Opéra
en deux actes et quatre tableaux.
Titre français : La Vie brève.
Livret de Carlos Fernández Shaw (adaptation française de Paul
Milliet).
Composition : Première version : de l'été 1904 à
mars 1905 - Deuxième version : 1908.
Création (en français) : Nice, Théâtre du Casino
Municipal, le 1er avril 1913.
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L'histoire de l'opéra espagnol au vingtième siècle se confond avec une histoire de la zarzuela. La tentative, faite au dix-neuvième siècle par Felipe Pedrell, de promouvoir une autre tradition d'opéra différente de la Zarzuela ne trouva guère d'échos. Écrite à l'origine en un acte pour être présentée au concours de composition (opéra) de l'Académie royale des beaux-arts San Fernando de Madrid, La Vida breve y obtint le premier prix dans la catégorie opéra. Effrayé par le genre imprécis de l'oeuvre, hésitant entre la zarzuela grande, le mélodrame et le drame lyrique, la direction du Teatro Real refusa tout net de respecter son engagement de monter l'oeuvre primée. Sur ces entrefaites, Falla s'installe en France, à Paris. Sous les conseils de Paul Dukas et de Claude Debussy, Manuel de Falla remanie son opéra, tant la musique que le texte. Terminée en 1908, La Vida breve fut présentée, le 1er avril 1913 en création mondiale à Nice, dans une version en deux actes adaptée en français par Paul Milliet
Écrite à toute vitesse avec la collaboration d'un des principaux auteurs de livrets pour zarzuela, La Vida breve est un opéra vériste espagnol. Elle fut composée, d'abord en un acte, puis remaniée en deux de la même manière que I Pagliacci qui est un opéra en deux actes sans interruption. Les effets de "vie réelle" montrent la connaissance, par Manuel de Falla, de la Louise de Gustave Charpentier. À l'influence, bien compréhensible, de la Carmen de Bizet et de l'opéra vériste italien, nous pouvons ajouter celle de Richard Wagner. Cette dernière influence se marque, non pas tant dans l'usage de leitmotiv, ici bien discret, mais dans l'écriture orchestrale. Mais l'influence la plus puissante est celle du chant andalou. En bon folkloriste, Manuel de Falla se garde de citer trop directement un air populaire. Comme Béla Bartók, il a étudié les constantes, démonté les rythmes de cette musique traditionnelle pour en recréer une autre, unique.
À une époque où l'Europe était encore à construire, l'apport de Manuel de Falla à l'opéra ne fut pas apprécié à sa juste valeur. L'Espagne "mystique et mystérieuse" était encore très refermée sur elle-même et sujette à caricature ou, en termes plus élégants, réduite à une vision de "carte postale".
Acte I
À Grenade. La grand-mère nourrit les oiseaux au milieu de chansons
et de bruits familiers. Sa petite fille, Salud, attend impatiemment l'arrivée
de celui qu'elle croit être son promis : Paco. Celui-ci arrive enfin
et lui témoigne son amour comme à l’accoutumée. L'oncle
de Salud apprend à la grand-mère que Paco va en fait se marier
avec une fille de la noblesse, Carmela. La grand-mère entre dans une
grande colère.
Acte II
La fête de mariage de Paco et Carmela bat son plein. Salud arrive et apprend que Paco l’a trahie. Mise en présence de ce dernier, elle dénonce publiquement sa trahison avant de défaillir et tomber morte à ses pieds.
Salud - soprano
La grand-mère - mezzo-soprano ou contralto
Carmela - mezzo-soprano
Une vendeuse - mezzo-soprano
Deuxième et troisième vendeuses - soprano
Paco - ténor
L'oncle Sarvaor - basse chantante ou baryton
Le chanteur - baryton
Manuel - baryton
Une voix dans la forge - ténor
La voix d'un vendeur - ténor
Une voix lointaine - ténor
L'action se passe de nos jours (= début XXe siècle) à
Grenade
Cinq versions sont disponibles à la Médiathèque.
Deux versions dominent la discographie. Ceux qui n'ont pas peur des enregistrement
monophoniques admireront la puissante évocation orchestrale d'Ernesto
Halffter. Autre point fort, la première Salud de Victoria de Los Angeles.
La chanteuse espagnole trace un étonnant parallélisme entre
l'héroïne andalouse et la Mélisande de Debussy. La version
Navarro 1978 (référence: EF1405),
avec Teresa Berganza, Alicia Naffé, José Carreras et Juan
Pons, s’impose par sa distribution vocale de luxe.
La version Mata 1994, avec orchestre et choeur vénézuéliens
(EF1415),
est négligeable : un chef peu inspiré, un orchestre qui fait
ce qu'il peut, une héroïne brouillée avec la justesse et
des comparses sans grand relief. Seul l'enregistrement peut intéresser les
amateurs de prises de son spectaculaires.
La version Frühbeck de Burgos -1965- (EF1403) garde tout son attrait grâce à la présence de Victoria de Los Angeles et du meilleur "cantaor" de la discographie, Gabriel Moreno, mais le reste de la distribution est plus faible.
Après une série passionnante d'enregistrements de musique espagnole,
on attendait avec gourmandise la version de Josep Pons(EF1406).
Hélas, l'attente est déçue : quelques beaux moments orchestraux
ne sauvent pas l'absence de vérité théâtrale. Ce
sera pour une autre fois sans doute.
CAMPODONICO, Luis, Falla, Coll. Solfèges, Seuil,
1959
HOFFELÉ, Jean-Charles, Manuel de Falla, Fayard, 1992
La Vie brève, L'Avant-Scène Opéra n° 177, mai/juin 1997
L'Avant-Scène Opéra a consacré son n° 177 à La Vie brève
Le livret se trouve en ligne :
Les archives de Falla
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