Les traditionalistes
Les musiciens anglais eurent en général
des difficultés à se séparer des formes
classiques et de l’usage de la tonalité.
Parmi ceux qui sont restés fidèles
à l’usage des modes majeur et mineur, Edmund Rubbra
(1901 - 1986) fut le porte-parole d’une double tradition
issue du folksong et de la polyphonie élisabéthaine.
Après ses études, il dut exercer divers métiers
avant de pouvoir se consacrer entièrement à
la composition. Son œuvre comporte une dizaine de symphonies
(ER9124),
un Concerto pour alto et orchestre (ER9161),
un Concerto pour violon (ER9161),
de la musique de chambre (ER9177
- ER9191),
des pièces vocales profanes et religieuses (ER9208).
Sa pensée fut influencée par les philosophies
orientales et l’occultisme, ce qui était dans l’air
du temps.
Trouvant sa source d’inspiration dans une
autre idéologie, Alan Bush (1900 - 1995) était
un communiste militant comme le prouvent ses opéras
Wat Tyler, Men of Blackmoor, Sugar
Reapers, Joe Hill. Ses réalisations
reflètent ses convictions : des concertos, des symphonies,
des quatuors et diverses œuvres (DM4838).
Sa musique connut plus de succès dans les pays de
l’Est qu’en Angleterre.
Échappant à toute idéologie,
Gerald Finzi (1901 - 1956) possède un style mélodieux,
volontiers pastoral. Parmi ses œuvres les plus souvent interprétées,
on retiendra le Concerto pour violoncelle (EF4827),
la cantate Dies Natalis (EF4861),
ses mélodies (EF4899
- EF4901)
dont celles sur des textes de Thomas Hardy et des œuvres
chorales (EF4874).
Dans la même veine personnelle, Lennox
Berkeley (1903 - 1989) subit l’influence de Nadia Boulanger
et du Groupe des Six. Il composa de la musique religieuse
(EB5944)
dont un oratorio : Jonah. Dans le domaine profane,
ses pièces orchestrales comprennent une suite de
danses catalanes : Mont Juic (EB5866)
écrites en collaboration avec Benjamin Britten qui
appréciait beaucoup sa musique ainsi que des symphonies
(EB5866)
et diverses autres pièces pour orchestre. On lui
doit, outre ses pièces pour piano (EB5926),
un Concerto pour deux pianos.
William Alwyn (1905 - 1985) exerça
des fonctions de chef d’orchestre (EA6810) et fut un compositeur
aux talents variés : cinq symphonies (EA6794 -
EA6792),
des pièces symphoniques (EA6810), de la musique de
chambre (EA6820) et des musiques de films
(EA6847).
Faisant preuve d’une écriture plus
osée dans laquelle la tonalité tend à
disparaître, Alan Rawsthorne (1905 - 1971) n’abandonna
pourtant pas les formes classiques comme en témoignent
ses concertos pour violon (ER2970),
ses concertos pour piano (ER2965),
sa musique de chambre (ER2975
- ER2981
- ER2986)
et ses symphonies.
Parmi les compositeurs moins connus, on retiendra
Daniel Jones (1912 - 1993) auteur de symphonies et de quatuors
à cordes (EJ7512),
ainsi que Bernard Stevens (1916 - 1983), professeur de composition
au Royal College of Music et à qui on doit aussi
des symphonies (ES6543),
des concertos (ES6560),
de la musique de chambre (ES6552)
et diverses autres pièces.
Il convient de consacrer plus de temps à
une figure particulière de la musique anglaise :
Malcolm Arnold (1921). Après des études au
Royal College of Music, il fut trompettiste au London Philharmonic
Orchestra puis à l’Orchestre de la BBC, ce qui lui
permit de développer une véritable science
de l’orchestre. Il réussit à concilier musique
sérieuse et musique dite légère en
composant la musique de plus de cent films. Il fit ses débuts
de compositeur avec l’ouverture Beckus the Dandipratt
(EA8346)
qui connut un grand succès de même que les
œuvres suivantes. Parfois provocante comme dans la Deuxième
symphonie (EA8313)
ainsi que dans la Quatrième symphonie (EA8320),
sa production abondante couvre tous les genres depuis les
concertos (EA8392
- EA8386
- EA8396
- EA8406)
dont deux concertos pour clarinette, les pièces symphoniques
(EA8344)
jusqu'à la musique de chambre (EA8417
- EA8418
- EA8419)
et les pièces pour piano (EA8363),
etc. Mais, c’est surtout par sa musique de film qu’il devint
célèbre aux oreilles du grand public avec
le thème du Pont de la rivière Kwai
(YB8552
- YB8553).
Malcolm Arnold, tout comme Ralph Vaughan Williams, ne dédaignait
pas de prêter son concours à Gérard
Hoffnung, promoteur, animateur et principal compositeur
d’un festival consacré à des plaisanteries
musicales et à des pastiches (GD1909
- GD1911
- GD1915)
Principal représentant de la musique
légère anglaise, Eric Coates (1886 - 1957)
privilégia toujours la ligne mélodique et
les couleurs orchestrales dans sa musique, créant
ainsi une sensation d’entrain et d’allégresse. La
radio contribua grandement à son succès en
utilisant quelques-unes de ses marches comme indicatif d’émissions
telle sa London Suite (EC6616).
Durant la Seconde Guerre mondiale, il sut insuffler à
sa musique une énergie apte à soutenir le
courage des travailleurs dans les ateliers et les usines.
Calling all the Workers (EC6616)
servit aussi de générique à l’émission
de la BBC : Music while you work. The Three
Elizabeths (EC6612)
est un hommage aux trois reines qui portèrent ce
prénom. Son activité de chef d’orchestre lui
permit de diffuser sa musique, il ne s’essaya jamais à
la composition de musiques de films préférant
les formes favorites de la musique légère
: la valse de concert, la fantaisie, la suite et la marche.
Malgré un canevas des plus simples, Coates arrive
à renouveler l’attention de son auditoire grâce
à sa riche imagination.
John Foulds (1880 - 1939) est un
musicien inclassable à la fois chercheur touchant
à des domaines spécialisés et, à
côté de ces recherches, compositeur de musique
légère. Ses pièces pour piano font
appel à des échelles modales de sept sons
: Essays in the Modes (EF7510)
et Hellas, a suite of Ancient Greece (EF7510).
Son intérêt pour l’Inde et sa musique donna
naissance à des pièces comme Three Mantras
(EF7510),
ce qui le rend comparable à Gustav Holst. Sa recherche
le mena à établir des correspondances entre
musique et peinture : Music-Pictures pour piano
(EF7516).
Dans un genre plus facile à écouter, ses musiques
de scènes dont Le Cabaret (EC7510)
et ses pièces de genre dont April-England
(EF7516)
font montre d’une grande maîtrise d’écriture
et d’un charme certain.
William
Walton >>