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Notre choix : Pergolèse

Naples connut en 1732 une nouvelle série de tremblements de terre qui conduisirent les autorités ecclésiastiques de l'époque à mettre la ville sous la protection spéciale de Saint Emidius. Le 31 décembre de chaque année, une messe solennelle, suivie de vêpres, devait marquer d'un certain éclat le culte voué au saint protecteur. Si l'on sait que Pergolèse, alors âgé de vingt-deux ans, fut sollicité pour écrire les musiques de cette célébration, l'ensemble de ce qu'il composa ne nous est, par contre, jamais parvenu dans son intégralité. Ce que fait entendre cet enregistrement est donc une reconstitution réalisée par les soins de Malcolm Bruno et incluant quelques pages inspirées choisies parmi la rare production du compositeur décédé à vingt-six ans.

Suite du commentaire de Pierre Watillon

Das Rheingold

Le Ring de Richard Wagner implique plus que la vie. Son épopée de près de quinze heures se déploie dans un monde plus vaste que n'importe quel autre opéra, de la fureur surhumaine à l'héroïsme individuel autodestructeur. Aucun autre opéra ne donne base à une aussi vaste exégèse : au cours du temps, les mises en scène l'ont présenté comme le drame universel des vérités éternelles sur l'amour et la mort ou comme la parabole de l'effondrement du haut capitalisme. Au commencement du RIng, au commencement du Rheingold était l'eau, la nature intacte. Mais Alberich, le gnome et Wotan, le dieux lumineux, se sont rendu coupable en se lançant dans une quête égoïste du pouvoir. Tout deux commettent un vol pour obtenir l'anneau, tous deux se cramponnent convulsivement à la puissance qui s'exprime à travers l'anneau. Pour la première fois à Liège, l'Opéra Royal de Wallonie se lance dans la grande aventure de l'édification en trois saisons de ce monument de l'art lyrique. Une aventure à suivre de près.

Liège, ORW, Das Rheingold du 2 au 10 mai
Die Walküre, du 15 au 27 juin

La defense de la basse de viole

Le 1er août 1752, une troupe itinérante italienne s’installe à l’Opéra de Paris pour y donner des représentations d’intermezzi et d’opéras bouffes. Le succès inattendu de ces bouffons va diviser l’intelligentsia musicale parisienne en deux clans. Entre partisans de la tragédie lyrique, royale représentante du style français, et sympathisants de l’opéra bouffe, truculent défenseur de la musique italienne, va naître une véritable querelle pamphlétaire qui animera les cercles musicaux de la capitale française jusqu’en 1754. Exacerbée en ce milieu du siècle des lumières, notamment par l’émergence d’une pensée qui bouleversera la société française moins d’un demi-siècle plus tard, la querelle qui oppose en France les musiques française et italienne n’est pas neuve. Toujours sur le mode de la confrontation, le Ricercar Consort présentera un aperçu du célèbre ouvrage d’Hubert Leblanc, La défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle (1740) illustrant par là la transposition de l’opposition France/Italie dans le domaine de la musique instrumentale et particulièrement à travers trois instruments à la mode à Paris à cette époque. Ce concert sera parcouru d’extraits de ce livre souvent amusant dans le ton, déclamé par le comédien Christian Crahay.

Bruxelles, Parlement de la Communauté française, le vendredi 2 mai à 20h30

Il Re pastore

Le livret d'Il Re pastore exploite un épisode de l'expédition d'Alexandre le Grand en Asie. Sur toile de fond historique, un conflit se joue entre raison d’État et sentiments personnels : après avoir libéré la ville phénicienne de Sidon du tyran Straton, Alexandre le Grand fait monter sur le trône Amintas, le successeur légitime qui a survécu comme berger sous l’usurpateur, mais Amintas n’accepte le pouvoir qu’à la condition de ne pas devoir renoncer à son amour pour Elisa. Le "dramma per musica" écrit par Métastase en 1751 fut utilisé une vingtaine de fois avant Mozart. Il Re pastore n'est pas destinée à la scène : c'est une serenata, autrement dit un oratorio sur un sujet profane, musicalement apparenté à l'opéra séria. Le caractère concertant de la partition est évident à la lecture de certains airs. La musique de Mozart s'adapte à merveille à l'atmosphère arcadienne du livret, dont les tableaux pourraient avoir été peints par Nicolas Poussin.

Bruxelles, la Monnaie, du 23 avril au 4 mai