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Coups de coeur de l'année 2006

FRANCOEUR : Amans, voulez-vous être heureux ?
Isabelle Desrochers - Mira Glodeanu - Ausonia

Fils d'un membre du prestigieux ensemble Les 24 Violons du Roy, François Francoeur est né dans la musique et y a baigné toute sa vie. On est surpris à la lecture du livret qui accompagne ce disque de la discrétion qui entoure l'oeuvre de Francoeur alors qu'il côtoya les plus grands et composa nombre de belles pages lyriques ou instrumentales qui connurent le succès en leur temps. Pourquoi ce relatif oubli ? C'est ce que l'on se demande en découvrant ses sonates pour violon et basse continue qui frappent par leur puissance d'expression comme autant de petites cantates sans parole. C'est avec lui notamment que la sonate pour violon acquiert ses lettres de noblesse à Paris. Il y innove en élargissant la tessiture de l'instrument vers l'aigu, introduisant une virtuosité qui n'est jamais gratuite et développant une énergie du discours rarement atteinte jusqu'alors.

Coups de coeur de l'année 2005

MOZART: Sonates pour piano K.310, 311, 330, 397
Jean-Pierre Bacq, pianoforte

De retour d'un voyage où j'avais emporté comme seul et unique compagnon sonore ce premier volume de ce qui, je l'espère, constituera un jour une intégrale des oeuvres pour clavier de Mozart par Jean-Pierre Bacq, je me suis juré, dès l'audition du seul premier mouvement de la Sonate en la mineur, de vous faire partager mon enthousiasme. Enthousiasme qui n'a fait que croître à l'écoute des plages ultérieures. Mais, voilà ! L'idée de devoir vous convaincre en me lançant dans de laborieuses comparaisons entre les multiples et pléthoriques versions existantes de ces sonates a tout pour me paralyser. Je choisis, en toute simplicité, de laisser libre cours à mes sentiments : c'est un véritable coup de coeur qui dicte ce que j'écris aujourd'hui et je reste convaincu que tout travail trop rationnel ou trop analytique n'apporterait rien de plus. Exactement comme lorsque vous tombez amoureux d'une oeuvre d'art : inutile de vous demander pourquoi.

BEETHOVEN : L'oeuvre complète pour violoncelle et piano
Alfred Brendel, piano - Adrian Brendel, violoncelle

Il y a bien longtemps que je n'avais reçu un tel cadeau : cet enregistrement de l'oeuvre pour piano et violoncelle de Beethoven est une merveille sur toute la ligne. Dès l'introduction de la Sonate en sol mineur, op.5 n°2, le ton est donné. On tient ici un Beethoven lu de l'intérieur. Chaque phrase, chaque motif est mûrement réfléchi, chaque intention délicatement soulignée. Les moindres frémissements, les moindres émois y ont la même importance que les accents véhéments et passionnés qui participent d'une énergie motrice sans cesse régénérée. Respirations et silences invitent au détachement, à la rêverie ou la méditation.

Coups de coeur de l'année 2004

CHOPIN: Nocturnes et Impromptus
Angela Hewitt

Les Nocturnes de Chopin trouvent ici une première et convaincante intégrale sur support SACD. C'est aussi la première fois qu'Angela Hewitt touche au répertoire romantique, du moins sur disque. Spécialiste de Bach et de Couperin au piano, elle aborde Chopin avec le même sérieux, le même respect et en se posant les bonnes questions sur les nuances, les tempi, les doigtés. La présentation qui accompagne ce disque, signée de sa main, en témoigne et doit être lue car, en des termes simples, elle replace les oeuvres dans leur contexte et met en évidence leurs exigences. Cette analyse minutieuse conduit à une interprétation personnelle, sensible, inspirée et, avant tout, intimiste.

