Sous les auspices de Brahms

Alexander von Zemlinsky est né à Vienne le 4 octobre 1871. Sa famille est le produit typique du multiculturisme viennois. Son père est un Viennois issu d'une famille catholique d'origine slovaque et sa mère vient d'une famille bosniaque issue d'un mariage judéo-musulman. Par amour pour sa mère, le père de Zemlinsky s'était converti au judaïsme.

Contrairement à l'usage, après avoir terminé brillamment ses études de piano, de contrepoint et de composition au Conservatoire de Vienne, Zemlinsky ne part pas en province effectuer ses premiers pas, mais tente de s'imposer directement à Vienne comme compositeur. Il se joint au "Wiener Tonkünstler-verein" dont Brahms est le président honoraire. Il apporte sa collaboration aux concerts de l'association en tant que pianiste et compositeur. Ainsi, Zemlinsky peut présenter à Brahms son Premier quatuor à cordes en La majeur, op.4. L'oeuvre, ainsi que le Trio pour clarinette, piano et violoncelle, op.3 parut chez Simrock, l'éditeur de Brahms. Ce quatuor témoigne tout à la fois de la dette de Zemlinsky envers le classicisme viennois en général et Brahms en particulier, mais aussi des tensions entre la volonté de s'évader de ce carcan.

La rencontre avec Schoenberg

Zemlinsky dirige aussi un ensemble de musiciens amateurs, Polyhymnia, où officie, armé d'un misérable violoncelle, un jeune employé de banque, de trois ans son cadet, et par ailleurs chef de choeur : Arnold Schoenberg. Réunis par leur amour de Wagner et de Brahms, les deux hommes sympathisent. Mieux, Zemlinsky donne à son ami, qui s'est formé jusque là en autodidacte, quelques cours de composition. Schoenberg, de son côté, réalise la réduction pour chant et piano du premier opéra de son nouvel ami, Sarema, une histoire assez classique sur l'opposition entre devoir et amour. Et même bien mieux, il s'éprend de la soeur de Zemlinsky, Mathilde, et se marie avec elle en 1901. C'est ainsi que Zemlinsky devient un défenseur des compositeurs de l'École de Vienne (Schoenberg, Berg et Webern) même si, comme compositeur, il se tiendra en marge de leur recherche stylistique.

Ne pouvant vivre uniquement des prix remportés lors de concours de composition, Zemlinsky doit, pour assurer sa subsistance, accepter un poste de chef d'orchestre. Il se retrouve ainsi, de 1899 à 1903, Kapellmeister du Carltheater de Vienne où il doit diriger, à son grand déplaisir, de nombreuse opérettes. Vienne était dans une époque que l'on surnomma l'âge d'argent de l'opérette viennoise. Mais Zemlinsky rajoutait, avec sarcasme, que, par contre,  le silence était d'or... Heureusement engagé au Volksoper, Zemlinsky peut diriger des répertoires plus consistants et attirer sur lui, par ses productions mémorables,  l'attention de Mahler qui l'engage en 1907 au prestigieux Hofoper.


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