. Des moyens extrêmement réduits (six chanteurs et quatorze instrumentistes) suffisent à suggérer le vague et les forces éparses des ténèbres. Les seize scènes sont reliées entre elles par des interludes construits sur des variations, lesquelles donnent une nouvelle perspective du thème du destin qui se resserre (le tour d’écrou). Les fantômes ont de véritables “chants de sirènes” mélismatiques, capiteux et sensuels qui ouvrent aux enfants des perspectives magiques. La gouvernante s’appuie sur un lyrisme plus dur et les enfants s’expriment en des mélodies simples, proches de la ballade et du plain-chant.
 

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La distribution

Le Narrateur du prologue, ténor
La Gouvernante, soprano
Miles, jeune garçon à sa charge, garçon soprano
Flora, jeune fille à sa charge, soprano
Mrs Grose, l'intendante, soprano
Miss Jessel, ancienne gouvernante, soprano
Peter Quint, ancien valet de chambre, ténor

L'action se déroule au milieu du 19e siècle, à Bly et dans les environs de cette demeure située dans l'est de l'Angleterre.
 

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Discographie

Cinq versions du Tour d'écrou se partagent nos faveurs.

L’enregistrement monophonique de Benjamin Britten (référence Médiathèque : EB8899) a été gravé dans la foulée de la création en 1954. Il est dominé par les personnalités de Peter Pears, Jennifer Vyvan et David Hemmings, alors jeune chanteur avant de devenir le comédien et réalisateur de cinéma que nous connaissons (Blow up, Barbarella,…).

Deuxième dans l’ordre chronologique, la version de Colin Davis (EB8898) est aussi l’alternative la plus crédible à l’enregistrement de Britten grâce à une conception plus dramatique de la partition et aux excellentes interprétations d’Helen Donath, Heather Harper et Robert Tear. Seule réserve, Michaël Ginn n’est pas du niveau de qualité de David Hemmings. Signalons que cet enregistrement sert de base à une vidéo opéra réalisé en décors naturels (en Tchécoslovaquie) par Petr Weigl (EB8896).

L'enregistrement de Stuart Bedford, ancien collaborateur de Britten, pâlit face aux très fortes personnalités de ses concurrents. Néanmoins, il peut attirer les amateurs de sonorités orchestrales plus rondes, moins âpres. La distribution contient quelques perles dont l’extraordinaire Felicity Lott et le fascinant Philip Langridge (EB8900). L'enregistrement d'Antonio Pappano a été enregistré en "live" au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles. Il se caractérise par une extraordinaire athmosphère. Dans la distribution vocale, soulignons la prestation d'Anthony Rolfe Johnson dans le rôle de Quint et  de Susan Chilcott dans celui de la gouvernante (EB8895). Dernier en date, l'enregistrement de David Harding a été effectué suite à une série de représentations données au cours du Festival d'Aix-en-Provence 2001 dans une mise en scène de Luc Bondy d'une intelligence et d'une sensibilité magistrales. Outre la direction dramatique et colorée de Harding, il faut noter l'exceptionnelle incarnation de Quint par Ian Bostridge (EB8893). 

 

Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque.

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Bibliographie

CARPENTER, Humphrey, Benjamin Britten, A biography, Faber and Faber, 1992
DE GAULLE, Xavier, Benjamin Britten ou l'impossible quiétude, Actes Sud, 1996
OLIVER, Michael, Benjamin Britten, Phaidon, 1996
Le Tour d'écrou, L'Avant-Scène Opéra n° 173, septembre-octobre 1996. 

Liens

L'Avant-Scène Opéra a consacré son n° 173 au Tour d'écrou

La biographie de Benjamin Britten

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