Introduction

 
Wolf - Lieder - Auger / Cage - DW7289

 

 

 

 

Le centenaire de la mort d’Hugo Wolf semble passer inaperçu au milieu de toutes les commémorations de cette année 2003. La discrétion qui entoure l’œuvre et la vie de ce compositeur, du moins dans les régions non germanophones, nous prive d’une musique certes ardue mais d’une grande qualité artistique.

La majeure partie du catalogue d’opus de Hugo Wolf est composée de lieder, un genre qu’il porta à un sommet de perfection. En s'éloignant du modèle d’essence plus populaire pratiqué avant lui par Franz Schubert et Robert Schumann, Wolf impose une connaissance approfondie de la langue allemande, représentant par là un obstacle à la perception instantanée de l’adéquation entre le texte et la musique. Cet élément explique pour une large part la place peu importante tenue par l’œuvre de Hugo Wolf dans la programmation des concerts ainsi que dans le répertoire discographique. Surnommé le "Wagner du lied" à cause de la communauté de langage et des affinités naturelles entretenues avec le maître de Bayreuth, Wolf conçoit ses lieder comme des poèmes symphoniques miniatures dans lesquels l’esprit du poème se trouve magnifié. Une osmose se crée entre la musique du langage et le langage musical, générant à la fois les intervalles et le rythme, permettant ainsi à l’auditeur de pénétrer très profondément dans l’univers du poète. Grâce à une sensibilité extraordinaire, Wolf réussit à capter et à transposer en sons les plus infimes variations de l’âme humaine.

Mais l’œuvre ne doit pas faire oublier l’homme qui en fut l’auteur et son destin tragique, celui d’un vrai héros romantique. La personnalité d’Hugo Wolf se devine peu au travers de son œuvre tant il considérait que l’homme doit tout sacrifier à cette dernière. "L’homme n’est que l’instrument de l’œuvre".

Sa correspondance avec sa famille et ses amis permet de tracer de lui, le portrait d’un homme tour à tour exalté et déprimé, doutant de lui-même ou au contraire faisant preuve d’un orgueil démesuré. Profondément humain dans ses contradictions, Hugo Wolf fut reconnu en son temps comme un génie de la musique et apprécié aussi bien par les spécialistes que par un vaste public. Dans Vienne au crépuscule, Arthur Schnitzler fait allusion à la beauté du lied Auf ein altes Bild. Il est rare de voir un écrivain rendre ainsi hommage à un musicien contemporain, témoignant de la notoriété acquise par l’œuvre de ce dernier en ce XIXe siècle finissant. Cette gloire recherchée, enfin atteinte, Wolf en eut-il conscience alors qu’il entrait progressivement dans les ténèbres de la folie ?

Plutôt qu’un parcours discographique, nous vous proposons de découvrir Hugo Wolf et son époque en espérant vous faire partager la sympathie éprouvée pour le personnage dans sa dimension très humaine.

Anne Genette
La Médiathèque d'Uccle

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