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Travers-sons

Le choix des médiathécaires

Carl LOEWE (1796 - 1869)

Concerto pour piano en La majeur
(+ CHOPIN: Concerto pour piano n°2 en fa mineur, op.21)

Mari Kodama
Russian National Orchestra
Kent Nagano

Cote Médiathèque

DC5235

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L'arrivée du SACD sur la marché ne s'accompagne pas nécessairement d'un renouvellement sensible du répertoire. Bien au contraire, nous avons déjà eu l'occasion de déplorer la faiblesse des incitants à abandonner le bon vieux CD pour se tourner vers une technologie qui, si elle a tout pour passionner les amateurs de hi-fi, est loin d'affoler le commun des mortels. Notons cependant quelques productions, ça et là, qui ne manquent pas d'intérêt ou, autre atout commercial, l'occasion de faire connaître de nouveaux interprètes que le CD traditionnel n'avait pas mis en évidence encore. C'est le cas ici avec Mari Kodama dont une timide apparition, en 1993, dans les Concertos pour piano de Prokofiev, n'avait pas suffi à lui assurer une place au rang des interprètes d'avenir. Avec les deux concertos enregistrés sur ce SACD, nous trouvons une interprète complète, sensible, dont la technique raffinée et délicate, sans jamais tomber dans la mièvrerie, s'accorde très bien de deux oeuvres aussi différentes que les concertos de Chopin et de Loewe. Du premier, déjà abondamment présent dans la discographie, nous retiendrons une interprétation maîtrisée, sereine sinon jubilante, comme dans le mouvement final. Du second, moins connu, nous affirmerons qu'il faut une interprétation de ce type pour rendre crédible une oeuvre dont le but premier était de mettre la virtuosité sur le pavois et de plaire à un public qui ne demandait, certes pas, à être dérangé. Carl Loewe est quasiment un inconnu dans nos régions alors que ses lieder et, particulièrement, ses ballades sont bien connues de nos voisins d'outre-Rhin. Question de langue, peut-être, mais alors pourquoi cette méconnaissance du reste de son oeuvre ? Sans doute parce que, comme de nombreux compositeurs, la reconnaissance de Loewe reste à faire. Sans doute aussi, parce que la production est inégale en raison d'un désir parfois trop évident de sacrifier au goût du public. Puisque l'occasion nous est donnée de découvrir enfin une oeuvre concertante, ne nous en privons pas. Elle est charmante, même si redoutable pour le soliste à qui le compositeur a confié les traits les plus audacieux. Mari Kodama se joue des difficultés avec une telle aisance qu'on en vient à oublier le labeur pour ne retenir que le scintillement. L'Orchestre National Russe, dynamisé par Kent Nagano, l'épaule parfaitement et semble y prendre tout son plaisir. Le second mouvement, sous-titré curieusement Espaniola, est une délicieuse pochade au caractère un peu surprenant, plus proche des Nocturnes  de John Field que de l'Espagne torride suggérée ici par quelques accords et un " orientalisme " de carte-postale qui contrastent violemment avec la véhémence du Rondo final. Une découverte sans autre prétention que de goûter à une évidente joie de vivre et de se laisser conquérir par le jeu de Mari Kodama.

PW    

 

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