Haydn: Concertos pour violoncelle
Jean-Guihen Queyras - Petra Müllejans

Haydn composa au moins deux concertos pour violoncelle. Depuis quelques mois, une nouvelle génération de violoncellistes de haut vol ont enregistré ces concertos. Nous vous avons déjà signalé tout le bien qu'il fallait penser de la version réalisée par Gautier Capuçon et le Mahler Chamber Orchestra dirigé par Daniel Harding. Pourtant, une nouvelle version, réalisée par l'ancien violoncelliste de l'Ensemble InterContemporain vient bousculer la donne. Excellent musicien chambriste (il anime un passionnant festival de musique de chambre dans le pays de Forcalquier, Alpes de Haute-Provence), Jean-Guihen Queyras apporte un surcroit de finesse et de raffinement dans l'interprétation de la partie soliste.

ESCAICH : Musique de chambre
Quatuor Ludwig, Chamayou, Le Guay ...

Organiste, compositeur, Thierry Escaich occupe une place de plus en plus enviée sur la scène musicale française. De nombreux prix musicaux et une "Victoire de la Musique" dans la catégorie "Compositeur de l'année" en 2003, sont autant de distinctions qui se conjuguent à quelques enregistrements favorablement accueillis par la critique. Ce sont ses oeuvres pour orgue et ses deux concertos (pour orgue et pour trompette) qui furent diffusés en premier lieu. Le présent enregistrement nous le fait découvrir au travers d'une sélection de pièces dédiées à la musique de chambre. Un bonheur complet et une écriture qui dépasse les aridités du langage contemporain en jouant sur la séduction des rythmes et des timbres !

CARTER : What next ? - Asko Concerto
Eötvös - Anderson - Leonard - Summers...
Il a 91 ans et c'est à cet âge qu'il écrit son premier opéra. Quel toupet ce Monsieur Elliot Carter ! Et avec effronterie, il l'appelle What next ? Le propos interpelle à tel point qu'Ars Musica l'a repris comme titre générique de son festival 2002 où, en guise de clôture, l'oeuvre fut créée dans le tout nouveau Concertgebouw de Bruges. Le point de départ sort d'une scène de Trafic du cinéaste français Jacques Tati : un accident de circulation impliquant plusieurs véhicules provoque parmi les conducteurs des comportements absurdes. Cela permet à Carter de traiter un de ses sujets favoris, l'indifférence des individus les uns par rapport aux autres et leur difficulté à communiquer.

RUBINSTEIN : L'oeuvre pour violoncelle et piano
Michal Kanka, violoncelle - Jaromir Klepac, piano

Observateur privilégié de la vie et de la création musicales au XIXème siècle, Anton Rubinstein se fit surtout connaître comme virtuose du piano, parcourant toute l'Europe et recueillant un vif succès. Initié au clavier par un élève de John Field, il élargira considérablement, à l'instar de Franz Liszt, le cadre de la technique pianistique et jouera un rôle non négligeable dans la diffusion de la musique occidentale en Russie et ce, particulièrement, en fondant en 1862 le Conservatoire Impérial sur le modèle de la plupart des grands conservatoires occidentaux.

SCHUBERT : Sonates pour piano D.959 & D.960
Paul Lewis (piano)

Les Sonates pour piano en La majeur et Si bémol majeur de Schubert comptent parmi les oeuvres les plus fréquemment enregistrées du répertoire pianistique. Nos collections offrent pour la seule Sonate en Sib plus de cent versions différentes dont certaines sont à ce point légendaires qu'on pouvait supposer que jamais rien ne les surpasserait. Grave erreur que de formuler de semblables affirmations car, en matière d'interprétation musicale, on n'est jamais à l'abri de nouvelles extases. Et c'est bien d'extase qu'il s'agit avec ce disque parfaitement bouleversant, un immense moment de bonheur propre à effacer des semaines de grisaille discographique. Inutile de vous dire que le charme a opéré dès les premières mesures de la Sonate en La. Magie de l'indicible !

