Reconnaissance tardive de la femme compositrice - 4

 
Hildegard von Bingen - AA3718

 

 

 

 

Les femmes et la musique - Première partie

La pionnière dans l'art de composer fut Hildegard von Bingen. Porte-drapeau de la cause féminine, elle adresse plusieurs de ses chants et psaumes à la Vierge Marie (ainsi O clarissima mater et O tu illustrata) à côté desquels plusieurs autres, comme O ecclesia rendent hommage au martyr de Sainte Ursule qui fut assassinée à Cologne avec les onze mille jeunes femmes de sa communauté. Heureusement, Hildegard n'eut pas à subir le même sort mais dut, toute sa vie, se battre pour maintenir l'indépendance et la sécurité de son couvent. Figurant avec Aliénor d'Aquitaine, Catherine de Sienne et Héloïse parmi les personnages marquants du Moyen Âge, elle incarne aujourd'hui davantage l'image d'une visionnaire, d'une mystique que celle d'une musicienne compositrice.

Aux XIIe et XIIIe siècles, les femmes troubadours ou trobairitz sont représentées, en moindre proportion que la gent masculine, dans ce bouillonnement créateur où la femme est constamment évoquée. Les oeuvres et les noms des troubadours (au nombre de 460 dont 20 femmes) proviennent d'une cinquantaine de florilèges manuscrits écrits aux XIIIe et XIVe siècles. Ils regroupent environ deux mille textes, parmi lesquels vingt-cinq émanent de femmes. Une vingtaine de chansonniers contiennent les mélodies notées des textes mais une seule de trobairitz, une chanson de la comtesse Béatrice de Die. Toutes ces représentantes, identifiées grâce aux "vidas", biographies des troubadours qui annoncent les textes d'une vingtaine de chansonniers, étaient de noble lignage. Cet état leur a probablement permis, dans une tradition orale où les seuls écrits concernaient les hommes, de laisser une trace écrite.

Les XVIIe et XVIIIe siècles admettent l'image de la femme musicienne. Le fait que les femmes embrassent une profession artistique n'était pas en contradiction avec les modèles d'éducation en vigueur à l'époque. La plupart des jeunes femmes instruites étaient dans les ordres, telle Isabella Leonarda (1620-1704). Jouissant de la sécurité matérielle au sein de l'Église, elles bénéficiaient de l'enseignement d'un maître de musique et pouvaient s'exercer à la composition mais devaient par leur art s'en tenir au domaine sacré et à la seule gloire du tout puissant.

La courtisane représente l'autre monde du Haut Baroque italien où pouvaient se produire, évoluer les femmes musiciennes de métier. Indépendante, elle assurait par ses charmes et son esprit sa propre subsistance et était l'artisane de sa destinée. Les textes historiques mettent sans cesse en évidence telle ou telle artiste, en raison de son intelligence, de l'étendue de ses connaissances et de la maîtrise de plusieurs langues. Il n'était pas rare qu'elle soit, à l'instar de Barbara Strozzi, membre d'académies ou de foyers artistiques de plus en plus nombreux en cette période.


Les femmes et la musique - 2e partie>>

© 2004 - La Médiathèque - Tous droits de reproduction réservés.