Berlioz, la voix du romantisme

 

C'est un lieu commun de dire que Berlioz est le plus grand compositeur romantique français, mais quand on l'énonce, le ton du propos n'est pas toujours le même. Un peu de regret et l'on rejoindra vite le camp de Debussy dont les critiques sont reprises depuis un siècle, sans beaucoup d'à-propos ou d'arguments. Beaucoup d'enthousiasme, et l'on renforcera le parti de tous ceux qui défendent ses oeuvres avec autant d'acharnement qu'il en mit lui-même à les diriger devant les publics de France, d'Allemagne, d'Angleterre ou de Russie.

Berlioz a beaucoup écrit : symphonies, ouvertures, opéras, cantates. Il a créé l'art du chef d'orchestre et fondé l'orchestration moderne. Il a aussi beaucoup rêvé. Son meilleur des mondes serait une ville utopique, Euphonia, symbole de l'harmonie, où la musique réglerait délicieusement les journées et les intermittences du coeur. On y trouve même l'esquisse d'une salle de concert idéale : Berlioz l'a imaginée, Wagner l'a construite.

Berlioz vivait dans le présent de sa musique mais il n'a jamais fait "table rase" du passé. Ses lecteurs n'ignorent plus rien de l'admiration éperdue qu'il a vouée à Gluck. Peut-être une éducation nourrie de la grande poésie latine, Virgile surtout, lui a-t-elle donné le goût du sublime tout en le protégeant contre les choix les plus convenus. À vingt-cinq ans, ce jeune homme d'une sensibilité à fleur de peau, secoué d'émotions violentes, découvre Beethoven, Weber et Shakespeare et les installe au firmament de son admiration. Il conserva jusqu'à ses dernières années cet élan, cette capacité d'enthousiasme qui jaillissent de ses lettres. Jusqu'au bout, il joua à l'imprécateur, au contempteur de la sottise routinière et de l'indifférence : l'attrait de sa verve satirique est intact aujourd'hui. On connaissait les traits incisifs et l'intelligence généreuse des Mémoires, sorte de miroir littéraire du célèbre portrait de Signol. On peut désormais, en lisant les milliers de pages de la correspondance et des feuilletons, voir aussi en lui, tout simplement, un grand écrivain.

Depuis 1997, le Comité international Hector-Berlioz réunit, aux côtés d'institutions qui oeuvrent et se dévouent en faveur de cette grande mémoire, un certain nombre de musicologues qui ont participé aux entreprises scientifiques lancées après la célébration, en 1969, du centenaire de la mort de Berlioz : la nouvelle édition complète des oeuvres musicales (143 numéros de catalogue), la publication de la correspondance intégrale, riche de 3.380 lettres, et enfin la publication de 936 feuilletons de critique musicale.

Voici, en coédition entre la Bibliothèque nationale de France et les éditions Fayard, la première grande iconographie Berlioz réalisée grâce au traitement riche et rigoureux des sources foisonnantes issues principalement des collections de la BNF (350 pièces : partitions, lettres, manuscrits autographes, estampes, photographies, peintures et costumes d'opéra) en fin d'ouvrage : chronologie, bibliographie, phonographie, glossaire et index.

 

Catherine MASSIP et Cécile REYNAUD (sous la direction de)
Berlioz, la voix du romantisme
Catalogue d'exposition de la BNF
Librairie Arthème Fayard et la Bibliothèque nationale de France - octobre 2003
264 pages; 23,4 x 30.
ISBN 2-213-61697-3
Prix : 45 EUR (France), 51,75 EUR (Belgique).

 




 



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