Coups de coeur de l'année 2003

WAGNER : Das Rheingold 
Zagrosek - Probst - Bracht - Ruuttunen

Le Ring réalisé dans les murs du Staatoper de Stuttgart va-t-il secouer les conceptions de la mise en scène de cet opus wagnérien majeur comme Chéreau et Boulez l'on fait à Bayreuth ? L'intendant du Staatsoper de Stuttgart, Klaus Zeelein, estimait, probablement avec raison, que soumettre la complexité de l'Anneau du Nibelung à une seule vision d'un metteur en scène était devenu obsolète. De plus, quand on sait que Wagner connut de nombreux arrêts dans l'écriture des livrets et de la partition, il n'est pas insensé de considérer les quatres opéras comme autant d'entités différentes. Ainsi, il a fait appel à quatre metteurs en scène pour traiter chacun des opéras.

BARTOK : Le Château de Barbe-bleue
Ivan Fischer - Lásló Polgár - Ildikó Komlósi

Dans le domaine de l'opéra qui cristallise si facilement l'esprit d'innovation, la période 1900-1916 fait apparaître une production significative d'opéras en un acte. Dans une parabole pessimiste, l'opéra de Bartók décrit l’affrontement entre Barbe-Bleue et sa quatrième femme, Judith. Le conte, riche en allusions allégoriques, permet des lectures multiples. On peut y lire la condamnation de la curiosité féminine (les portes interdites étant une autre forme de la pomme d’Adam et Eve ou de la boîte de Pandore), le conflit entre l’homme, rationnel et créateur, et la femme, inspiratrice et intuitive, ou la destruction de l’équilibre d’un couple quand un des partenaires veut en savoir trop sur l’autre.

WOLF : Lieder
Stephan Genz (bariton) - Roger Vignoles (piano)

Installez-vous confortablement pour l'écoute de cet enregistrement dont le côté intimiste mérite un environnement tout particulier. Vous allez entrer dans l'univers du romantisme allemand, une sensibilité très éloignée du romantisme français, laissez-vous inviter au voyage. Un verre de vin blanc du Rhin, votre tranquillité assurée, vous pouvez fermer les yeux et découvrir à la suite des interprètes des paysages sauvages, des forêts profondes abritant des créatures défiant l'imagination le tout baigné par la lumière de la lune.

RESPIGHI : La boutique fantasque - Prélude et Fugue en Ré Majeur (d'après le Prélude et fugue pour orgue BWV 532 de Jean-Sébastien Bach) - La Pentola Magica
Gianandrea Noseda - BBC Philharmonic

On le sait, la transcription occupe, dans l'ensemble de l'oeuvre de Respighi, une place non négligeable. Respighi y affirme, une fois de plus, sa formidable maîtrise de l'orchestration. Le BBC Philharmonic, sous l'impulsion de Gianandrea Noseda, son chef principal depuis l'automne dernier, est éblouissant de virtuosité et de clarté. Une vie prodigieuse parcourt ce long développement dans lesquels tous les plans s'éclairent progressivement dans une étonnante gradation.

DEBUSSY : Préludes - Images - Estampes - Arrau
Travers-sons a souvent tempêté contre un marché du disque encombré d'inutiles rééditions. Pourtant, il est des disques suffisamment forts pour nous faire oublier les méfaits de cette politique commerciale. Tout latin qu'il était, le pianiste chilien Claudio Arrau nous laisse l'image d'un interprète de tradition allemande. Pourtant, depuis longtemps, Arrau aimait fréquenter la poésie du musicien français.


DVORAK : Quatuors à cordes n°8 & n°9 - Quatuor Kocian

Parmi la quinzaine de quatuors à cordes qu'écrivit Dvorak, les Huitième et Neuvième marquent une étape importante dans l'affirmation d'un style personnel chez leur auteur. Sans vouloir en analyser chaque mouvement, on notera toutefois la beauté du matériau mélodique, volontiers élégiaque, tendre et délicat, solidement encadré de vigoureux épisodes polyphoniques. Pour exprimer la sensibilité profonde de ces pages sublimes, il fallait un quatuor d'exception et, une fois de plus, le quatuor Kocian fait ici merveille.


