Giuseppe
VERDI (1813-1901)
Par Benoit van Langenhove
Opéra en quatre actes
Regards sur Aïda
Aïda est l’opéra de Verdi le moins connu. Cette affirmation peut paraître
paradoxale pour une partition qui fait la joie des publics de tous les
opéras en herbe de la terre. Pourtant, rappelez-vous, il y a quelques
jours, quand vous avez annoncé à vos amis que vous alliez écouter Aïda,
n’avez-vous pas eu de leur part un regard de commisération qui avait l’air
de se demander pourquoi de si distingués mélomanes se dérangeaient pour un
défilé de dromadaires et d’éléphants entourés de chœurs en tuniques
blanches qui remuent l’air avec des palmes. Et c’est là que réside le
terrible malentendu d’Aïda : le grand public y voit un opéra à grand
spectacle, quand le mélomane y entend une succession de scènes intimes qui
traitent du conflit insoluble entre l’éthique et la nature, entre la loi
morale et les exigences de la vie, un drame où l’amour, la jalousie, le
devoir, l’honneur et la trahison se heurtent terriblement.
Dès 1870, le bruit courrait que le projet du livret était l’œuvre
du vice-roi d’Egypte, le khédive Ismail Pacha. Pour des raisons
politiques, Ismail Pacha essayait de faire reconnaître en droit la
validité du pouvoir que sa famille exerçait en fait depuis plus de
soixante ans de façon indépendante de la tutelle du sultan turc. Mais le
passé de l’Egypte était totalement inconnu du monde politique. Ismail
Pacha avait fait ses études en France et était donc plus familier avec
l’histoire de Rome qu’avec celle des pharaons. D’où ces non-sens
historiques : une action qui se déroule dans le temple de Vulcain (dieu
romain !) à Memphis, dans la vallée du Nil, un morceau de bravoure qui
ressemble étrangement à un triomphe romain et un supplice que le monde des
pharaons a toujours ignoré : la mort du héros condamné à être enterré
vivant. Le Livret Memphis, dans le Palais
Royal. Le Grand prêtre Ramphis et le capitaine des gardes Radamès
discutent des derniers événements : l’armée éthiopienne s’est à nouveau
mise sur le pied de guerre. La déesse Isis a révélé à Ramphis le nom du
commandant des troupes égyptiennes s’opposant aux Ethiopiens. Resté seul,
Radamès imagine qu’il a été désigné comme chef et qu’il restitue à
l’esclave Aïda, la fille du roi d’Ethiopie Amonasro, dont il est amoureux,
le territoire qui lui revient [Celeste Aïda]. Amnéris, qui aime
Radamès, arrive sur ces entrefaites pour sonder les sentiments profonds
qui animent ce dernier. Aïda les rejoint; Amnéris perçoit intuitivement le
sentiment qui les unit [Trio : Forse d’arcano amor]. Le roi d’Egypte
Ramphis et sa suite apprennent que les Ethiopiens, sous la conduite du
Roi Amonasro, ont envahi l’Egypte et marchent sur Thèbes. Le Roi révèle
qu’Isis a désigné Radamès comme commandant de l'armée égyptienne [Choeur:
Su, del Nilo]. Aïda est effrayée par la nouvelle qui fait au
contraire exulter de joie Radamès. Restée seule, la princesse éthiopienne
médite sur le dilemme dans lequel elle est enfermée : partagée entre son
amour et sa patrie, elle prie les dieux d’avoir pitié de ses souffrances
[Aria : Numi, pietà del mio soffrir]. Acte II Dans les appartements
d’Amnéris. Les esclaves sont en train de vêtir Amnéris pour la fête
organisée pour célébrer leur triomphe [Choeur : Chi mai fra gl’inni e i
plausi]. La princesse égyptienne continue à soupçonner les sentiments
de Aïda. Elle finit par les connaître clairement en lui communiquant la
fausse nouvelle de la mort de Radamès. N’ayant alors plus le moindre
doute, elle enlève son masque et dévoile son stratagème en jurant
vengeance [Duetto: Pietà ti prenda del mio dolor!]. Une fanfare et
un chœur triomphal célèbrent, dans le fond de la scène, l’entreprise
