Giovanni Battista PERGOLESI (1710-1736)

Pergolesi - La Serva padrona

Par Benoit van Langenhove   

 

Titre français : La Servante maîtresse
Intermezzo in due parte
Livret de Gennaro Antonio Federico
Création: Naples, Teatro San Bartholomeo, le 28 août 1733
 

Le compositeur : une vie brève

Giovanni Battista Pergolesi étudie à Naples au Conservatorio dei Poveri de Gesù Cristo avec Greco, Vinci et Durante durant les années 1720. Il chante également dans le choeur de l'institution et conduit les violons de l'orchestre. Malgré la brièveté désolante de sa vie - il semble avoir souffert d'une malformation physique et de tuberculose -, Pergolesi produit, en six ans à peine, une remarquable quantité de musique pour divers mécènes italiens. Il passe ses dernières semaines dans un monastère franciscain à Pozzuoli, où il compose deux de ses plus belles oeuvres, le Stabat Mater et le Salve Regina.
 

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L'intermezzo

Attaché historiquement à l'univers de l'opera seria, l'intermezzo est son antithèse stylistique. Il était conçu à l'origine comme une parenthèse au sein d'une soirée consacrée à la tragédie.

Dès son origine, l'opéra italien mêlait passages sérieux et passages comiques (les opéras de Monteverdi en donnent de bons exemples).
Au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, les parties humoristiques commencèrent peu à peu à se séparer du reste de l'opéra.

Elles furent d’abord placées à la fin des actes puis complètement éliminées de l'opera seria et occupèrent entièrement les deux entractes. Ces divertissements, assez grossiers au départ, furent peu à peu stylisés et élevés à un certain niveau artistique. Finalement, les deux pièces d’entractes furent reliées par une même action. La Serva Padrona appartient à cette catégorie d'oeuvres.

L’intermezzo est donc, par essence, un spectacle bref, mettant en scène peu de personnages. Issu des rôles comiques qui furent progressivement évincés de l'opera seria, il se rattache, du point de vue dramatique, à la tradition de la commedia dell'arte.

Il est né aussi du besoin d'opposer à la représentation d'un individu dépassé par son destin la description humoristique d'un individu de condition ordinaire, éprouvant des sentiments naturels et agissant raisonnablement.

L'histoire

Uberto, célibataire endurci, est un "vieillard" sympathique, mais un peu niais. Serpina (littéralement petit serpent), sa servante, entreprenante, malicieuse, débordante d'intelligence et d'énergie, voudrait bien l'épouser. Comme il ne semble pas y songer, elle lui présente un prétendu fiancé, le terrible Tempesta. C’est en réalité un serviteur déguisé, Vespone (littéralement grosse guêpe), un être léthargique et empoté. Inquiet sur le sort de sa servante livrée à un tel personnage, Uberto lui offre le mariage. Ainsi, de servante, Serpina devient maîtresse.
 

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La distribution

Uberto, un vieux barbon, basse
Serpina, sa servante, soprano
Vespone, un domestique, rôle muet
 

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Discographie sélective

À la Médiathèque, huit versions sont disponibles (pour la discographie complète, cliquez ici) :

Autant le dire tout de suite, le récent enregistrement de Sigiswald Kuijken (en CD et en DVD : BP3782) domine de haut la discographie. Enregistrée à la suite de représentations à la Monnaie de Bruxelles, sa version à pour atouts une pertinence de style, un allure alerte et des rythmes aux pieds légers. Dans les versions plus anciennes,  Maier séduit par son orchestre incisif et stylé, mais les chanteurs ne sont pas synonymes de plaisir vocal (BP3726). La version niçoise, placée sous la direction de Bezzina, convainc grâce à ses solistes très théâtraux, mais pêche par un orchestre très routinier (BP3730). La même remarque peut être adressée à la version Czepiel où seul Polidori mérite notre attention (BP3728). Pour finir, seule la version Ros-Marba possède le minimum de charme, de musicalité et de drôlerie requis (BP3727).

Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque.

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Bibliographie

COLAS, Damien, “ La Serva padrona ”, Dictionnaire des oeuvres de l'art vocal, Bordas, Paris, 1992.
BERGER, Daniel, "Des entractes riches d'avenir", La Monnaie Magazine n°XXIV, Bruxelles, octobre - novembre 1996.
Catalogue Opéra, Médiathèque C.F.B., Bruxelles, 1994.
 

Liens

Le livret de la Serva Padrona se trouve ici:

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Représentations dans le monde

 

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