HAENDEL : Rinaldo - David Daniels - Harry Bicket

Et c’est l’opéra, encore, qui mobilisera notre attention et notre admiration puisque nous éprouvons, ce mois, un vibrant « coup de cœur » pour le Rinaldo de Haendel qui vient de paraître en DVD chez Arthausmusik. Non pour l’intégralité de la production (la mise en scène qui sacrifie aux modes d’aujourd’hui rejoindra demain la manne déjà remplie des spectacles "kitch") mais bien pour l’excellent orchestre bavarois dynamisé par Harry Bicket et, surtout, pour la prestation inoubliable et bouleversante de David Daniels, un des meilleurs contre-ténors lyriques de notre temps.


RACHMANINOV : Études-tableaux (+ RAVEL : Miroirs - Sonatine)
Au terme des cinquante-sept minutes que dure l'audition de ce disque, je reste sans voix... et sans doigts pour écrire le moindre commentaire tant je suis convaincu qu'aucun mot n'est assez fort pour traduire les sentiments que tout un chacun éprouvera en découvrant l'incroyable talent, l'incroyable perfection technique, l'incroyable musicalité, l'incroyable sensibilité de cette toute jeune pianiste.


Antonio VIVALDI : Concertos pour flûte - S. Marq - Ensemble Matheus - J.-C. Spinosi
Étourdissant, ravissant, revigorant, éblouissant... quel qualificatif attribuer à ce disque qui remonterait le moral de tout dépressif profond. L'aboutissement (ou "un" aboutissement car nul ne sait ce que nous réserve l'avenir) en matière de relecture du répertoire baroque et de Vivaldi en particulier.


Lux aeterna - Ensemble Witiza - Luis Barban

Nous avons déjà eu l'occasion de souligner les admirables qualités et la personnalité de l'Ensemble Witiza lors de la publication d'un très beau disque Du grégorien à Pérotin. Ce même ensemble, spécialiste s'il en est des musiques médiévales et de leur interprétation, nous revient aujourd'hui avec un étonnant programme qui associe la Messe Grégorienne des Défunts et quatre planctus issus du fabuleux Codex de Las Huelgas. D'emblée, on est séduit par l'aura qui entoure ces musiques et la restitution qui en est faite, fruit d'une expérience unique en un domaine musical que quelques pionniers seulement osent aborder en donnant libre cours à leur sens de l'improvisation.

 

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Coups de coeur de l'année 2002


Fiesta Criolla - Une fête pour la Vierge de Guadalupe à Sucre en 1718 - Garrido
Un disque exubérant à souhait que l'on choisirait volontiers pour illustrer la joie de Noël même si son objet est sans rapport direct avec la fête de la Nativité. Il s'agit de la reconstitution d'une cérémonie en l'honneur de Notre-Dame de Guadelupe telle qu'elle dut se dérouler en 1718 à Sucre, actuelle capitale de la Bolivie. Superbement construit, le programme nous fait traverser toutes les phases de la cérémonie, de l'impressionnante procession d'entrée au Quatrième salut, consacrant le Triomphe de la Vierge.


VIVALDI : Concerti per mandolini - Fabio Biondi - Europa galante
Concerto pour une ou deux mandolines, Concerto pour violon, flûtes, hautbois, basson, Concertos pour deux violons et deux violoncelles... et d'autres encore. Une anthologie qui brille de mille feux et qui séduit à plus d'un titre. À commencer par la diversité des instruments aux noms parfois mystérieux : "Salmoe", "viole all'inglese", "violini in tromba marina" qui se marient aux autres violons, clavecins, hautbois, flûtes, etc. en un perpétuel jaillissement. Impossible de résister à ce chatoiement de couleurs instrumentales si subtilement harmonisées entre elles.


