La maturité

 
Wolf - Italienisches Liederbuch - DW7439

 

 

 

 

La folie et la mort

Plus que jamais, ses amis sont là pour l’entourer et lui offrir des conditions de travail optimales. Il a enfin un appartement où il peut se sentir chez lui. Il y corrige les épreuves du second volume de l’Italienisches Liederbuch et y compose deux lieder sur des poèmes de Lord Byron ainsi que Morgenstimmung d’après Robert Reinick (GC2433).

Début 1897, Wolf est à nouveau en quête d’un livret d’opéra. Il se tourne vers un texte de Pedro de Alarcon extrait de El nino de la bola. Toujours en proie à la fièvre du travail, il compose les Michel Angelo Lieder (DW77176) et commence l’élaboration de ce nouvel opéra baptisé Manuel Venegas (DW7075). Le texte du livret pose problème et Wolf demande à plusieurs auteurs de l’aménager. La partition est élaborée jusqu’à la cinquième scène du premier acte dans un style proche des Michel Angelo Lieder. Hugo Wolf prévoit une orchestration légère, dans le style de Mozart. Cet opéra restera inachevé.

Vienne aussi reconnaît son talent et voit la fondation d’une Hugo Wolf Verein à Vienne, société qui lui apportera un soutien considérable pendant ses années d’internement par l’organisation de concerts et ce, jusqu’en 1905. La nomination de Gustav Mahler à l’opéra de Vienne fait espérer à Wolf d’y faire monter son opéra. La fatigue due aux insomnies entrave son travail. Il décide d’avoir recourt à l’alcool pour se stimuler. C’est dans un véritable état de transe qu’il travaille à son opéra. Au mois de septembre 1897, son comportement devient aberrant, il délire pendant une journée entière, imaginant qu’il a été nommé directeur de l’opéra de Vienne. Ce sont ses amis qui décident de son internement à l’asile du Docteur Wilhelm Svetlin où il est admis le 21 septembre.

Pendant plus de deux mois, Hugo Wolf y poursuit ses délires mégalomaniaques, se prenant tour à tour pour Richard Wagner et pour Gustav Mahler. Ses lettres témoignent des pensées qui l’habitent mais aussi de la conscience qu’il a de son état. Il se sent trahi par ses amis et veut changer de vie. À la fin de l’année 1897, il retravaille et compose une deuxième Sérénade italienne faisant appel au thème de Funiculi, Funicula.

Il quitte l’asile en janvier 1898 pour un voyage en Italie avec Mélanie Köchert. Cette rémission lui permet de superviser l’édition des Michel Angelo Lieder. En octobre, alors qu’il séjourne chez des amis au bord du lac de Traum, il tente de se suicider en se jetant dans les eaux du lac. Il demande à être interné à nouveau. C’est ainsi qu’il sera placé à la Landesirrenanstalt à Vienne, une donation de l’empereur François-Joseph ainsi que les bénéfices engrangés par la Hugo Wolf Verein assurant les frais de la pension. Les moments de lucidité pendant lesquels il est capable de se promener, de jouer du piano ou d’écrire se font de plus en plus rares au fil des mois qui passent. Des accès de fureur, des crises d’angoisse abominables, la perte progressive de son identité et surtout la paralysie menant à la perte totale du langage deviennent son lot quotidien. Mélanie Köchert et ses amis ne l’abandonnent pas, se relayant à son chevet jusqu’au 22 février 1903 où il meurt des suites d’une inflammation pulmonaire. Il est enterré au cimetière central de Vienne dans la partie réservée aux compositeurs.


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