Il est assez difficile de prévoir sous
quelle forme, au XXIe siècle, nous parviendra la
musique enregistrée. Alors que le passage du disque
vinyle au CD audio s'est fait assez rapidement et dans un
consensus général au cours des années
80 en raison du rejet du vinyle et de ses défauts
(griffes, fragilité), il est difficile d'évaluer
l'envie réelle du public de changer de support pour
la diffusion de la musique. Il est vrai que les performances
sonores offertes par le CD, un support universel, reconnu
par tous et pour tous les types d'appareils, sont largement
suffisantes pour la majorité des auditeurs, pour
peu que l'on considère la maigre diffusion des équipements
hi-fi de très haute qualité, indispensable
pour tirer parti des nouveaux formats.
Pris dans une logique industrielle, Philips
et Sony - les inventeurs du Compact Disc - espèrent
remplacer le CD traditionnel par un nouveau système
pour mettre du sang neuf sur le marché et lancer
une nouvelle technologie. Mais la partie n'est pas encore
gagnée.
Même si des pessimistes annonçaient
une mort certaine pour le CD, les deux technologies concurrentes
peinent à s'imposer : le Super Audio CD (SACD), lancé
officiellement par Philips et Sony en septembre 1999, et
le DVD audio, soutenu dès 1998 par les constructeurs
déjà impliqués dans le développement
du DVD vidéo tels que Pioneer ou Toshiba.
Technologiquement, si le SACD et le DVD audio
s'annoncent comme le successeur du CD audio avec, pour la
première fois, la possibilité pour le grand
public d'accéder à la qualité originale
d'enregistrement, que ce soit en "simple" stéréo
ou dans un environnement multicanaux. S'ils ont tous deux
repris le support de la galette en polycarbonate de 12 cm
de diamètre du CD audio, tout les sépare de
ce format, de la qualité à la compatibilité
avec l'existant.
On peut toutefois se demander si cette avancée
technique est suffisamment intéressante pour le grand
public. Contrairement au DVD vidéo face à
la cassette VHS, ces options n'apportent qu'une avancée
qualitative par rapport au support CD. Cet argument est-il
suffisant ? Pas sûr dans un monde où la musique
est plus consommée en masse qu'écoutée
religieusement, dans un monde qui bouge alors que ces formats
demandent à l'intéressé de prendre
le temps de s'asseoir.
C'est donc un marché qui s'oppose radicalement
au couple "Internet/MP3" qui tend à proposer
une qualité moindre mais une utilisation et une diffusion
les plus souples possibles. Reste à savoir si ces
nouveaux formats haute-fidélité, qui entendent
ne présenter aucun compromis qualitatif et un environnement
multimédia, sont en phase avec les besoins des consommateurs
d'aujourd'hui.
Si la Médiathèque a, pour l'instant,
écarté la présence du support DVD-audio,
c'est en raison de l'absence de compatibilité avec
les anciens lecteurs. Par contre le SACD de type hybride
répond à ce souci d'acessibilité maximum.
C'est ce que semblent avoir compris la majorité des
grands acteurs de l'industrie du disque (Universal, Sony),
qui ont opté pour ce support qui permet de satisfaire
tous les consommateurs actuels, tout en prévoyant
les évolutions futures.
Et, en fin de compte, formons le souhait que
ce soit la musique qui gagne.
Benoit van Langenhove
Une
petite histoire de l'enregistrement :
la période acoustique >>