Mr Playford's English Dancing Master - Les Witches
L'éditeur français Alpha a décidé de nous étonner et de nous enchanter. Il ne se passe pas de mois sans qu'une nouvelle production vienne enrichir un catalogue dont on ne peut que louer l'éclectisme et l'originalité. Après d'heureuses incursions dans des domaines moins revisités de la musique baroque, Alpha nous offre aujourd'hui une séduisante anthologie de danses extraites du recueil Mr Playford's English Dancing Master publié en 1651 par l'éditeur londonien John Playford.


BRITTEN : The Turn of the Screw - Harding - Bostridge - Rodgers - Henschel
En juin 1953, Britten se voit proposer une collaboration avec Myfanwy Piper, l'épouse de son décorateur habituel, autour d'une nouvelle d'Henry James, The Turn of the Screw. Le thème de l'innocence enfantine bafouée et les ambiguïtés déstabilisantes du livre trouvent tout de suite un écho favorable chez le compositeur britannique.


VAUGHAN-WILLIAMS : Symphonie n°4  - Hickox - London Symphony Orch. & Ch.
Page monumentale, s'il en est, la Quatrième symphonie de Vaughan-Williams trouve avec Richard Hickox le chef idéal, capable de maîtriser les quatre mouvements d'une oeuvre qui ne néglige ni les dissonances, ni les hardiesses rythmiques et dont la densité polyphonique impose une très grande clarté. Toutes ces qualités sont réunies dans cette version triomphante où éclairages et changements de climats sont superbement mis en évidence par une direction particulièrement inspirée.


SCHUMANN - GRIEG - Marie Hallynck - Cédric Tiberghien
Nous avons déjà eu l'occasion d'épingler quelques numéros exceptionnels de la série "Les nouveaux musiciens" par laquelle Harmonia Mundi nous invite à la découverte de jeunes talents prometteurs. Il est évident que, pour nous belges, Marie Hallynck est loin d'être une inconnue et que sa belle carrière ainsi que la place qu'elle occupe au sein de l'équipe professorale du Conservatoire de Bruxelles, nous font oublier la jeunesse de cette remarquable interprète. Avec bonheur, nous l'entendons ici dans un superbe récital qui associe deux compositeurs dont les oeuvres s'accordent parfaitement entre elles et au travers desquelles la soliste peut faire montre de diverses facettes d'un art illimité.


TELEMANN - La bizarre - Akademie für Alte Musik Berlin
Pour qui ne connaît de Telemann que le visage un peu austère de ses oeuvres religieuses ou celui, plus aimable, de sa musique instrumentale, voici un programme qui lui fera découvrir un compositeur plein d'humour et qui ne dédaigne pas s'adonner à la plaisanterie. A commencer par cette suite "La Bizarre" qui donne son nom au titre de ce CD et dont l'écriture défie toutes les règles en vigueur à l'époque.


L'Âge d'or de la polyphonie européenne - Guy Janssens
Ce gros coffret (onze disques) vous dit tout, et même ce que vous n'oseriez demander, sur la formidable aventure de la polyphonie, depuis les premiers chefs d'oeuvres aboutis du XIVe siècle jusqu'à son apogée aux confins de la Renaissance et de l'âge baroque.


MERNIER : Les idées heureuses - Intonations...
Jamais oeuvres contemporaines ne m'auront procuré plus de plaisir que celles-ci. Sans renier les oeuvres-clés de maints chefs de file de "l'avant-garde" et l'émotion de leur découverte, j'avoue ici un double plaisir : celui, égoïste et bien subjectif, de l'écoute et celui, annoncé depuis une dizaine d'années, de voir se confirmer l'éclosion d'un nouveau mode d'expression musicale, plus serein, plus chaleureux qui, pour autant, ne cède en rien à une quelconque facilité. Tout simplement, le langage s'est clarifié et ses rudesses ou violences laissent la place à la douceur et à la pacification.


