Giuseppe VERDI (1813-1901)

Verdi : La Traviata

Par Benoit van Langenhove

 

Opéra en trois actes.
Livret de Francesco Maria Piave d'après La Dame aux Camélias d'Alexandre Dumas fils.
Composition : 1853, révisé en 1854  
Création: Venise, Teatro La Fenice, le 6 mars 1853 (1ère version)
              Venise, Teatro San Benedetto, 6 mai 1854 (2ème version) 

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Le livret

Lors d'un bal, Alfredo Germont rencontre la courtisane Violetta. Le coup de foudre réciproque ne semble déboucher sur rien de concret, mais le trouble s'installe chez Violetta. Quelques mois plus tard, Violetta et Alfredo s'aiment dans une villa des environs de Paris. Bientôt, le père d’Alfredo demande à la jeune femme de se sacrifier, sans rien dire à son fils, pour l'avenir de leur famille. Ce dernier croit à la trahison de son amie. Lors d'une rencontre dans une salle de jeux, Alfredo l'injurie. Le jour du carnaval, Violetta reçoit la visite d'Alfredo. Son père lui ayant tout avoué, il vient se réconcilier et se faire pardonner. Mais la maladie a fait son oeuvre, Violetta meurt dans ses bras.

 

L'oeuvre

La Traviata est un opéra politique, une réflexion sur le statut de la femme dans un monde dominé par les hommes. Le livret s'inspire d'une actualité brûlante : le roman La Dame aux Camélias d'Alexandre Dumas fils, ainsi que de la pièce homonyme, écrite postérieurement. Dumas y conte, dans une fiction, à la fois romanesque et biographique, la vie d'une demi-mondaine : Marie Duplessis (de son vrai nom Alphonsine Plessis). Par les chemins de la prostitution, la jeune femme effectue une fulgurante ascension sociale. Marie a vingt ans quand elle devient, pendant quelques mois, la maîtresse d'Alexandre Dumas fils. Incapable de suivre le train de vie luxueux de sa liaison, l'écrivain doit la quitter. Peu de temps après, minée par la phtisie, Marie meurt, complètement ruinée. En 1848, Dumas lui voue un roman culte puis, quatre ans plus tard, une pièce de théâtre : Marie Duplessis se transforme en Marguerite Gautier, la Dame aux Camélias.

Verdi et son librettiste Piave ont gardé toutes les cruautés de ce miroir social où se révèlent les coulisses d'une société pétrie de morale et d'hypocrisie. Violetta, face à l’intransigeance de Germont, le père d’Alfredo, se sacrifie pour assurer l’avenir d’une fille promise au bonheur bourgeois (la soeur d’Alfredo) auquel l’existence d’une belle-soeur au passé “chargé” ne lui aurait pas permis d’accéder. L'aspiration de Violetta ne se résume pas à la recherche de l'extase amoureuse, mais aussi à une envie d'intégration. Son sacrifice ne la conduit pas, comme le voudraient les normes de l'opéra, vers la folie ou le couvent mais, et c'est là le véritable outrage, à un retour à sa condition de courtisane.

Cette situation conduit à un retournement paradoxal qui fait apparaître Germont, et son ordre “petit-bourgeois”, comme immoral et Violetta, la femme perdue, la "dévoyée", comme morale.

Dans son traitement musical, Verdi évite avec soin tout pittoresque descriptif. Les émotions intériorisées prennent le pas sur les passions exacerbées. Le "bel canto" traditionnel est soumis à une expression nouvelle. Il n'est pas une fin en soi, un feu d'artifice pour la beauté du geste et de la technique, mais un moyen d'exprimer la vérité de la situation. Les difficiles prouesses vocales du grand air de Violetta, à la fin du premier acte, ne sont là que pour montrer la tentative désespérée de l'héroïne de retourner vers un monde de frivolité qu'elle abhorre. Avec La Traviata, Verdi parvient à rendre de façon réaliste la gamme des sentiments humains. Verdi joue également, en professionnel accompli, sur les contrastes pour accentuer le tragique : l'ouverture commence par un adagio où planent la maladie et la mort et débouche sur une ambiance de fête : le carnaval sert d'arrière-fond à la mort de Violetta. L'école vériste trouvera là le fondement de l'un de ses procédés dramatiques favoris.

