Reconnaissance tardive de la femme compositrice - 6

 
Lili Boulanger - EB7977

 

 

 

 

Les femmes et la musique - Troisième partie

Vers la seconde moitié du XIXe siècle, on commence à prendre au sérieux le travail des compositrices, au même titre que leurs collègues masculins. Augusta Holmès n'a pas hésité à se mesurer avec les hommes sur leur propre terrain, à composer des opéras et des oeuvres symphoniques et s'est fait reconnaître de ses collègues masculins comme une compositrice à part entière.

À l'orée du XIXe siècle, les écoles, académies, universités ouvrent peu à peu leurs portes aux femmes, permettant à certaines artistes, comme Lili Boulanger, d'obtenir un Grand Prix de Rome pour la composition et d'être parfois mondialement célèbres tant le niveau était élevé.

Les universités sont accessibles mais les places dans la vie professionnelle sont chères. Les préjugés anti-féministes ont la dent dure. Au XXe siècle, les artistes féminines ont tendance à se regrouper, à monter des orchestres de femmes, dirigées par des femmes et présentant un répertoire féminin. À côté de cela, plusieurs maisons de production de disques de femmes sont lancées, des associations et des ligues sont créées; bon nombre de festivals de musique réunissant les femmes sont organisés. Inutile de dire que toutes ces expériences apparaissent surtout aux États-Unis. En Europe, "Frau und Musik", association internationale et revue allemandes accorde une large place à la réflexion et à la recherche.

À titre individuel, les contemporaines s'investissent davantage et se font de plus en plus valoir. Elles poussent leurs études toujours plus loin, participent à des concours difficiles, se battent sur le terrain des subsides gouvernementaux, à leur tour forment les jeunes générations. Leur nombre est plus important aux État-Unis, beaucoup de soviétiques ont été révélées avec la chute du mur de Berlin (Sofia Goubaïdulina, Galina Ustvolskaya) et actuellement, les pays nordiques, favorables aux droits des femmes, fournissent de plus en plus de jeunes talents. De plus, dans tous ces pays, l'enseignement musical est à la pointe par rapport au reste du monde.

Même si la femme n'a pas encore acquis ses lettres de noblesse au niveau de la création musicale, il ne faut pas mésestimer sa contribution à l'enrichissement du patrimoine artistique et à la formation. Dans ce sens, le rôle de la compositrice Nadia Boulanger fut capital. Pédagogue de renommée mondiale, elle aurait, au cours de ses 60 ans de carrière, enseigné à 600 élèves, surtout américains, dont 83 femmes.


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