Gioacchino
ROSSINI (1792-1868)
Par Benoit van Langenhove
Opéra
en quatre actes d'apès la tragédie de Friedrich von Schiller L'oeuvre Guillaume Tell est la dernière uvre que composa Rossini pour le théâtre. Dans cette partition, il prétend assimiler les nouveaux courants du romantisme musical, nés en Allemagne, et en faire une grandiose et monumentale synthèse avec les éléments hérités de lopéra italien et français. Sinspirant du drame homonyme de Schiller, Rossini produit le modèle du grand opéra historique qui allait être la marque du théâtre lyrique français au cours du XIXe siècle (Meyerbeer, Halevy, ). Avec Guillaume Tell, Rossini porte à la scène le patriotisme vu à travers un épisode marquant de lhistoire européenne. La Suisse, se libérant du joug autrichien, est devenue lélément essentiel dune action où lintrigue amoureuse passe au second plan. Et, innovation essentielle de lopéra romantique, le sentiment de la nature sy exprime par une évocation musicale des rumeurs de la forêt, des murmures du lac, des bruits de la tempête, des grondements de lorage. Tout ce pittoresque descriptif que Rossini introduit pour la première fois dans sa musique sert de décor à un drame où le compositeur sefforce de concilier un naturel hérité de Gluck avec le chant orné, cher aux Italiens. La très célèbre ouverture illustre cette volonté narrative. Un solo de violoncelle dépeint la tranquillité dun paysage de montagnes bientôt troublée par une tempête. Le calme revient avec un ranz des vaches joué par le cor anglais et la flûte. Louverture se termine par une cavalcade symbolisant le réveil belliqueux des Suisses. Autre page réputée, la romance de Mathilde Sombre forêt dont la simple structure strophique senrichit dune subtile orchestration. Les amateurs dexploits vocaux se régalent du contre-ut dangereusement exposé de lair Asile héréditaire. Mais le meilleur de la partition se trouve dans les ensembles comme le très beau trio dArnold, Tell et Walter au 2e acte. Discographie sélective Enregistrer Guillaume Tell fait peur aux éditeurs de disques. En raison de la difficulté détablir une bonne distribution vocale, les enregistrements sont peu nombreux : un seul en français et deux dans une adaptation en italien. La version de Gardelli (référence médiathèque: DR 7634) est la seule qui nous permette de découvrir la partition dans sa version originale française. Malheureusement, le chef est désespérément monotone, sans le moindre sens du théâtre qui permettrait à lauditeur de visualiser la fresque épique. Gedda reconnaissait que le rôle dArnold était une erreur dans sa carrière, mais la prestation est respectable. Caballé, superbe de voix, semble étrangère au texte chanté. Quant à Gabriel Bacquier, en dehors du fait quil chante correctement le français, il na ni le style, ni la voix du rôle. Dans la version italienne, Riccardo Chailly se montre flamboyant (DR 7635). Le trio masculin est le point fort de cet enregistrement tout en muscles. Pavarotti, fier et impérieux, nous gave de sa voix chaude et lumineuse; Milnes caractérise admirablement le rôle de Guillaume Tell et la voix dairain de Ghiaurov est toujours aussi somptueuse. Enregistré durant les représentations à la Scala de Milan en décembre 1988, le Guillaume Tell dirigé par Riccardo Muti (DR 7636) offre la direction orchestrale la plus idiomatique et la plus passionnante. Chris Merritt est stupéfiant de facilité dans la vaillance et lhéroïsme; Cheryl Studer, somptueuse, et Zancanaro, poignant, domine une distribution où les rôles secondaires comportent quelques faiblesses. Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque. Bibliographie Guillaume Tell, Avant-Scène
Opéra n° 118, Paris Liens L'Avant-scène-opéra a consacré ses n°118 à Guillaume Tell La Scuola di paleografia e filologia musicale de l''Université de Pavie (Italie) a mis en ligne tout une série de documents sur l'opéra de Rossini: le texte du livret, la distribution vocale (avec les tessitures), la nomenclature des instruments ainsi que des documents iconographiques OperaGlass, Standford, a également mis des documents en ligne (livret, gravures, discographie très complète, ...) Un des correspondants du Concertographe a vu la production viennoise de Guillaume Tell. Sa critique est ici: Guillaume Tell, l'imposteur fédéral: un excellent article démystificateur écrit par Véronique Maurus pour la série Au pays des mythes parue dans Le Monde
Représentations en Europe Vienne, Staatsoper : 28 octobre - 5 novembre 2001 Représentations dans le monde
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