L'oeuvre

 
Wolf - Goethe Lieder - McGreevy/Johnson - DW7273

 

 

 

 

Les lieder

Hugo Wolf pratique l’art de la miniature qu’est le lied à une époque où les grandes formes comme les symphonies de Gustav Mahler et de Anton Bruckner semblent être devenues la norme de composition. D’autres compositeurs romantiques s’y étaient déjà essayés avec succès : Franz Schubert et Robert Schumann qui furent sources d’inspiration pour les débuts de Wolf. Cependant, ce dernier envisage la forme d’une manière toute personnelle.

Dès le titre, tout est dit : « Poèmes de … pour voix et piano mis en musique par Hugo Wolf ». Le texte, dans son contenu sémantique comme dans sa syntaxe, est son objet principal de préoccupation. La poésie est la source même de la musique. Il s’agit ici de capturer la pensée profonde du poète et de lui donner une existence sonore. Sa méthode de travail consiste à lire le texte à voix haute jusqu’à ce que la mélodie émerge d’elle-même de la phrase, génératrice des intervalles et du rythme. La courbe du chant acquiert une forme singulière, donnant naissance à une déclamation lyrique nouvelle : le recitativo arioso. Le piano est mis sur un pied d’égalité avec la voix : il prépare l’atmosphère de la pièce par un prélude et la prolonge par un postlude. Son rôle est capital dans la réalisation d’ensemble, non pas un simple accompagnement mais un partenaire du chant.

Hugo Wolf trouve une solution inédite pour chaque émotion exprimée par le poète, réalisant ainsi des portraits d’une surprenante véracité. Son écriture devient, à elle seule, un langage traduisant le réalisme psychologique des personnages. Ainsi, le chromatisme traduit les mouvements subtils de l’âme humaine, ce chromatisme poussé à sa limite extrême conduit à une dissolution de la tonalité, saisissant le côté pathologique d’un personnage comme c’est le cas dans les trois Harfenspieler extraits des Goethe-Lieder. On trouve dans l’ensemble de ses lieder, aussi bien dans la ligne vocale que dans l’accompagnement, des formules symboliques équivalentes aux leitmotive des opéras de Richard Wagner. La complexité du résultat final est bien éloignée de la forme traditionnelle du lied. Ce sont les écoutes successives qui dévoilent progressivement les plans du compositeur, s’imbriquant les uns dans les autres telles des poupées russes.

 

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