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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

Giovanni BONONCINI (1670 - 1747)

La Nemica D'Amore Fatta Amante, serenata a tre

Adriana Fernandez, soprano - Martin Oro, contre-ténor - Furio Zanasi, baryton
Ensemble 415
Chiara Banchini

Cote Médiathèque

BB8768

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Fils de Giovanni Maria Bononcini, un des artisans du développement de la musique instrumentale au XVIIe siècle, Giovanni Battista Bononcini mènera une brillante carrière de violoncelliste et de compositeur. Orphelin à l'âge de huit ans, il parvient toutefois à faire reconnaître ses dons et se faire aider par de puissants mécènes. Ainsi accomplit-il ses études à Bologne avant de séjourner à Milan, Rome, Venise, Vienne, Londres et Paris où, chaque fois, il a été précédé par une réputation enviable. Ses oeuvres, innombrables, sont aujourd'hui quasiment tombées dans l'oubli. A l'écoute de cette "Énnemie de l'Amour devenue amoureuse", on aimerait en connaître davantage tant se révèle à nous un talent de mélodiste qui n'a pas été sans influencer son contemporain Händel. Ainsi ne peut-on s'empêcher d'opérer un rapprochement entre la Nemica d'Amore, écrite par Bononcini en 1693, et Acis et Galatée qu'Händel présentera en 1718, choisissant lui aussi la forme de la "serenata" si prisée de Scarlatti et Bononcini. On y trouve la même inspiration pastorale, le même souci d'exprimer les sentiments en de beaux airs que ne dédaignerait pas le grand opéra. Écoutons, par exemple, les tendres échanges entre Tirsi et Clori (Per te, peno) et le contraste qu'ils offrent avec les interventions plus dramatiques de Fileno (Io geloso ?). Nous aurions aimé nous laisser gagner par la beauté des voix solistes qui défendent, non sans générosité, cette ravissante musique que n'alourdissent pas de trop nombreuses ou inutiles formules. Hélas, la distribution est inégale. Le contre-ténor, Martin Oro, dont les apparitions dans le domaine de la musique enregistrée se font rares encore, détient les atouts pour susciter l'émotion vraie (Pur ti riveggio ancor) mais il lui faudrait acquérir plus de présence encore. Adriana Fernandez, par contre, déçoit. Elle aborde son rôle d'ennemie de l'amour finalement conquise par les flèches que décoche celui-ci avec la gentillesse d'une petite fille trop sage. En outre, sa voix doit " mûrir " encore car elle souffre de limites par trop évidentes et celles-ci gâchent notre plaisir. Furio Zanasi, quant à lui, est tout simplement olympien et constitue l'élément engagé de cette distribution mal équilibrée. Il convainc, il subjugue et apporte la dimension dramatique qui fait défaut chez les deux autres solistes. Sur le plan instrumental, le continuo ne manque pas de présence mais, çà et là, on souhaiterait une justesse moins approximative des cordes. Néanmoins, pour la seule beauté de la musique, cet enregistrement vaut le détour et, sur ce plan, s'inscrit au nombre des trop rares découvertes de ce début de saison.

PW    

 

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