Benoit MERNIER (1964)

A Midsummer Night's Dream

par Anne Genette


Opéra en trois actes d’après la pièce éponyme de Frank Wedekind
Livret de Jacques De Decker
Titre français : L'Éveil du printemps

Création : Bruxelles, La Monnaie, le 9 mars 2007

L’opéra est une commande de la Monnaie réalisé avec le soutien des enfants
de Godelieve de Kerchove d’Exaerde, en mémoire de leur mère.


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Repères biographique de Frank Wedekind

Frank Wedekind (1864-1918) occupe une place prépondérante dans l’histoire du théâtre en langue allemande mais aussi dans celle de l’opéra. Non content d’avoir fourni à Alban Berg le livret d’un de ses chefs -d’œuvre lyriques, Wedekind donne matière à Benoît Mernier pour son premier opéra : Frühlings Erwachen.

Frühlings Erwachen (L’éveil du printemps) de Frank Wedekind vit le jour en 1891. Cette « Tragédie enfantine », comme la sous-titre l’auteur, reflète certaines des difficultés familiales qu’il rencontra, notamment avec son père.

La plupart des documents concernant l’auteur étant formulés en allemand, il m’a semblé opportun de dresser ici, aussi brièvement que possible, sa biographique. Les œuvres citées le sont à titre informatif.

24 juillet 1864 Naissance à Hanovre, fils de Wilhelm Wedekind et de Émilie Kammerer. Il est prénommé Benjamin Franklin, sans doute en souvenir du séjour que Wilhelm effectua aux États-Unis après la révolution de 1848.

Son théâtre véhicule des thématiques récurrentes parmi lesquelles la valeur de l’impulsion sexuelle, l’hypocrisie des prescriptions de la morale sociale et la croyance en une libre communion entre les hommes fondée sur le Bien et le Beau

Kerstin Avemo (Wendla) . Photo : Johann Jacobs

À propos de Frühlings Erwachen de Benoît Mernier.

À propos de Frühlings Erwachen de Benoît Mernier

Pour son premier opéra, Benoît Mernier a choisi de conserver le découpage en trois actes de la pièce de Frank Wedekind et d’en suivre la trame générale. Il ne s’agit nullement d’une adaptation littérale mais d’une interprétation personnelle dans le respect de l’œuvre originale.

Le livret élaboré par Jacques De Decker préserve le style allusif si caractéristique de la langue de Wedekind, lui permettant de suggérer l’indicible sans appuyer le trait.

La musique de Benoît Mernier renforce ce pouvoir de la suggestion dans les moments où les affects doivent se comprendre à demi-mot.

Nous sommes dans le domaine du fragile, du délicat, du fugace. Ce temps qui marque le passage de l’enfance à l’âge adulte et que l’on nomme adolescence. Frühlings Erwachen nous débarque dans un autre monde, un monde peuplé d’êtres « qui ne sont plus tout à fait mais ne sont pas encore ». Cet état intermédiaire génère, on s’en doute, bien des interrogations, bien des incertitudes, bien des angoisses. Que se passe-t-il lorsque cet univers clos sur lui-même est confronté à des adultes ayant leurs certitudes, leurs normes, leurs opinions ? Comment s’adaptent les uns et les autres ? Et au-dessus de tout, comment se vivent les premiers émois amoureux ? Voici tracées dans les grandes lignes les thématiques qui traversent l’opéra au rythme ô combien variable des adolescents, à leur gré, devrait-on dire.

Synopsis

Acte 1

Wendla vient d’avoir quatorze ans, ce n’est plus une petite fille mais elle n’est pas prête pour autant à accéder au statut officiel de femme en portant une jupe longue comme le lui suggère sa mère. De leur côté, les garçons exposent leur vision très critique de l’école et des contraintes éducatives. Melchior promet à Moritz de l’instruire en matière de sexe. Les jeunes filles se retrouvent et échangent les mille riens de leur vie quotidienne. Wendla est fascinée par Martha, battue par son père, au point de demander à Melchior de la battre.