La mort providentielle de Violetta, rachetée par l'amour, flatte la bonne conscience du clan Germont tout autant que celle des spectateurs. Pour la paix des familles, la résurrection de Violetta doit précéder de peu sa mort physique. Après quoi, Alfredo pourra se marier et chacun restera heureux chez soi... un peu ébranlé pourtant : où est l'(a)moralité des servantes vénales de l'amour ?

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La distribution

Violetta Valéry, soprano
Flora Bervoix, mezzo-soprano
Annina, mezzo-soprano
Alfredo Germont, ténor
Giorgio Germont, son père, baryton
Gastone, vicomte de Letorières, ténor
Baron Douphol, baryton
Marquiq d'Obigny, basse
Docteur Grenvil, basse
Giuseppe, serviteur de Violetta, ténor
Un domestique de Flora, basse
Un commissionnaire, basse
Amis de Violetta et Flora, matadors, picadors, tsiganes, masques et serviteurs, choeurs

L'action se déroule à Paris et dans ses environs vers 1850. Le premier acte se déroule en août, le deuxième en janvier et le troisième en février.

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Discographie sélective

Dans les collections de la Médiathèque, ce sont près de trente versions (pour la discographie complète cliquez ici) qui se partagent vos faveurs. Attirées par les pièces de bravoure flatteuses, nombre de divas ont tenté, avec plus ou moins de bonheur, de maîtriser les facettes de ce rôle pour "Una prima donna di prima forza" (Verdi). Quelques grands chefs ont aussi essayé d'imposer le poids de leur vision. Dans cette catégorie, Toscanini mais avec une pénible distribution vocale d'où seul émerge Merill, (réf. Médiathèque : DV4083), Muti (dans sa première version avec Scotto, DV4098) et surtout Carlos Kleiber (DV4111) s'imposent. Curieusement, on notera l'absence de quelques grands ténors de la baguette comme Karajan ou Abbado.

Côté interprètes, Callas est et restera la Violetta du siècle. Quatre enregistrements, en studio ou en public, vous sont proposés, chacun a son mérite particulier (DV4084, DV4089). Mes préférences vont aux versions avec Giulini (DV4085) et Santini (DV4088).
Parmi les autres chanteuses, retenons Scotto (DV4092 et DV4098), Caballé (DV4093), Cotrubas (DV4097) et, parmi les versions récentes, Gruberova (DV4106) et Kiri Te Kanawa (DV4109).
Quant aux rôles masculins, on se régalera du travail d'un Bergonzi, fin styliste en Alfredo (DV4096 et DV4093) et de celui de Fischer-Dieskau, très subtil et imaginatif en Germont (DV4112).

Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque.

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Vidéographie


Disponible en DVD
DV4184 Rizzi / Gruberova
DV4118 Solti / Gheorghiu
DV4120 Domingo / Bonfadelli
DV4121 Sado / Delunsch
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Disponible en VHS
DV4099 Levine / Stratas
DV4182 Haitink / McLaughlin
DV4183 Muti / Fabbricini
DV4184 Rizzi / Gruberova
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Bibliographie

BOURGEOIS, Jacques, Giuseppe Verdi, biographie, Juillard, 1978
CABOURG, Jean, Guide des opéras de Verdi, Fayard, 1990
DE VAN, Gilles, Verdi, un théâtre en musique, Fayard, 1992
LABIE, Jean-François, Le cas Verdi, Laffont, 1987
PAROUTY, Michel, La Traviata, Aubier, 1988.
PETIT, Pierre, Verdi, Collection "Solfèges", Le Seuil, 1976
PHILIPS-MATZ, Mary Jane, Giuseppe Verdi, Fayard, 1996 
La Traviata, L'Avant-Scène Opéra n°51, 1983. 
van LANGENHOVE, Benoit, "La Traviata: de l'(a)moralité de la normalité", Privilège n°7, 1994.

Liens

L'Avant-Scène Opéra a consacré son n°51 (avec une mise à jour en mars 2000) à  La Traviata

Le livret original se trouve en ligne à plusieurs endroits :

La partition pour voix et piano avec le texte original et une traduction en anglais se trouve aussi sur le site de l'Indiana University Bloomington Libraries - William and Gayle Cook Music Library : 

Le site de la Fondation Verdi

Quelques journaux et magazines consacrent des dossiers à Verdi

 La Libre Belgique

 

Une amusante série de cartes postales publicitaires consacré à Traviata

 

Représentations dans le monde

 

 

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