victorieuse de Radamès [Choeur : Su, del Nilo al sacro lido ] . Top Sur les rives du Nil. Dans le temple, les fidèles invoquent la déesse Isis [Choeur : O tu che sei Osiride]. Amnéris et Ramphis pénètrent à leur tour dans le temple pour formuler des vœux propitiatoires à la veille du mariage. Aïda se rend aussi sur les lieux, où elle évoque avec nostalgie son pays [Aria : Oh patria mia]. Arrive à son tour Amonasro qui lui assure qu’elle pourra retourner dans sa patrie et lui promet la gloire et l’amour si elle parvient à savoir quelle voie emprunteront les Egyptiens. Le peuple éthiopien pourra ainsi les surprendre. Aïda doit parvenir à soutirer ce secret à Radamès. Après un premier moment d’effroi, elle se ressaisit et finit par accepter [Duo : Rivedrai le foreste imbalsamate]. Radamès arrive. Aïda, pour se soustraire à l’injonction de son père, le supplie de s’enfuir avec elle [Duo : Fuggiam gli ardori inospiti]. Radamès ne comprend pas. Elle l’accuse alors de ne pas l’aimer mais le héros finit par lui donner son accord : ils fuiront ensemble, en traversant le défilé de Nàpata. Amonasro surgit de sa cachette. Radamès comprend qu’il a été déshonoré. Aïda et son père cherchent à le réconforter tandis que surviennent Ramphis et Amnéris. Amonasro tente de tuer la princesse égyptienne mais il est arrêté par Radamès. Il parvient à s’enfuir avec sa fille, mais les gardes se mettent à leur poursuite. Radamès se livre aux prêtres. Acte IV Dans le Palais du Roi. Près
de la porte qui donne sur la salle souterraine où se tient le tribunal,
Amnéris songe à la manière dont elle pourrait sauver Radamès. Ce dernier
entre, conduit par les gardes. Amnéris le conjure de se rétracter mais le
héros déclare qu’il veut mourir. La princesse lui révèle alors que Aïda
est encore en vie. Radamès, qui croyait qu’elle avait été tuée, comprend
que sa propre mort servira à protéger sa bien-aimée [Duo : Ah, tu dêi
vivere !]. Dans le souterrain, les prêtres et Ramphis invoquent la
justice divine [Choeur : Spirto del Nume]. Radamès refuse de se
disculper. Il est condamné à être enterré vivant. Amnéris invoque la pitié
des prêtres, mais en vain; elle jette alors l’anathème sur eux. La distribution Aïda, esclave éthiopienne -
soprano Discographie sélective Une version domine la discographie, celle dirigée par Solti à la tête des choeurs et de l'orchestre de l'Opéra de Rome (DV3308 et DV2214). Le plateau vocal réunit les remarquables prestations de Leontyne Price, Rita Gorr et Jon Vickers. Les orchestres d'Abbado (DV3315) et de Muti (DV3310) sont admirables, mais on restera plus réservé sur les chanteurs. Callas nous a aussi laissé un beau témoignage (DV3305), même si Aïda n'était pas son meilleur rôle. Elle a pour partenaire un Gobbi impérial dans le rôle d'Amonasro et une très bonne Barbieri en Amneris. Les enregistrements de Toscanini (DV3303) et d'Harnoncourt ont le même défaut rédhibitoire : un orchestre inventif face à une distribution vocale déficiente. Les amateurs de vieille cires écouteront avec grand intéret l'admirable enregistrement d'Aïda réalisé dans les années 20 à la Scala par Sabajno (DV3300) : l'admirable phrasé de Pertile, l'autorité de Minghini-Cattaneo, le goût d'Inghilleri et le feu de Giannini composent un exceptionnel plateau vocal, écho d'une époque glorieuse du chant italien. Pour avoir l'intégrale des
enregistrements d'Aïda,
cliquez ici Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque. Bibliographie BOURGEOIS, Jacques, Giuseppe Verdi,
biographie, Juillard, 1978 Liens L'Avant-Scène Opéra a consacré son n° 4 à Aïda Le livret se trouve en ligne : La partition pour voix et piano avec le texte original et une traduction en anglais se trouvent aussi sur le site de l'Indiana University Bloomington Libraries - William and Gayle Cook Music Library : Le site de la Fondation Verdi Quelques journaux et magazines consacrent des dossiers à Verdi
Représentations en Belgique La Monnaie : 30 janvier - 20 février 2002 Représentations en Europe
Duisburg, Deutsche Oper am
Rhein : 5 mai - 20 juillet 2002 Représentations dans le monde
|