La maturité

 
Wolf - Der Corregidor - Karl Elmendorff - DW7068

 

 

 

 

Un essai dans le monde de l'opéra

Toujours en quête d’un livret d’opéra, Hugo Wolf consacrera l’année 1893 à lire les écrits de philosophes et à apprendre le français pour élargir ses connaissances littéraires. Ces activités l’aident à faire face à la stérilité qui le désespère. À l’occasion d’un voyage à Berlin en compagnie d’Anton Bruckner en 1894, il rencontre Richard Strauss dont il n’apprécie pas la musique tout en estimant l’homme. Les tournées de concerts de cette année améliorent son état d’esprit et sa santé. Le succès est toujours au rendez-vous.
À la fin de cette année, il fait son entrée dans le fief des conservateurs : Elfenlied et Feuerreiter (DW7084) sont créés dans leur version chorale à la Société des Amis de la Musique. Il y reçoit un très bon accueil même de la part du critique Edouard Hanslick

Enfin, en 1895, le livret d’un opéra est trouvé. Il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle de Pedro de Alarcon Le Tricorne effectuée par Rosa Mayreder. Pour mener ce projet à bien, Hugo Wolf reçoit une pension de 1.500 marks réunis par ses amis. Le travail sur l’opéra est rapide : entre le 13 mars et 29 décembre, Wolf réalisera la version pour piano et son orchestration. Il termine la tâche dans un état de transe lui faisant entrevoir un succès planétaire. Cependant, le parcours sera encore ardu jusqu’à la présentation de l’œuvre au public. Les théâtres de Berlin, de Vienne et de Prague refusent la pièce les uns après les autres. Enfin, le théâtre de Mannheim accepte de mettre l’œuvre en répétition. Hugo Wolf fournit encore un travail acharné pour corriger l’orchestration et superviser les répétitions, ce qui ne va pas sans heurts. La création de Der Corregidor aura lieu à Mannheim en 1896 avec un succès mitigé. Hugo Wolf, lui-même, semble absent et manifeste une étrange indifférence lors de la représentation. Il perd les 200 marks reçus en honoraires.

Der Corregidor (DW7065), opéra en quatre actes, souffre des faiblesses du livret. Les scènes prises individuellement offrent des moments de musique très agréables mais le manque d’une tension dramatique donne une sensation de dispersion et de longueur. La fin elle-même n’apporte pas de dénouement à une intrigue déjà bien diluée.

De plus, l’année 1896 voit se créer à Berlin la Wolf Verein, société qui organise des concerts et concourt à faire connaître le travail du compositeur. Le second volume de l’Italienisches Liederbuch voit le jour dans la même foulée créatrice que l’opéra. Mais à la fin du mois d’août, un médecin, consulté pour un trouble bénin, constate la fixité de la pupille. C’est le début de la paralysie généralisée, symptôme de la syphilis contractée avant l’âge de vingt ans et qui sera cause de sa mort, sept ans plus tard, en 1903.

 

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