la guitare classique |
La
Renaissance (XVIe siècle) |
Cette
période marque le début du développement de la musique
instrumentale; avant la fin du XVIe siècle, toute la musique n'est écrite
qu'à l'intention de la voix. L'instrument n'a donc qu'une fonction
ornementale (introduction ou improvisation), de doublure ou de
remplacement des voix ou un rôle utilitaire pour la danse. La
Renaissance voit aussi naître l'imprimerie musicale. Parmi les premières
publications imprimées de Petrucci à Venise, figure un recueil de
tablatures pour orgue et luth. Globalement, deux instruments savants se disputeront les faveurs des musiciens : la VIHUELA en Espagne (et dans les colonies) et le LUTH partout ailleurs. La GUITARE RENAISSANCE fait une apparition plus timide, bien qu'elle soit associée aux répertoires de ces illustres congénères. Rejetant
le luth parce que lié culturellement à la civilisation arabe (en 1492,
l'Espagne achevait de reconquérir ses terres aux Maures), les Espagnols
utilisèrent un instrument aux possibilités techniques comparables,
mais dons la caisse de résonance est en forme de 8 (comme celle de
la guitare renaissance, voir plus loin). Elle possédait 6 chœurs (= cordes doubles) accordées par quartes sauf une
tierce majeure entre le 2° et 3° chœur. Si l'on prend l'accord en sol (très courant
à l'époque), on obtient sol-ré-la-fa-do-sol. En mi (base de l'accord
de la guitare moderne), on obtient donc mi-si-fa#-ré-la-mi qui, à
une corde près, est identique à celui de la guitare actuelle, ce qui
rend l'exécution du répertoire possible sur la guitare moderne. Cet
instrument a été un puissant moyen d'expression de la culture
espagnole au Siècle d'Or (XVIe) et a connu une expansion vers les
territoires conquis à cette époque, ce qui explique peut-être la
faveur dont jouit encore la guitare en Amérique du sud. L'importance de la vie courtisane et la richesse
de l'Espagne en cette période ont
débouché sur la publication d'une série de recueils qui sont
le point de départ de la littérature originale pour les cordes pincées.
Luys Milan, Luys de Narvaez, Alonso Mudarra et deux musiciens aveugles
Miguel de Fuenllana (vihuéliste lui-même) et l'organiste de Cabezon. Dans
les autres pays occidentaux, l'instrument savant de référence est le
luth. Il a les mêmes caractéristiques instrumentales (nombre de chœurs
et accord). Comme les violes ou les flûtes à bec, on en trouvait de
différentes dimensions. Son accord est similaire à celui de la
vihuela espagnole, ce qui autorise les échanges de répertoires entre
les instruments. On dit d'ailleurs que Francesco da Milano était
aussi habile sur la viola da mano (vihuela en espanol) que sur le
luth, son instrument principal. Diverses traditions constituent le corpus
particulier du luth Renaissance : les Italiens Capirolo, da Milano,
Molinara, negri, da Parma, les Allemands Jundenkünig et Newsidler,
les français Attaignant, Leroy, Besard… La liste serait cruellement
incomplète si l'on ne mentionnait aussi les compositeurs élisabéthains
Dowland, Holborne, Cutting qui firent les beaux soirs des cours anglaises. La guitare renaissance est décrite par
Bermudo comme une vihuela dont on a retiré le premier et le dernier
chœur. Munie de 4 rangs de cordes, ses possibilités sont plus limitées,
ce qui en fait un instrument plus volontiers confiné à
l'accompagnement, même si quelques pièces écrites sont conservées.
Si l'on ramène l'accord en mi on obtient
mi-si-sol-ré, soit l'équivalent des quatre premières cordes
de la guitare moderne. Ces trois instruments partagent un répertoire constitué de divers types de pièces : mises en tablature de chansons, suites de variations (diferencias, glosas, diminutions), danses (pavane, gaillarde, branle, mauresque, saltarello, ballet…), pièces polyphoniques proches de l'esprit des chansons ou des madrigaux (ricercare, fantaisies).
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