La maturité

 
Wolf - Eichendorff Lieder - DW7258

 

 

 

 

Un créateur de lieder fécond

Cette année 1887 est marquée par deux événements qui vont toucher profondément le compositeur : la mort de son père qui lui cause beaucoup de chagrin et l’édition de deux volumes de lieder chez Emil Wetzler. Ces deux événements dissemblables agirent-ils comme un déclencheur ? Une page se tourne dans sa vie et Hugo Wolf entre en possession de la maîtrise totale de son art.

Dès le début de l’année 1888, apparaît le style de la maturité. Il n’y a donc pas chez lui d’évolution progressive vers un sommet mais une éruption brutale à la fois de l’inspiration créatrice et du langage personnel. Pendant cette phase active qui s’étend jusqu’à l’année 1897, Wolf va connaître des pics de créativité suivis de périodes de stérilité et de dépression profonde. Ses lettres témoignent de ses doutes, de ses angoisses face à l’inspiration qui s’empare de lui comme une fièvre et l’amènent à penser qu’il est atteint de folie.

En cette période très féconde naissent les Möricke Lieder (DW7311), les Eichendorff Lieder (DW7106), les Goethe Lieder (DW7272) soit plus de cent vingt-quatre lieder avec accompagnement de piano dans le courant d'une année. Deux lieder sont créés à Vienne avec succès. Un concert consacré aux Möricke Lieder à la Wagner-Verein de Vienne est, lui aussi, une réussite, ce succès tant recherché ne quittera désormais plus Hugo Wolf. C’est enfin la reconnaissance. Les tournées de concerts aussi bien en Autriche qu’en Allemagne vont se succéder, consolidant ainsi les bases de sa notoriété.

Désireux de s’illustrer dans un genre qui recueillait un enthousiasme unanime au XIXe siècle, Hugo Wolf se met en quête d’un livret pour la composition d’un opéra. C’est une entreprise de longue haleine tant les exigences du compositeur en matière de texte sont grandes.

L’année suivante est consacrée à l’achèvement des Goethe Lieder ainsi qu’à l’édition, après révision, des Möricke Lieder et des Eichendorff Lieder. En onze mois, voilà composée la moitié de son œuvre. Le succès de ses lieder, qui ne cesse de croître, entraîne des tensions au sein de la Wagner Verein. Des clans s’y opposent. À la fin de l’année 1889, Wolf commence la composition du Spanisches Liederbuch (DW7405) contenant dix lieder sur des sujets religieux et trente-quatre lieder sur des thèmes profanes. Cet ensemble ne sera terminé que dans le courant de l’année 1890. En effet, au début de cette année, Hugo Wolf connaît une panne d’inspiration qui l’affecte profondément et fait renaître ses doutes. Il profite néanmoins de ce passage à vide pour orchestrer certains lieder et se consacrer à l’édition des Goethe Lieder. Il reçoit la reconnaissance des professionnels sous forme d’études critiques de son œuvre. L’éditeur Schott de Mayence s’intéresse à son travail, autre témoignage du succès qu’engendre son travail. La seconde partie de cette année est plus féconde : il termine le Spanisches Liederbuch, commence l’Italienische Liederbuch (DW7440) et crée le cycle des Keller Lieder (DW7107) ainsi que Elfenlied (DW7084) pour soprano, chœur féminin et orchestre. Un voyage en Allemagne lui permet de nouer de nouvelles relations, notamment avec Engelbert Humperdinck (1854-1921). À Mannheim, il fait créer la cantate Christnacht (DW7084) pour voix solistes, chœur mixte et orchestre mais l’inspiration qui l’habite, en ce début de l’année 1891, fait place à la dépression et au silence. Ce nouveau passage à vide se double d’ennuis de santé et d’insomnies, troubles qui altèrent profondément son caractère. C’est ainsi qu’ayant décidé d’accompagner lui-même au piano les chanteurs lors des concerts consacrés à ses lieder, il se montre irascible, ne supportant aucune hésitation, aucune défaillance et manifestant violemment en public sa réprobation. La critique, malgré ses excentricités, reste élogieuse allant jusqu’à parler d’un "nouveau printemps du lied" et ce, de Berlin jusqu’à Vienne.

Les vingt-deux lieder de l’Italienisches Liederbuch sont édités chez Schott à la fin de l’année 1892.

 

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