Acte 2

Seul dans sa chambre, Hänschen se livre aux joies de l’auto-érotisme. Wendla, apprenant la naissance d’un neveu, voudrait savoir d’où viennent les bébés. Malgré tous ses efforts, sa mère ne réussira pas à lui révéler le secret de la vie. En visite chez Melchior, Moritz est troublé par la mère de ce dernier. S’étant retrouvés seuls, Melchior entraîne Wendla à une première relation sexuelle. Moritz a échoué à l’école, il veut fuir en Amérique et espère le soutien de la mère de Melchior. Celle-ci le lui refuse. Désemparé, il rencontre Ilse, une jeune fille bohème qui l’invite à la suivre. Moritz refuse et se tire une balle dans la tête.

Acte 3

Les jeunes observent, par-dessus le mur du cimetière, les funérailles de Moritz. Choqués par l’attitude des adultes, ils se livrent à une parodie de la scène du renvoi de Melchior par le corps professoral. Les parents de Melchior le placent dans une maison de correction non sans avoir réglé leur petits comptes conjugaux. Wendla meurt des suites d’un avortement raté tandis que Melchior rêve de s’enfuir et de la rejoindre. Hänschen et Ernst s’abandonnent à leur attirance mutuelle. Melchior, en fuite, s’est réfugié dans le cimetière où il découvre la tombe de Wendla. Il y rencontre Moritz, portant sa tête, qui cherche à l’entraîner au royaume des morts. Surgit alors un Homme-Masqué qui renvoie Moritz aux ténèbres et emmène Melchior vers son avenir.

Lisebeth Devos (Ilse). Photo Johann Jacobs

Distribution

Wendla Bergmann (soprano) : quatorze ans, tour à tour fantasque et exaltée ou déprimée jusqu’à la morbidité. Sa soif de savoir se heurte à la résistance d’une mère qui semble bien démunie face aux questions de sa fille cadette.

Une figure orchestrale caractéristique, sorte de thème-mémoire, se fait entendre lors des interventions de Wendla.

Frau Bergmann (mezzo-soprano) : avec ses préoccupations très concrètes, elle semble dissimuler les blessures d’une histoire personnelle dont l’homme est absent. Son incapacité à informer sa fille en passe de devenir adulte, ouvrira la porte au drame.

Melchior Gabor (ténor) : pragmatique et réaliste, leader naturel du groupe. Il aura bien du mal à gérer son attirance, tout d’abord physique, pour Wendla.

Frau Gabor (mezzo-soprano) : coquette et inconsciente du passage du temps. Elle voit encore son fils comme un petit garçon et ne supporte pas l’idée qu’il puisse y avoir une autre femme dans sa vie.

Moritz Stiefel (baryton) : son profil vocal aux larges intervalles en dit long sur son mal-être. Angoissé face à ses maigres résultats scolaires, il redoute la réaction de ses parents en cas d’échec.

Hänschen (ténor) : personnage sensuel qui se révélera en tant que leader après le départ de Melchior.

Ilse (soprano) : croque la vie de toutes ses dents. Virtuosité vocale et énergie vitale.

Ernst, Georg, Otto : les garçons

Martha, Théa  : les filles

Der vermummte Herr – l’Homme-Masqué : personnage mystérieux qui, sorti du néant, vient infléchir le cours des événements. Ce deus ex machina apparaît régulièrement dans le théâtre de Wedekind.

Orchestre symphonique et chœur d’enfants .

Dans l’opéra de Benoît Mernier, les rôles confiés à des adultes n’apparaissent pas sur le plateau à l’exception de l’Homme-Masqué. Le chœur d’enfants s’attribuant les paroles des professeurs donne lieu à un contre-emploi porteur de sens.

Une large place a été réservée à la suggestion, à l’évocation plutôt qu’à une explication pas à pas de l’action. L’orchestre plonge la scène dans des ambiances nocturnes et laissent à chaque auditeur le soin de mûrir le fruit de ses réflexions.

L’Art n’a pas besoin de mode d’emploi pour exhaler sa poésie.



Discographie

Pour la discographie complète de Benoit Mernier, cliquez ici.

 

Bibliographie

Liens

Biographie de Benoit Mernier

Voir aussi les commentaires de Benoît Mernier, notamment « Entre la sciure et les
copeaux : brèves d’atelier », propos recueillis par Tarquin Billet, le 31 janvier 2003, in Livre Programme Ars Musica, 2003.

 


Représentations dans le monde

 

 

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