Kurt WEILL (1900 - 1950)

Les Sept péchés capitaux

par Benoit van Langenhove

Ballet chanté
Titre français : Les Sept péchés capitaux
Livret de Bertolt Brecht
Composition : 1943
Création : Paris, Théâtre des Champs-Élysées, le 7 juin 1933

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L'histoire

Les Sept péchés capitaux raconte l'histoire de deux jeunes sœurs, l'une danseuse, l'autre chanteuse, envoyées dans les grandes villes des États-Unis afin de gagner l'argent nécessaire à la construction d'une maison familiale en Louisiane. Au cours de leurs pérégrinations, Anna II, assaillie par les sept péchés capitaux (paresse, orgueil, colère, gourmandise, luxure, avarice, envie), s'apprête à succomber à des tentations bien humaines mais Anna I fait triompher sa sœur de la tentation en l'obligeant à faire preuve d'autodiscipline et d'abnégation. Cela n'empêche pas Anna I de fermer les yeux sur les péchés réels de sa sœur quand ils permettent de s'enrichir : prostitution, vol et chantage.

L’œuvre

Interdit de musique sous le nazisme, Kurt Weill s'expatrie dès mars 1933 en France, à Paris. Il y décroche rapidement une commande de Boris Kochno, ancien bras droit de Serge de Diaghilev, le fondateur des Ballets russes, devenu directeur, avec le jeune chorégraphe George Balanchine, des "Ballets 1933". Avec ses complices habituels, Bertolt Brecht pour le texte et Lotte Lenya comme chanteuse, Weill construit une parabole sur la dualité sociale de l'individu dominé par l'ordre capitaliste, une parabole sur la disparité morale entre le règne de l'ordre (celui des sept péchés) et l'anarchie du matérialisme. Dans une société pour laquelle l'amour est une marchandise, Anna I traite les pulsions naturelles de la belle Anna II comme une denrée servant à grossir leur compte en banque.

Extérieurement, la partition est calquée sur le sujet : elle est divisée en sept mouvements autonomes. En fait, c'est simultanément un défilé d'airs, intégrant valse, fox-trot, shimmy, marche et tarentelle, et une structure symphonique unifiée par un motif récurrent, véritable leitmotiv. Comble de cynisme, Weill introduit un quatuor vocal masculin, chantant souvent a capella dans la meilleure tradition chorale allemande, chargé de transmettre les états d'âme de la famille.

Distribution

Anna I, soprano
Anna II, danseuse
La famille, 2 ténors, baryton, basse

Discographie

Dans la discographie des Sept péchés capitaux, on trouve les tenants de la gouaille mi-parlée, mi-chantée façon Berliner Ensemble, Lotte Lenya évidemment, Madame Kurt Weill à la ville (cote médiathèque: EW3712) et façon chanteuse-militante par Gisela May (EW3723), malheureusement toutes deux accompagnées par des chefs très traditionnels, et les tenants du cabaret berlinois, Ute Lemper (EW3717) baignée dans une atmosphère de mélancolie par John Mauceri et Doris Bierett avec un orchestre canaille dirigé par Lothar Zagrosek (EW3720). Certains essayent de naviguer entre le cabaret et l'opéra comme Angelina Réaux avec Kurt Masur et un orchestre aux charmes capiteux (EW3721) ou Brigitte Fassbaender (EW3719). D'autres cherchent une autre voie: l'imagination analytique très personnelle de Simon Rattle, avec Elise Ross (EW3718), le punch spectaculaire de Michaël Tilson-Thomas en compagnie d'une Julia Migenes-Johnson qui retient les leçons de la tradition berlinoise (EW3716) et un couple d'OVNI Anne-Sofie Von Otter et John-Eliott Gardiner (EW3722).

 

Bibliographie

HUYNH Pascal, Kurt Weill, de Berlin à Broadway, Plume
HUYNH Pascal, Kurt Weill ou la conquète des masses, Actes Sud
HUYNH Pascal, La Musique sous la république de Weimar, Fayard
Grandeur et décadence de Mahagonny, Avant-Scène Opera

Liens

Sur Kurt Weill

La biographie de Viktor Ullmann

L'éditeur de Kurt Weill:

 


Représentations dans le monde

 

 

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