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Rinaldo
David Walker - Deborah York - David Daniels - Axel Köhler -
Noëmi Nadelmann
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Cote
Médiathèque
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Rinaldo fut le premier opéra de Handel
présenté à Londres. Il circulait dans la ville une anecdote racontant
que le compositeur avait mis à peine quinze jour pour produire la
partition. Vu le nombre d'emprunts à des oeuvres antérieures, l'histoire
peut être crédible. Outre le génie de Handel et le talent des castrats
italiens vedettes engagés, la création doit son immense succès
aux extraordinaires moyens techniques utilisés pour les effets de
scène et les effets visuels. Il faut savoir que le théâtre de Haymarket
venait de refaire sa machinerie selon les derniers cris de la technologie,
et il fallait que cela se voie. Le livret était tiré
d'un épisode de la Jérusalem délivrée,
mais mieux vaut n'avoir jamais ouvert la merveilleuse épopée
du Tasse pour suivre l'intrigue imaginée par Giacomo Rossi,
sur un argument d'Aaron Hill. De ce grand classique, les librettistes
ont tiré une version presque populaire, une farce comique.
Dans l'oeuvre de Handel, nous trouvons des oeuvres monumentales comme
Xerses, des grands opéras historiques où le
caractère épique se mêle à l'humour comme Giulio
Cesare. Rinaldo a été conçu comme
une sorte de vaudeville farfelu où se mélangent de la
musique sérieuse, de la musique féerique, des situations comiques
et d'autres héroïques. Cette production de l'Opéra
d'état de Bavière joue à fond sur l'ironie vis-à-vis
d'un guerrier héroïque qui laisse tout tomber à
la vue d'une sorcière un peu sexy. Le metteur en scène britannique,
David Alden, préférant jouer la corde du choc comique
visuel, abandonne sur le côté de la route la psychologie
des personnages. Pourtant, Handel n'était pas un compositeur
au tempérament romantique, mais il n'a pas son pareil pour
décrire comme personne les émotions extrêmes de
l'état amoureux. Et surtout, il a une grande compassion pour
les humains en général et pour les femmes en particulier.
De cette production déjantée et à la limite du kitch, on placera
très haut la fabuleuse prestation de David Daniels dans le
rôle-titre et, réjouissez-vous, il n'a pas moins de huit
arias à chanter ! La voix est puissante, étonnamment
ductile, souple jusque dans les extrêmes, doublée d'une
présence impressionnante. Un moment magique, le Cara sposa
pleurant la disparition de l'aimée, un long et émouvant
sanglot, un air d'une hauteur tragique absolue. À l'instar
d'Ivor Bolton, le jeune chef britannique Harry Bicket dirige, avec
beaucoup de punch, un orchestre sur instruments modernes, tout en
respectant les dernières avancées de l'interprétation
historiquement éclairée. Une quinzaine de représentations
en trois mois attestent de la chaleur de l'accueil de Rinaldo
: les Anglais découvraient l'opéra italien sous
son meilleur jour et Handel, fraîchement nommé maître
de chapelle à Hanovre, avec des appointements exorbitants pour
un compositeur de vingt-cinq ans, y renoncera pour se fixer à
Londres.
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