La Fête de Pâques, précédée par les célébrations des Jeudi, Vendredi et Samedi Saint, est, avec l'Avent, un des points culminants de l'année liturgique. De tous temps, cette période a inspiré les compositeurs de musique sacrée. Drame, tristesse, désolation, joie, exaltation, recueillement sont autant de sentiments que la Semaine Sainte a permis de mettre en musique.

Quem Quaeritis - Discantus / Brigitte Lesne - AA3558

Partant de l'héritage "musical" et "culturel" juif et oriental, c'est dès les premiers siècles de notre ère que la liturgie s'organise, pour aboutir, sous l'impulsion du Pape Grégoire I, à une unification des pratiques dans toute la chrétienté. La liturgie grégorienne s'impose dès la fin du Moyen Âge.

À partir du Xe siècle, se développe le drame liturgique. Une de ses sources se trouve dans un trope (développement musico-littéraire d'une pièce de chant) du cycle de Pâques : le Quem Quaeritis in sepulchro ?, (Qui cherchez-vous ?) (AA3558). Cette pièce présente un élément intéressant de dialogue entre les saintes femmes venues au tombeau le matin de la résurrection et l'ange qui les accueille. Il donnera lieu à une "mise en scène" qui s'enrichira sans cesse de détails nouveaux.

En Italie, dans le courant du XIIIe siècle, apparaît la laude, chant de louange en langue populaire à la gloire de Dieu. Elle trouve ses racines dans le mouvement franciscain : le chant des laudes était l'une des principales tâches dans les nombreuses confréries qui voient le jour à cette époque (BA6122). La laude prend vers la fin du XVIe siècle un tour "dramatique" : elle devient narration, et, développant des sujets tirés de la Bible, donne naissance à l'oratorio. Les compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles composent régulièrement des oratorios sacrés qui sont joués pendant le Carême dans les oratoires et les collèges religieux.

À la fin de la Renaissance, la réforme religieuse provoquera une scission entre la musique protestante et la musique catholique. En Allemagne, la suppression du latin et l'introduction d'un grand nombre de cantiques nouveaux contribuent à l'élaboration d'un langage propre qui trouvera son aboutissement dans les grandes Passions de Johann Sebastian Bach.

Jusqu'à la fin de l'époque baroque, la musique a indiscutablement un caractère "fonctionnel" : les compositeurs travaillent "sur commande", et, pour apprécier toute la beauté et la profondeur religieuse de leur musique, il convient d'imaginer le cadre, palais ou églises, qui a vu la création de ces œuvres.

Mais à l'aube de l'époque romantique, le statut du musicien va profondément se modifier : il ne sera désormais plus le "serviteur" qu'il a été pour les puissants de ce monde. Haydn, par exemple, n'a pas conçu les Sept dernières paroles du Christ comme pièce de circonstance : il estima la composition digne d'exister sans le cadre liturgique et créa quatre versions de son œuvre (la version originale pour orchestre parut avec une version pour quatuor à cordes et, quelques années plus tard, fut éditée une version vocale pour soli, chœur et orchestre ainsi qu'une adaptation pour piano-forte).

Désormais, la musique religieuse se veut avant tout méditation sur la mort et la souffrance : ces œuvres résultent d'un événement douloureux, par exemple un deuil, ou, et c'est le cas du Miserere de Gorecki, résonance par rapport à une actualité tragique.

Haydn, Sept dernières paroles du Christ
Quatuor Rosamunde - CH3857

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