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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

LA FÊTE DES FOUS

Pérotin- Pierre de Corbeil - Gautier de Coinci - anonymes


Obsidienne
Emmanuel Bonnardot

Cote Médiathèque

AA3663

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Le calendrier médiéval compte beaucoup de fêtes: chaque saint est honoré à date fixe par la corporation ou la confrérie qui se l'est choisi comme protecteur. Ainsi le bas-clergé, diacres, chantres, clercs avaient leur fête le premier jour de janvier . Malgré la solennité de cette date, les diacres étaient autorisés par la hiérarchie de l'Eglise à transgresser les valeurs établies pour célébrer une parodie de messe faisant ainsi se relâcher, pour un jour, la pression exercée par le pouvoir. La bride sur le cou, ces joyeux drilles ne se privaient de rien et la célébration tournait parfois à l'orgie amenant les sévères admonestations des évêques, précieux témoignages qui permettent aujourd'hui d'imaginer ce que furent ces excès appelés tantôt fête des fous, tantôt fête de l'âne ou encore fêtes des sous-diacres. Plusieurs manuscrits, ceux de Sens et de Beauvais, contiennent une codification de cette fête de l'âne ainsi dénommée parce qu'à la place de l'évêque présidant la messe était nommé un âne qui officiait à rang égal à la place du prélat. On dansait autour de l'autel, on mangeait, on buvait et la verve érotico-scatologique tant prisée au Moyen Age coulait à flots. Obsidienne nous convie sur le parvis de l'édifice pour l'arrivée de l'âne coiffé de la mitre qui sera conduit en grande pompe jusqu'aux marches de l'autel. L'intrusion d'un extrait du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare (Bottom et les fées) est un peu surprenant au milieu de ces conduits du Codex Las Huelgas et de beaux chants mariaux chantés avec sérieux. Bientôt un malicieux chœur d'enfants (de chœur)marque un relâchement dans la manière de chanter provoqué par un calice trop rempli, de vin pur. Plusieurs pièces à la gloire de l'animal aux longues oreilles, compagnon de Joseph et Marie dans leur fuite en Egypte introduisent des lectures " sacrées " de recettes de cuisine dans le style de la contrefaçon. La tenue de la célébration se délite encore un peu et les vocalises alleluiatiques s'étirent de manière interminable avant qu'un joyeux rondeau instrumental vienne mettre tout ce beau monde à la porte de l'édifice. Rassurez-vous, Obsidienne ne dépasse pas la mesure, tout cela reste bien chanté, très léché, trop sage à mon goût. L'interprétation parfaite fait obstacle à cette licence excessive qu'évoque cette fête des fous. Ici, on ne s'éclate pas, on rend hommage à l'âne à travers un beau choix de pièces du XIIIe siècle. Pour l'ambiance, lisez les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer...

AG    

 

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