Récital Lawrence Power: Ligeti, Prokofiev...
La collection "Les Nouveaux Musiciens" éditée par Harmonia Mundi n'est pas que l'occasion de découvrir de jeunes et talentueux interprètes, elle offre en outre, et de plus en plus souvent, de véritables moments de bonheur. C'est le cas, aujourd'hui encore, avec ce magnifique programme tout entier consacré à l'alto. Né à Londres en 1977, Lawrence Power est titulaire de nombreux prix internationaux et joue avec les meilleurs orchestres du moment. Sa technique est superbe et il aborde avec une aisance et un naturel plus que convaincants ces pages que d'aucuns redouteraient.

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Coups de coeur de l'année 2001

 

Concert du Nouvel An 1989 - Kleiber
L'origine du concert probablement le plus populaire au monde remonte aux heures sombres de l'histoire de la Philharmonie de Vienne. Il débuta lors de la Saint Sylvestre 1939 pour émigrer, un an plus tard, au 1er janvier. A partir de 1987, les responsables de l'orchestre optent pour une alternance annuelle des chefs. Karajan sera le premier chef invité suivit par Abbado, Mehta, Muti, Harnoncourt et, pour le concert 2002, Ozawa. En 1989, un grain de folie appelé Carlos Kleiber portait l'orchestre à l'incandescence.


SCHUBERT : Lieder d'après Mayrhofer
Parmi les innombrables lieder qu'écrivit Schubert, ceux inspirés par les textes de Mayrhofer occupent une place particulière et tout enregistrement qui les regroupe permet de mieux embrasser les différents thèmes qu'ils abordent et le bonheur avec lequel Schubert les mit en musique.  Bien qu'écrites séparément, les mélodies telles que regroupées sur cet enregistrement s'appréhendent comme un cycle dont on ne voudrait, à aucun moment, interrompre le déroulement tant les interprètes réussissent, par l'enchaînement des tonalités, par les contrastes entre chaque numéro, à capter totalement l'attention.


MONTEVERDI - Selva Morale
Publiée à Venise en 1641, soit deux ans avant la mort de Monteverdi, la Selva Morale apparaît comme une sorte de testament spirituel du plus grand maître du Baroque naissant. Les 37 pièces qui composent cet ensemble datent, comme souvent dans les publications du temps, de diverses périodes de la vie du compositeur. Ainsi, va-t-on des polyphonies les plus austères aux exhubérances les plus folles, en passant par quelque belle Canzone, issue en droite ligne de la monodie profane. Car, ici, tout se mélange et Monteverdi n'hésite pas à insuffler à la musique religieuse les passions et les frémissements de l'opéra naissant, tout autant que les raffinements du madrigal.


GLUCK - Orfeo ed Euridice
On croyait que tout avait été dit dans les multiples versions antérieures de cet Orfeo de Gluck. Détrompons-nous ! Après avoir assuré lui-même le rôle-titre et la direction d'un enregistrement paru il y a près de vingt ans, René Jacobs réenregistre aujourd'hui l'oeuvre à la tête d'une distribution exemplaire tant sur le plan des solistes que sur celui des choeurs et ensemble instrumental. Il signe ainsi une version de cette oeuvre-clé de l'art lyrique qui séduit d'emblée pour sa perfection - si tant est que la perfection soit de ce monde, véritable aboutissement de sa longue fréquentation de la musique ancienne et du chant baroque.


CHARPENTIER (MA) - Histoires Sacrées
Forme ayant pris naissance à l'époque de la Contre-réforme en Italie, l'oratorio acquit ses lettres de noblesse avec Giacomo Carissimi. Durant un séjour de près de trois ans à Rome, Marc-Antoine Charpentier s'imprégna de ce répertoire fondé principalement sur des récits empruntés à la Bible. Ceux-ci étaient "racontés" par un narrateur, lui-même secondé par quelques solistes et un choeur. Gérard Lesne choisit ici trois "histoires sacrées" parmi la trentaine qu'écrivit Charpentier.


