Les femmes et la musique - Troisième partie
Vers la seconde moitié du XIXe siècle,
on commence à prendre au sérieux le travail
des compositrices, au même titre que leurs collègues
masculins. Augusta Holmès n'a pas hésité
à se mesurer avec les hommes sur leur propre terrain,
à composer des opéras et des oeuvres symphoniques
et s'est fait reconnaître de ses collègues
masculins comme une compositrice à part entière.
À l'orée du XIXe siècle,
les écoles, académies, universités
ouvrent peu à peu leurs portes aux femmes, permettant
à certaines artistes, comme Lili Boulanger, d'obtenir
un Grand Prix de Rome pour la composition et d'être
parfois mondialement célèbres tant le niveau
était élevé.
Les universités sont accessibles mais les places
dans la vie professionnelle sont chères. Les préjugés
anti-féministes ont la dent dure. Au XXe siècle,
les artistes féminines ont tendance à se regrouper,
à monter des orchestres de femmes, dirigées
par des femmes et présentant un répertoire
féminin. À côté de cela, plusieurs
maisons de production de disques de femmes sont lancées,
des associations et des ligues sont créées;
bon nombre de festivals de musique réunissant les
femmes sont organisés. Inutile de dire que toutes
ces expériences apparaissent surtout aux États-Unis.
En Europe, "Frau und Musik", association internationale
et revue allemandes accorde une large place à la
réflexion et à la recherche.
À titre individuel, les contemporaines s'investissent
davantage et se font de plus en plus valoir. Elles poussent
leurs études toujours plus loin, participent à
des concours difficiles, se battent sur le terrain des subsides
gouvernementaux, à leur tour forment les jeunes générations.
Leur nombre est plus important aux État-Unis, beaucoup
de soviétiques ont été révélées
avec la chute du mur de Berlin (Sofia Goubaïdulina,
Galina Ustvolskaya) et actuellement, les pays nordiques,
favorables aux droits des femmes, fournissent de plus en
plus de jeunes talents. De plus, dans tous ces pays, l'enseignement
musical est à la pointe par rapport au reste du monde.
Même si la femme n'a pas encore acquis ses lettres
de noblesse au niveau de la création musicale, il
ne faut pas mésestimer sa contribution à l'enrichissement
du patrimoine artistique et à la formation. Dans
ce sens, le rôle de la compositrice Nadia Boulanger
fut capital. Pédagogue de renommée mondiale,
elle aurait, au cours de ses 60 ans de carrière,
enseigné à 600 élèves, surtout
américains, dont 83 femmes.
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