Gioacchino ROSSINI (1792-1868)

Rossini : Guillaume Tell

Par Benoit van Langenhove

 

Opéra en quatre actes d'apès la tragédie de Friedrich von Schiller 
Livret d'Etienne de Jouy et Hippolyte Bis avec la participation d'Armand Marrast et Adolphe Crémieux. 
Création: Paris, Academie Royale de Musique, le 3 août 1829

L'oeuvre

Guillaume Tell est la dernière œuvre que composa Rossini pour le théâtre. Dans cette partition, il prétend assimiler les nouveaux courants du romantisme musical, nés en Allemagne, et en faire une grandiose et monumentale synthèse avec les éléments hérités de l’opéra italien et français.

S’inspirant du drame homonyme de Schiller, Rossini produit le modèle du grand opéra historique qui allait être la marque du théâtre lyrique français au cours du XIXe siècle (Meyerbeer, Halevy,…).

Avec Guillaume Tell, Rossini porte à la scène le patriotisme vu à travers un épisode marquant de l’histoire européenne. La Suisse, se libérant du joug autrichien, est devenue l’élément essentiel d’une action où l’intrigue amoureuse passe au second plan.

Et, innovation essentielle de l’opéra romantique, le sentiment de la nature s’y exprime par une évocation musicale des rumeurs de la forêt, des murmures du lac, des bruits de la tempête, des grondements de l’orage. Tout ce pittoresque descriptif que Rossini introduit pour la première fois dans sa musique sert de décor à un drame où le compositeur s’efforce de concilier un “naturel” hérité de Gluck avec le chant orné, cher aux Italiens.

La très célèbre ouverture illustre cette volonté narrative. Un solo de violoncelle dépeint la tranquillité d’un paysage de montagnes bientôt troublée par une tempête. Le calme revient avec un “ranz des vaches” joué par le cor anglais et la flûte. L’ouverture se termine par une cavalcade symbolisant le réveil belliqueux des Suisses.

Autre page réputée, la romance de Mathilde Sombre forêt dont la simple structure strophique s’enrichit d’une subtile orchestration. Les amateurs d’exploits vocaux se régalent du contre-ut dangereusement exposé de l’air Asile héréditaire. Mais le meilleur de la partition se trouve dans les ensembles comme le très beau trio d’Arnold, Tell et Walter au 2e acte.

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Discographie sélective

Enregistrer Guillaume Tell fait peur aux éditeurs de disques. En raison de la difficulté d’établir une bonne distribution vocale, les enregistrements sont peu nombreux : un seul en français et deux dans une adaptation en italien.

La version de Gardelli (référence médiathèque: DR 7634) est la seule qui nous permette de découvrir la partition dans sa version originale française. Malheureusement, le chef est désespérément monotone, sans le moindre sens du théâtre qui permettrait à l’auditeur de visualiser la fresque épique. Gedda reconnaissait que le rôle d’Arnold était une erreur dans sa carrière, mais la prestation est respectable. Caballé, superbe de voix, semble étrangère au texte chanté. Quant à Gabriel Bacquier, en dehors du fait qu’il chante correctement le français, il n’a ni le style, ni la voix du rôle.

Dans la version italienne, Riccardo Chailly se montre flamboyant (DR 7635). Le trio masculin est le point fort de cet enregistrement tout en muscles. Pavarotti, fier et impérieux, nous gave de sa voix chaude et lumineuse; Milnes caractérise admirablement le rôle de Guillaume Tell et la voix d’airain de Ghiaurov est toujours aussi somptueuse.

Enregistré durant les représentations à la Scala de Milan en décembre 1988, le Guillaume Tell dirigé par Riccardo Muti (DR 7636) offre la direction orchestrale la plus idiomatique et la plus passionnante. Chris Merritt est stupéfiant de facilité dans la vaillance et l’héroïsme; Cheryl Studer, somptueuse, et Zancanaro, poignant, domine une distribution où les rôles secondaires comportent quelques faiblesses.

Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque.

Bibliographie

Guillaume Tell, Avant-Scène Opéra n° 118, Paris
BARTLET M.E.C., “Guillaume Tell” in Dictionnaire des œuvres de l’art vocal, Bordas, Paris, 1991.
“Guillaume Tell entre France et Italie” in Opéra International n° 120, décembre 1988.
BOURGEOIS, Jacques, L’opéra des origines à demain, Juilliard, Paris 1983.

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Liens

L'Avant-scène-opéra a consacré ses n°118 à Guillaume Tell

La Scuola di paleografia e filologia musicale de l''Université de Pavie (Italie) a mis en ligne tout une série de documents sur l'opéra de Rossini: le texte du livret, la distribution vocale (avec les tessitures),  la nomenclature des instruments ainsi que des documents iconographiques 

OperaGlass, Standford,  a également mis des documents en ligne (livret, gravures, discographie très complète, ...)

Un des correspondants du Concertographe a vu la production viennoise de Guillaume Tell. Sa critique est ici:

Guillaume Tell, l'imposteur fédéral: un excellent article démystificateur écrit par Véronique Maurus pour la série Au pays des mythes parue dans Le Monde

 

Représentations en Europe

Vienne, Staatsoper : 28 octobre - 5 novembre 2001

Représentations dans le monde

 

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