Critique musical
Dans le but de faire éditer ses lieder
(DW7147),
Wolf demande l’appui du critique Eduard Hanslick, ami de
Johannes Brahms et défenseur de la tradition que
celui-ci représente. Les affinités avérées
d’Hugo Wolf avec Richard Wagner, représentant de
la nouvelle tendance aux côtés de Franz Liszt,
ne sont pas de nature à disposer favorablement le
critique. De plus, lorsqu’en 1883 Hugo Wolf est engagé
comme chroniqueur musical au Wiener Salonblatt
grâce à l’appui des Köchert, les violentes
critiques qu’il écrit à l’encontre de la musique
de Johannes Brahms lui valent de nombreuses inimitiés,
Eduard Hanslick en tête. Ce poste de critique musical,
qu’il occupera jusqu’en 1887, lui assure une sécurité
matérielle propice à la composition. Le contraste
entre le ton plutôt élégant du journal
et la virulence des billets du jeune compositeur est frappant.
Pourtant, ces diatribes révèlent une grande
lucidité de jugement et un esprit d’analyse perçant
qui lui vaudront un vif succès auprès des
lecteurs. Reconnaissant l’importance de compositeurs tels
que Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Händel,
il prend la défense de l’œuvre de Frédéric
Chopin peu appréciée dans les pays germaniques.
Confronté à la lutte des clans opposant, à
Vienne, les conservateurs et l’avant-garde, Wolf prend parti
pour Franz Liszt et Richard Wagner, décriant la musique
italienne si admirée à cette époque.
À la même époque, Wolf
commence à travailler à Penthesilea
(DW7021),
un poème symphonique d’après le drame de Heinrich
von Kleist (1777-1811), dans un style qui évoque
les pages de Franz Liszt et d'Hector Berlioz.
La partition se divise en trois parties :
une mouvement initial tumultueux mettant les trompettes
et les cors à l’écart de la masse orchestrale
s’enchaîne avec une partie élégiaque
pour aboutir à un final paroxystique. Le caractère
narratif de la musique, opposé à la complexité
de sa construction, recevra un mauvais accueil de la part
du chef d’orchestre Hans Richter lors de la première
lecture de l’œuvre à la Société Philharmonique
de Vienne en 1885. Hugo Wolf qui assistait à la lecture,
caché dans la salle, en fut ulcéré et
mena la vie dure à Richter en écrivant quelques
articles incendiaires.
Le 24 avril 1887, Hugo Wolf présente
sa démission à la direction du Wiener
Salonblatt afin de se consacrer entièrement
à la composition. Il continue cependant à
donner des leçons en attendant de pouvoir vivre de
ses œuvres. Entre le 2 et le 4 mai de cette année,
est composée la Sérénade italienne
(DW7040),
page légère et bien enlevée pour quatuor
à cordes qui sera adaptée pour petit orchestre
en 1892 (DW1084).
Une datation si précise des opus du compositeur est
rendue possible par la rigueur avec laquelle il inscrivait
lui-même la date de composition sur ses manuscrits.
La
maturité : Hugo Wolf, créateur fécond
de lieder >>