BACH (JS) : Concertos pour clavier n°1, 2 et 4 - Perahia
Après une intégrale des Suites Anglaises et des Variations Goldberg, dont le succès est grand tant auprès de la critique qu'auprès des mélomanes, Murray Perahia se lance aujourd'hui à l'assaut des Concertos pour clavier et orchestre de Jean-Sébastien Bach. Plusieurs pianistes ont abordé précédemment les mêmes concertos avec des bonheurs plus ou moins égaux. En mettant de côté l'interprétation si personnelle de Glenn Gould, la nouvelle version que nous offre Murray Perahia est une des plus exultantes qui soit.


BACH (JS) : Passion selon Saint Matthieu - Harnoncourt
Pour la troisième fois en trente ans, à quinze ans d'intervalle chaque fois, Nikolaus Harnoncourt réalise un nouvel enregistrement de ce monument qu'est la Passion selon Saint Matthieu. Cette troisième version se détache de tout militantisme. Elle est, ... tout simplement ! Et si belle, si lumineuse, si humaine, si douloureuse...


MESSIAEN : Turangalîla-Symphonie - Nagano, Aimard, Kim
La première apparition du Berliner Philharmoniker dans l'oeuvre d'Olivier Messiaen provoquera quelques solides réévaluations dans la riche discographie de la Turangalîla-Symphonie. Plus que toute autre partition, cette symphonie possède de fortes affinités avec le post-romantisme.


MOZART : Symphonie concertante,... - A. Dumay et V. Hagen
Ce n'est certes pas l'originalité du programme qui nous conduit à faire de ce disque le CD du mois. Par contre, rarement interprétation aura fait preuve d'un plaisir de jouer aussi communicatif.


Concerti Veneziani - Sonatori Della Gioiosa Marca
Mettre en exergue un disque de concertos italiens parmi tous ceux qui existent déjà sur le marché peut apparaître, au premier abord, comme l'expression d'un manque profond d'imagination... Et pourtant, ce récital, axé sur le développement de la musique concertante à Venise à l'aube du dix-huitième siècle, est un tel plaisir pour le mélomane qu'il serait injuste de ne pas lui faire une place d'honneur.

 

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Coups de coeur de l'année 2000


Choralis Septentrionalis - Markus Tapio
La Réforme suscita l'édition de plusieurs recueils de chants religieux, psaumes, chorals... qui constituèrent le matériau des offices tant en Allemagne qu'en Angleterre, en France ou dans les pays d'Europe centrale. Choralis Septentrionalis nous apprend que la même tradition gagna les pays nordiques et nous offre une superbe anthologie contenant une vingtaine de ces "chorals" dont les sources remontent parfois au XIe siècle.


Beethoven - Variations Diabelli - Pollini
Les Variations Diabelli sont, en quelque sorte, une brillante synthèse de la science de l'écriture et des possibilités offertes par la technique pianistique de son temps. Maurizio Pollini nous offre de cet ensemble une version particulièrement homogène et "virtuose", au sens vrai du terme.


Deutsche Kantaten : Tunder, Bruhns,... - Herreweghe 
Grâce aux efforts déployés ces dernières années - en particulier par Jérôme Lejeune et les enregistrements qu'il a publiés sous le label Ricercar -, les oeuvres chorales et vocales des prédécesseurs de Bach nous sont aujourd'hui mieux connues. C'est au tour d'Herreweghe de se lancer, avec brio, dans ce répertoire.


DVORAK : Symphonie n°8 - La sorcière de midi - Harnoncourt
Que peut apporter, après plus de cinquante interprétations de la Huitième symphonie de Dvorak, cette nouvelle version, parue récemment chez Teldec ? La réponse est au bout du clic.

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